Roméo Bouchard prône la pluralité syndicale en agriculture
AGRICULTURE. > Auteur et cofondateur de l’Union paysanne, Roméo Bouchard estime que le modèle gestionnaire de l’Union des producteurs agricoles (UPA) n’a plus sa raison d’être.
Dans un essai intitulé <I>L’UPA : Un monopole qui a fait son temps<I>, Roméo Bouchard explique comment l’UPA est devenue, selon lui, le plus gros lobby du Québec. Il s’attaque de front à son statut de syndicat agricole unique et obligatoire.
«Nous avons déjà contesté le monopole syndical de l’UPA politiquement et juridiquement. Depuis des décennies, des agriculteurs sont pris dans une camisole de force, car l’UPA travaille seulement pour les gros producteurs industriels, au détriment de ceux faisant de la culture biologique et de proximité», pense M. Bouchard.
Il a lui-même été propriétaire d’une ferme aux multiples fonctions à Saint-Germain-de-Kamouraska, dans le Bas-Saint-Laurent. L’auteur dit que l’UPA cause des divisions entre des producteurs d’un même domaine.
«On n’a qu’à voir les conflits chez plusieurs acériculteurs ou les producteurs qui refusent de se faire imposer des quotas», rappelle-t-il.
Humanité
En vulgarisant à l’écrit l’historique de l’UPA et la création de l’Union paysanne, Roméo Bouchard veut sensibiliser le public au retour à une agriculture plus humaine au Québec.
«L’UPA protège son monopole et les politiciens ont peur de l’UPA. Outre le déficit démocratique du système, l’UPA a épousé le modèle d’une agriculture productiviste mondialisée», mentionne Roméo Bouchard.
En accord avec le maintien de la gestion de l’offre, celui-ci prône aussi l’autosuffisance alimentaire du Québec.
«En 1985, nous étions autosuffisants à 80 %. Aujourd’hui, c’est 30 % à cause de la fermeture de plusieurs petites fermes. La source du pouvoir de l’UPA, c’est la gestion des plans conjoints pour la mise en marché. Ils ont également du poids auprès des municipalités et MRC, en plus de la Régie des marchés agricoles et la Financière agricole», soutient Roméo Bouchard.
Malgré ses propos dénonciateurs, ce dernier ne souhaite pas l’élimination de l’UPA. Roméo Bouchard désire simplement que les agriculteurs puissent choisir leur syndicat, comme c’est le cas dans d’autres secteurs professionnels.
«Les agriculteurs n’ont pas tous les mêmes besoins et désirs en développement. C’est pourquoi je propose aussi des pistes de solutions dans mon livre sur ce sujet très complexe», précise Roméo Bouchard.
La préface du livre a été écrite par Jean Pronovost, président de l’Institut Jean-Garon qui a dirigé en 2008 la Commission sur l’avenir de l’agriculture et de l’agroalimentaire québécois. Celui-ci est en vente dans les librairies et magasins à grande surface.