Les centrales au charbon en Saskatchewan seraient illégales en 2030, selon Guilbeault

OTTAWA — La Saskatchewan serait dans l’illégalité si elle continuait de faire fonctionner ses centrales au charbon en 2030, à moins que les gaz émis ne soient captés et stockés, a prévenu mercredi le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault.

Des réglementations fédérales adoptées en 2018 stipulent que d’ici 2030, toute centrale au charbon doit être fermée, convertie au gaz naturel ou équipée de systèmes de séquestration du carbone.

La stratégie climatique du Canada vise à mettre en place un réseau électrique carboneutre d’ici 2035, et le gouvernement prévoit créer des régulations contraignantes plus tard cette année.

La stratégie, publiée l’an dernier, suggère que d’ici 2035, toute l’électricité produite devra provenir de sources renouvelables ― hydrauliques, nucléaires, éoliennes ou solaires ― ou être contrebalancée par des mesures de capture et de stockage de carbone.

Les centrales au charbon, elles, devront répondre à ces critères dès 2030.

Mais le premier ministre de la Saskatchewan, Scott Moe, a affirmé mardi que sa province ne peut pas à la fois souscrire aux règles fédérales et avoir de l’électricité abordable. Il propose plutôt d’atteindre la carboneutralité en 2050, soit 15 ans après la cible fédérale.

Il prévoit aussi que trois centrales au charbon restent en activité pour toute leur durée de vie utile, donc jusqu’en 2033, 2042 et 2044.

«Nous avons introduit cette législation sous la Loi canadienne sur la protection de l’environnement, a souligné le ministre Guilbeault. Donc, désobéir à ce règlement serait une violation du Code criminel canadien.»

Mais le premier ministre Moe a fait valoir mardi que les provinces ont juridiction sur l’électricité, et qu’il ne s’attendait donc pas à ce que la question de la planification du réseau électrique se retrouve devant les tribunaux.

M. Guilbeault soutient que les règlements ne sont pas encore finalisés, et qu’il est donc prématuré pour M. Moe d’insister que sa province ne pourra pas les atteindre.

Il a aussi souligné que de plus en plus de compagnies souhaitent investir dans des endroits qui ont de l’énergie propre, citant Volkswagen et sa future usine de batteries pour véhicules électriques en Ontario.

«Si nous voulons être compétitifs dans l’économie du 21e siècle, nous devons décarboniser notre réseau», a-t-il dit.

Les émissions à effet de serre provenant de la production d’électricité ont été réduites de plus de moitié entre 2005 et 2021 au Canada. Elles représentent maintenant moins de 8 % des émissions totales du pays.

Mais la Saskatchewan produit encore 40 % de son électricité à partir du charbon, et 44 % à partir de gaz naturel. En Alberta, on compte 30 % provenant du charbon et 54 % du gaz naturel.

Les deux provinces ont à plusieurs reprises contesté devant les tribunaux les politiques climatiques fédérales, notamment la tarification du carbone.

La Cour suprême a statué qu’Ottawa a l’autorité d’imposer ces lois, étant donné que les changements climatiques constituent une menace sérieuse et que les émissions de gaz carbonique ne sont pas confinées aux frontières des provinces.