Le comité sur les espèces vulnérables et menacées du Québec reprend du service

MONTRÉAL — Le Comité aviseur sur les espèces fauniques menacées ou vulnérables du Québec reprendra son travail après cinq ans d’inactivité, a annoncé ce week-end le ministre québécois de l’Environnement, Benoit Charette.

Le groupe étudie les animaux qui se situent déjà dans la liste des espèces susceptibles d’être désignées comme menacées ou vulnérables et recommande au gouvernement de leur accorder ce statut.

«La dernière rencontre date quand même de 2017», a souligné M. Charette en entrevue téléphonique. La dernière fois où des espèces ont été ajoutées remonte à 2009, sous le gouvernement libéral de Jean Charest.

Trois nouveaux membres s’ajoutent pour combler les sièges vacants du comité, soit la professeure en écologie terrestre à l’Université de Sherbrooke Fanie Pelletier, la chercheuse en écologie animale Joanie Van de Walle et le chercheur au Centre de foresterie des Laurentides Christian Hébert.

Il s’agit là d’une promesse que le ministre Charette avait faite en décembre, quelques jours avant la tenue de la COP15 à Montréal. Il avait aussi annoncé que 27 espèces s’ajouteraient bientôt à la liste, ce qui est toujours en cours de réalisation.

La présidente de l’organisme Nature Québec, Louise Gratton, a qualifié le retour du comité d’«excellente nouvelle». «Il était temps!», s’est-elle exclamée en entrevue téléphonique, rappelant que seulement 38 animaux ont le statut d’espèces vulnérables ou menacées.

Les espèces menacées, dont la disparition est redoutée, sont notamment des poissons comme le chevalier cuivré, des oiseaux comme le pluvier siffleur et des mammifères comme le caribou montagnard et le béluga. Chez les espèces vulnérables, dont la survie est jugée précaire, mais dont la disparition n’est pas redoutée à court terme, on compte entre autres l’ours blanc, la rainette faux-grillon de l’Ouest et l’aigle royal.

Mme Gratton a dit espérer «que ça aille assez rondement», alors que 115 espèces attendent leur tour pour être évaluées.

«Nous allons laisser les membres du comité travailler, mais on peut s’attendre à ce qu’il y ait une mise à jour de cette liste-là au courant des prochains mois», a indiqué le ministre Charette.

Des actions concrètes

Quand une espèce est déclarée menacée ou vulnérable, on documente son habitat et celui-ci est pris en considération lors de l’approbation de projets à cet endroit.

«Souvent, ce sont des mesures de mitigation, des mesures d’appui pour assurer que l’espèce puisse être en partie ou sinon complètement protégée, a expliqué le ministre Charette. Ça rend disponibles des programmes gouvernementaux ou même de l’appui financier dans certains cas.» Il a aussi cité des efforts de sensibilisation et d’éducation au sujet des espèces concernées.

Mais Mme Gratton pense que la responsabilité de protéger les espèces devrait être plus concrètement énoncée dans la loi. «Désigner des espèces, c’est une chose, mais après ça, il faut être capable de mettre en place les mesures qui permettent de les protéger. La loi nous permet de le faire, mais on voit qu’à l’occasion le gouvernement hésite à protéger certaines espèces.»

Ainsi, Nature Québec demande qu’on modifie la Loi sur les espèces menacées et vulnérables, la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune et le Règlement sur les habitats fauniques «de façon à ce que le ou la ministre responsable ait non seulement le pouvoir de les appliquer, mais qu’il ou qu’elle ait aussi l’obligation d’exercer les responsabilités que ces lois lui confèrent».