Des changements réclamés à l’assurance stabilisation
AGRICULTURE. Le président de l’UPA de Chaudière-Appalaches, James Allen, s’inquiète de la stabilité de certaines filières et évalue que des paramètres de l’Assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA) doivent être revus.
Depuis plusieurs mois, les producteurs agricoles doivent non seulement composer avec les coûts reliés à l’inflation, mais aussi avec la hausse prochaine du salaire minimum, raisons pour lesquelles ils réclament des modifications aux programmes d’aide gouvernementaux existants.
Certaines productions ont changé considérablement au cours des dernières années. On produit plus de lait qu’on en produisait il y a une dizaine d’années. Il y a moins de fermes, mais il se produit davantage de litres par jour, par exemple. On ne peut dire la même chose dans le bœuf et le porc.
La tendance observée dans la production porcine fait l’objet de bien des discussions dans les couloirs des installations. « Dans le bœuf au Québec, nous avons frôlé les 200 000 têtes il y a une vingtaine d’années, alors que nous sommes à 60 000 peut-être aujourd’hui. On a perdu plus d’un million de porcs annuellement à court terme. En Chaudière-Appalaches, on se demande si nous ne serons pas obligés de fermer des porcheries. Cette tendance nous inquiète beaucoup », indique M. Allen.
L’une des problématiques observées est celle des producteurs porcins qui sont en affaires depuis plusieurs années. « Le producteur dont les installations sont payées, qui est près de la retraite et qui doit garder les animaux longtemps, leur poids devient problématique et ce ne sont pas tous les producteurs qui sont prêts à réinvestir pour composer avec cette situation. Certains choisissent d’abandonner plutôt que de le faire. »
Des critiques vers Olymel
M. Allen estime, par ailleurs, que trop d’argent est versé par l’État en raison du modèle de l’industrie du porc à l’heure actuelle. La façon de faire d’Olymel, qui contrôle près de 80 % de la production québécoise du porc, y est pour quelque chose, à son avis. Pour 2022, l’assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA) de la Financière agricole du Québec pourrait avoir versé plus de 140 M$ aux éleveurs de porcs, dont près de 100 M$ qui proviendraient des contribuables, contre un tiers des producteurs.
« Le traitement qu’ils imposent aux producteurs tient compte de la présence de l’assurance stabilisation. Parce qu’ils ne sont pas efficaces, c’est l’ensemble de la population et les producteurs qui payent pour ça. »
L’ASRA ne s’est pas actualisée au cours des dernières années, déplore également M. Allen. « Les producteurs passent davantage de temps en gestion que dans le passé. On ne l’entend pas dans nos instances, mais quand on se promène de ferme en ferme, ça fait partie des échanges. »
La modulation souhaitée par les producteurs est basée sur le temps consacré à certaines tâches ouvrières, et d’autres nécessaires sur la gestion d’une entreprise agricole. « Ça se fait généralement aux cinq ans. Un producteur est souvent multitâche. Il est parfois mécanicien ou plombier et le taux horaire de ces tâches (salaire ouvrier spécialisé) n’est pas le même que pour la gestion qui est beaucoup plus élevé. Comme les producteurs font davantage de gestion qu’il y a dix ans, le salaire devrait être actualisé et l’assurance modulée », dit-il en ajoutant que la Financière agricole du -Québec semble avoir accepté le principe, mais que le dossier tarde à cheminer au ministère de l’Agriculture.