Le gouvernement veut savoir pourquoi il n’a pas été informé des menaces contre Chong

OTTAWA — Le gouvernement fédéral poursuit son enquête sur les raisons pour lesquelles aucun ministre n’aurait été mis au courant des menaces des autorités chinoises contre le député conservateur Michael Chong, a indiqué le ministre de la Sécurité publique Marco Mendicino.

S’adressant aux journalistes en marge du congrès politique libéral à Ottawa, il a déclaré que la possibilité de tenir quelqu’un responsable de cette décision restait «à l’étude».

M. Mendicino soutient qu’il est également important de connaître les raisons pour lesquelles cette information n’avait pas été remise à son prédécesseur Bill Blair, au premier ministre Justin Trudeau ou à M. Chong lui-même.

Le gouvernement a maintenant clairement indiqué au Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) que tout renseignement lié aux parlementaires doit être transmis à la fois au premier ministre et au ministre de la Sécurité publique, quelle que soit la confiance de l’agence d’espionnage dans l’information.

Michael Chong n’a découvert que la semaine dernière après un reportage dans le Globe and Mail que le SCRS avait des informations en 2021 selon lesquelles le gouvernement chinois cherchait des moyens de l’intimider, ainsi que sa famille élargie à Hong Kong. 

M. Chong avait parrainé une motion à la Chambre des communes qualifiant de génocide le traitement réservé par Pékin aux musulmans ouïghours dans la province chinoise du Xinjiang,

Justin Trudeau a déclaré que le SCRS n’avait informé personne en dehors de l’agence d’espionnage des informations dont il disposait sur les menaces, mais M. Chong a appris que le conseiller à la sécurité nationale en avait été avisé il y a deux ans.

Le premier ministre et l’ancien ministre Bill Blair maintiennent qu’ils n’ont jamais été mis au courant. 

Le ministre Mendicino estime que c’est un «sérieux problème» que ni M. Blair ni M. Trudeau n’aient été mis au fait de la situation par le SCRS.

La révélation sur M. Chong est la dernière d’une série de tentatives d’ingérence étrangère prétendument faites par le gouvernement chinois au Canada ces dernières années, y compris des efforts pour influencer les résultats des élections fédérales de 2019 et 2021.

Tous les partis politiques ont convenu que toute tentative d’ingérence n’affecterait pas le résultat final de ces élections, mais M. Trudeau a nommé un rapporteur spécial pour creuser ce qui s’est passé et comment le Canada a et devrait réagir.

L’ancien gouverneur général David Johnston, qui a été nommé à ce poste, doit décider dans environ trois semaines si une enquête publique est nécessaire et rendre compte de toutes ses conclusions d’ici l’automne.

Les partis de l’opposition souhaitent aller de l’avant avec une enquête publique.

La Chine nie tout, y compris les allégations selon lesquelles l’un de ses diplomates basés à Toronto aurait tenté de lancer une campagne d’intimidation contre M. Chong et sa famille.

«Nous déplorons et rejetons la diffamation sans fondement de la partie canadienne sur la mission diplomatique et consulaire chinoise au Canada, qui ne fait que remplir ses fonctions», a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Mao Ning, selon une traduction du gouvernement chinois.

M. Mendicino a indiqué que la priorité du Canada est de déterminer quelles sanctions devraient être prises contre la représentation chinoise au pays, y compris la possibilité d’expulser des diplomates. Mais aucune décision n’a encore été prise alors que le gouvernement fédéral évalue ses capacités en vertu des conventions internationales et les conséquences possibles de l’expulsion de diplomates.

«Au sommet de cette hiérarchie des priorités se trouve la nécessité de tenir ceux qui animent et orchestrent l’ingérence étrangère responsables de ces actions», a-t-il déclaré.

Jeudi, la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a convoqué l’ambassadeur de Chine pour discuter des allégations.

M. Mendicino a dit qu’il rejetait toute accusation des conservateurs selon laquelle le gouvernement ne prenait pas cette question au sérieux, et a fait valoir qu’il était essentiel de maintenir la rhétorique politique autour de l’ingérence étrangère à un niveau bas pour s’assurer que la Chine ou tout autre acteur étranger ne pense pas que les tentatives d’ingérence au Canada vont fonctionner. 

«Le but de l’ingérence étrangère est de saper notre démocratie, et si on politise ce débat et suggère ou attaque une sorte de mauvais motif, on alimente cela», a-t-il expliqué. 

Il a assuré que l’ingérence étrangère ne fonctionne pas maintenant et ne fonctionnerait pas non plus dans le futur. «Et ceux qui orchestrent ces activités d’ingérence étrangère doivent savoir qu’ils ne réussiront pas.»