Le syndicat de la fonction publique intensifiera les piquets de grève dès lundi

OTTAWA — Le plus grand syndicat de la fonction publique fédérale du Canada se prépare à intensifier sa grève en déplaçant lundi les piquets de grève vers des endroits stratégiques comme les ports, alors que les deux parties continuent de s’accuser de mauvaise communication.

Lors d’une entrevue accordée dimanche à La Presse Canadienne, le président national de l’Alliance de la fonction publique du Canada, Chris Aylward, a affirmé que les fonctionnaires doivent influer davantage sur l’économie pour pousser Ottawa à trouver une solution.

«Nous tentons d’avoir des lignes de piquetage à travers le pays, dans des endroits stratégiques où cela va affecter le gouvernement, et nous allons faire escalader ces actions (…) que ce soit dans des ports à travers le pays ou quelque chose du genre», a-t-il prévenu.

«Cela a un impact très large sur les Canadiens et sur l’économie canadienne également, parce que les importations et les exportations sont retardées et perturbées», a-t-il ajouté, assurant que les syndiqués tentent «de passer au travers de cela aussi rapidement que possible».

Jusqu’à présent, les lignes de piquetage ont été largement confinées aux édifices gouvernementaux, aux bureaux de circonscription et à la Colline du Parlement.

Cela fait maintenant cinq jours que se déroule l’une des plus grandes grèves au Canada. Plus de 100 000 membres du syndicat ont cessé de travailler mercredi à la suite de l’échec des négociations contractuelles après des mois de négociations.

M. Aylward a fait savoir qu’Ottawa a présenté samedi un ensemble de propositions à laquelle le syndicat a répondu plus tard dans la journée.

Il a soutenu que le gouvernement n’avait pas encore répondu en date de dimanche après-midi. Pourtant, le bureau de la présidente du Conseil du Trésor, Mona Fortier, affirme avoir soumis une seconde offre samedi à 20h30 et est en attente de réponse.

«Le gouvernement reconnaît et respecte le droit des membres de l’AFPC de faire la grève», a écrit la porte-parole de la ministre Monica Granados dans un courriel.

M. Aylward a par la suite confirmé que le gouvernement avait envoyé une réponse samedi soir, mais a soutenu que la seconde proposition ne concernait pas les négociations sur le salaire ― un des enjeux principaux du conflit.

L’implication de Justin Trudeau réclamée

Les trois principales priorités du syndicat sont les salaires, le télétravail et la sécurité d’emploi.

«Nous sommes parvenus à un accord sur certaines des autres questions, comme la formation obligatoire contre le racisme et la discrimination sur le lieu de travail. Mais pour les trois principaux enjeux, aucun accord n’a encore été conclu», a-t-il souligné.

Le syndicat fait pression pour obtenir des augmentations annuelles de 4,5 % pendant trois ans, remontant à 2021. Le Conseil du trésor a plutôt offert au syndicat une augmentation de 9 % sur trois ans, sur recommandation de la Commission de l’intérêt public.

Selon M. Aylward, «lorsque le gouvernement fédéral réprime les salaires de ses propres employés, tout ce qu’il fait, c’est réprimer les salaires de tous les travailleurs à travers le pays».

Il a fait valoir que l’escalade dans les négociations démontre que le premier ministre Justin Trudeau doit s’impliquer dans les pourparlers.

«Il est le seul à pouvoir vraiment, à ce stade, résoudre certains de ces problèmes clés», a-t-il plaidé.