Forte hausse des volumes de bois disponibles en forêt privée

FORÊT.  Les volumes de bois disponibles à récolte en forêt privée sont en hausse de 31 % dans la région de Chaudière-Appalaches, selon le plus récent calcul de possibilité forestière, dont les résultats ont été rendus disponibles en juin 2023.

Cette augmentation est attribuable à l’accroissement des volumes de bois sur pied dans les forêts privées du territoire qui se sont accrues de 41 % sur une période d’environ 10 ans. Ce sont principalement les volumes résineux qui sont en augmentation dans la région, observe Jean-Pierre Faucher, directeur de l’Agence de mise en valeur des forêts privées des Appalaches.

« C’est hors du commun. Habituellement, les hausses que l’on observait étaient plutôt de l’ordre de 9 ou 10 % entre nos inventaires forestiers. On regarde comment la forêt pousse pour chacune des essences, les résineux, les forêts mélangées, les feuillus ou les érablières. On regarde leur rendement et pouvons appliquer cela sur une période de 10 ans ce que la forêt nous donne en termes de croissance. »

Les observations sur le terrain démontrent une surabondance de forêts matures dans la région. Le groupe sapin-épinettes a une croissance supérieure et est abondant dans la région, indique M. Faucher.

Il ajoute que la récolte de bois dans la région est inférieure au volume disponible depuis plus de 10 ans, autre facteur qui contribue à ces résultats. « On ne bûche définitivement pas assez en forêt privée depuis 10 et même 20 ans. Nous avons aussi beaucoup trop de forêts matures, comparativement aux autres classes d’âge. Ce sont aussi les effets des aménagements forestiers des 50 dernières années (plantations) qui ont augmenté les rendements de nos forêts. Nous avons planté des arbres, réalisé des éclaircies. »

Nouvelles réalités

En 2022, le niveau de récolte a atteint 60 % de la possibilité forestière en Chaudière-Appalaches. La coupe est plus importante pour les essences résineuses et atteint actuellement un peu plus de 80 %.  « Nous avons pris un virage vers la récolte en 2015. Il y a un changement et davantage d’entrepreneurs dans la région et on le voit dans notre paysage. Néanmoins, nous avons du retard à rattraper sur l’aspect de la récolte », convient Jean-Pierre Faucher.

Pour lui, on se doit de garder des forêts matures, car elle emmagasine du carbone. Il y a moyen de couper du bois tout en gardant des écosystèmes efficaces au niveau environnemental. L’Agence note toutefois qu’advenant une épidémie de tordeuse de bourgeons de l’épinette, des volumes conjoncturels pourraient être récoltés afin de réduire les pertes de bois.

L’exploitation forestière vit aussi ses défis depuis quelques années, avec la baisse d’ouvriers sylvicoles, en raison de la pénurie de main-d’œuvre, comme dans tous les domaines, explique M. Faucher. Selon lui, il y aura inévitablement de la perte de bois. Le portrait des propriétaires de boisés a aussi changé, alors qu’il y a davantage de propriétaires qui ont des perspectives loisirs, plutôt que d’exploitation.

« On s’est tourné vers la récolte mécanisée, alors ça nécessite moins de personnel. Avant, les propriétaires venaient vers les conseillers forestiers, c’est moins le cas maintenant. Il y a des propriétaires qui ne veulent pas couper, c’est normal, sauf que l’on a maintenant un défi de convaincre les nouveaux propriétaires à faire des interventions sylvicoles. »