L’enquête sur l’embuscade mortelle dans l’est de l’Ontario se poursuit

BOURGET, Ont. — Au lendemain de la fusillade qui a coûté la vie à un policier, en plus d’en blesser sérieusement deux autres, dans le village de Bourget, en Ontario, l’heure était à la recherche de preuves vendredi. Les enquêteurs souhaitent mieux comprendre ce qui s’est produit lors de cette «embuscade» tendue à trois des leurs.

Le sergent Eric Mueller, de la Police provinciale de l’Ontario, est décédé à l’hôpital tôt jeudi à la suite d’une intervention dans cette petite communauté située à environ 50 kilomètres à l’est d’Ottawa.

Le suspect dans cette histoire, Alain Bellefeuille, a été arrêté rapidement après la fusillade. Le résident de 39 ans de Bourget a déjà été accusé d’un chef d’accusation de meurtre au premier degré, en plus de deux tentatives de meurtre, et doit comparaître jeudi au palais de justice de L’Orignal, toujours en Ontario.

Malgré tout, l’enquête policière se poursuivait vendredi à Bourget. De nombreuses voitures de police étaient stationnées près de la résidence où s’est produite la fusillade et des agents ont fait des allers-retours dans la maison pendant une partie de la journée.

Un périmètre de sécurité était toujours en place à certains endroits, tandis que les policiers poursuivaient leur porte-à-porte pour recueillir des témoignages.

Devant sa maison, Veronique Poirier-Larabie a installé quelques fleurs colorées, en plus d’écrire le nom du sergent Mueller sur une de ses fenêtres.

«Je ne le connaissais pas, mais il mérite qu’on se souvienne de lui», a-t-elle mentionné au passage de La Presse Canadienne.

«C’est venu me chercher. J’ai pleuré», a avoué celle qui a déménagé à Bourget il y a à peine un mois dans l’espoir de trouver un endroit plus calme qu’Ottawa, où elle habitait auparavant.

Mme Poirier-Larabie a souligné que la tragédie de jeudi a poussé la petite communauté à prendre soin les uns les autres et à vérifier que tout le monde allait bien.

«Personne ne s’attend à ce que quelque chose comme ça arrive. Je pense que ça nous a rapprochés un peu», a-t-elle dit.

Mme Poirier-Larabie et plusieurs autres résidents rencontrés sur place ont indiqué ne pas connaître l’auteur présumé de la fusillade.

Le commissaire de la Police provinciale de l’Ontario, Thomas Carrique, a assuré que les enquêteurs examineront de fond en comble le passé d’Alain Bellefeuille afin de bien savoir à qui ils ont affaire.

Le ministère du Procureur général de l’Ontario a cependant fait savoir qu’il n’avait pas trouvé de dossiers judiciaires antérieurs au nom du suspect.

La police avait confirmé jeudi avoir retrouvé une arme longue sur les lieux de la fusillade.

Pris en embuscade

En point de presse, jeudi, le commissaire Carrique a affirmé que les trois policiers qui ont été impliqués dans cette intervention ont été «pris en embuscade» dès leur arrivée à la résidence.

Ils avaient été appelés à se rendre sur les lieux au milieu de la nuit lorsqu’un citoyen a rapporté avoir entendu un coup de feu. Juste avant d’entrer, les agents ont demandé des renforts — ce qui a permis l’arrestation du suspect.

Jeudi après-midi, l’un des deux agents blessés était toujours dans un état critique à l’hôpital, tandis que l’autre avait reçu son congé. La police n’a pas fourni de mise à jour sur leur état de santé vendredi.

Quant au sergent Mueller, qui comptait plus de 20 ans d’expérience dans les forces de l’ordre, ses collègues ont parlé de lui comme d’un mentor.

Selon des documents consultés par La Presse Canadienne, il avait déjà été blessé en service plus tôt dans sa carrière.

En 2008, il a dû subir trois opérations et passer plusieurs mois en rééducation pour une jambe cassée après avoir été écrasé sur le côté de sa voiture de patrouille par un camion semi-remorque lors d’une arrestation qui a mal tourné.

Le conducteur, recherché par la police, avait en effet tenté de s’enfuir lorsque le sergent Mueller et d’autres agents l’ont arrêté sur une bretelle de sortie d’autoroute, selon un jugement rendu en 2010.

Cette fin de semaine, un livre de condoléances sera mis à la disposition de la population au centre communautaire de Bourget et à l’hôtel de ville de Rockland.

Le sergent Mueller est le cinquième policier tué en service depuis septembre en Ontario. Jeudi, le premier ministre Justin Trudeau a assuré qu’il travaillait déjà avec ses ministres afin de trouver des façons de mieux protéger les policiers.