Que sont devenus les officiers de la GRC en poste lors de la tuerie en N.-É. ?

HALIFAX — Alors que la commission d’enquête publique sur la tuerie de 2020 en Nouvelle-Écosse s’apprête à publier jeudi son rapport final, ses conclusions ne manqueront pas de recentrer les projecteurs sur la réponse, critiquée, de la GRC à ce déchaînement qui a coûté la vie à 22 personnes sur une période de 13 heures.

Près de trois ans après qu’un homme déguisé en policier de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) a commencé à assassiner des gens à Portapique, au soir du 18 avril 2020, les officiers supérieurs et le personnel de la police fédérale impliqués dans les opérations ont pris leur retraite ou changé de fonctions.

Ainsi, Christopher Schneider, professeur de sociologie à l’Université de Brandon, au Manitoba, affirme qu’il n’y a aucune garantie que les conclusions de l’enquête auront beaucoup d’impact sur l’état-major de la GRC. «Compte tenu de la gravité de la situation et du nombre de personnes qui ont perdu la vie (…), la GRC aurait pu, à tout le moins, rétrograder ou infliger une sorte de sanction pour montrer au public qu’elle prenait cela au sérieux», soumet le professeur Schneider, qui a publié de nombreux articles sur les questions policières.

La commission d’enquête, qui a entamé ses audiences publiques en février 2022, doit publier ses rapports finaux et ses recommandations jeudi. Voici un aperçu du rôle joué par les officiers supérieurs et le personnel de la GRC autour de ce drame et leur parcours professionnel depuis.

La commissaire Brenda Lucki, commandante de la GRC

À l’époque: en tant que cheffe de la police nationale, Mme Lucki a attiré l’attention nationale le 19 avril 2020, lorsqu’elle a éclipsé des officiers subalternes en Nouvelle-Écosse en révélant qu’au moins 17 personnes avaient été tuées par le tireur solitaire —  un nombre qui était nettement plus élevé que ce que la police avait d’abord confirmé.

Mme Lucki était de retour sous les projecteurs en juin dernier, lorsque la commission d’enquête a publié les notes d’une réunion interne de la GRC tenue le 28 avril 2020. Selon les notes manuscrites du surintendant Darren Campbell, Mme Lucki avait promis au premier ministre Justin Trudeau que la GRC publierait une description des armes utilisées par le tueur, parce que cette information «était liée au projet de loi à l’étude [à Ottawa] sur le contrôle des armes à feu».

Mme Lucki a été accusée d’interférer dans une enquête policière, ce qu’elle a nié.

Le 25 août, elle s’est excusée pour l’échec de la GRC à répondre aux attentes du public pendant et après la tuerie.

Où est-elle maintenant? Mme Lucki a pris sa retraite de la GRC le 17 mars dernier.

La commissaire adjointe Lee Bergerman, commandante de la GRC en Nouvelle-Écosse

En juin 2020, Mme Bergerman a été la première officière de la GRC à parler au public de la tuerie, lors d’une conférence de presse télévisée le dimanche 19 avril 2020.

En juillet 2021, elle a été visée par des allégations de conflit d’intérêts potentiel, après que son mari, le sergent d’état-major à la retraite de la GRC Mike Butcher, a été contraint de démissionner d’une équipe interne de la GRC chargée de fournir des informations à l’enquête.

Le 23 août 2022, Mme Bergerman a déclaré à la commission que la GRC devrait mieux communiquer avec le public et en savoir plus sur les communautés qu’elle dessert.

Où est-elle maintenant? Mme Bergerman a pris sa retraite de la GRC en octobre 2021, après 35 ans de service.

Le surintendant Chris Leather, officier des opérations criminelles de la GRC en Nouvelle-Écosse

À l’époque: M. Leather se tenait aux côtés de Mme Bergerman, sa patronne, lorsque la GRC a tenu sa première conférence de presse après le massacre, et il a répondu aux questions les jours suivants. Mais l’enquête a déterminé que les déclarations initiales de la GRC au public étaient truffées d’erreurs, de confusion et d’omissions.

C’est M. Leather qui a dit aux Canadiens que «plus de 10» personnes étaient mortes aux mains du tireur, même si la GRC savait à ce moment-là que le nombre réel était de 17.

Pendant des jours, d’autres officiers et lui ont caché d’autres informations clés au public, y compris les noms des victimes et des détails de base concernant les armes utilisées par le tueur — des informations que les hauts responsables de la GRC à Ottawa avaient demandé à divulguer.

Où est-il maintenant? M. Leather est devenu commandant par intérim de la GRC en Nouvelle-Écosse après le départ de Mme Bergerman, mais il est revenu à son poste précédent en mai 2022. Trois mois plus tard, il s’est joint à une équipe de modernisation de la police fédérale au quartier général de la GRC à Ottawa.

Lia Scanlan, directrice des communications stratégiques de la GRC en Nouvelle-Écosse

À l’époque: Mme Scanlan était responsable de la façon dont la GRC communiquait avec le public pendant et après la tuerie.

Lors de son témoignage devant la commission, elle a fondu en larmes en admettant que les pratiques peu claires utilisées par son équipe pour alerter le public avaient entraîné de la confusion et des retards cruciaux dans les opérations.

Elle a confirmé que le premier message sur Twitter de la GRC sur les événements de Portapique, le soir du 18 avril 2020, était inexact, car il décrivait ce qui se passait comme une «plainte relative aux armes à feu», alors que la GRC savait qu’au moins trois personnes avaient été tuées par balles.

Mme Scanlan a également confirmé qu’il y avait eu des retards inacceptables dans l’alerte au public sur le fait que le tueur conduisait une voiture qui ressemblait en tous points à une autopatrouille de la GRC.

Où est-elle maintenant? Mme Scanlan assume depuis janvier 2022 le rôle de conseillère stratégique au commandement de la GRC de la Nouvelle-Écosse.