Le Children inaugure son Centre de simulation pédiatrique

MONTRÉAL — «Code bleu à l’atrium P.K. Subban. Code bleu à l’atrium P.K. Subban.»

L’alerte est lancée dans les haut-parleurs de l’Hôpital de Montréal pour enfants. À seulement quelques mètres de nous, une maman désemparée appelle à l’aide en pleurant: son bébé d’un an a été soudainement pris d’un malaise en mangeant.

Rapidement une équipe médicale accourt. Un chariot spécialisé pour la réanimation est amené sur place. L’enfant est pris en charge. L’émotion est palpable, la vie du bambin est en danger, mais tous restent calmes et communiquent clairement, même si un appareil qui sonne en continu ajoute au sentiment d’urgence. Chacun connaît son rôle.

Une fois stabilisé, l’enfant est transféré à l’urgence et une autre équipe prend le relais. On diagnostique un choc anaphylactique sévère. On administre les médicaments nécessaires et le bébé est intubé pour lui permettre de respirer. La pression retombe un peu. Le petit patient est sauvé.

La simulation prend fin sous les applaudissements des observateurs. La docteure Ilana Bank, la directrice médicale du Centre de simulation pédiatrique de l’Hôpital de Montréal pour enfants, a observé toute la scène en prenant des notes. Elle réunit autour d’elle pour un débreffage l’équipe multidisciplinaire qui est intervenue.

Qu’avons-nous fait de bien? demande-t-elle aux participants. Qu’est-ce qu’on pourrait améliorer la prochaine fois? Y a-t-il des choses que vous avez remarquées dont on devrait discuter?

C’est dans ce contexte que l’hôpital pédiatrique montréalais a inauguré mercredi son Centre de simulation pédiatrique. Il s’agirait de l’un des rares centres de simulation de classe mondiale à proposer de la formation directement dans des environnements réels de soins pédiatriques.

Plus besoin pour le personnel médical de se déplacer à l’extérieur de l’hôpital pour réaliser des simulations: le tout se fait directement sur place, sur les étages et dans les cliniques où les situations véritables sont susceptibles de se produire.

«L’idée, c’est de faire une simulation qui est vraiment comme la vraie vie, pour qu’on puisse pratiquer et travailler toutes les choses dans la vraie vie, pour que quand on a les patients qui entrent, qu’on soit confortables pour en prendre soin», a résumé la docteure Bank lors d’une courte conversation avec La Presse Canadienne en marge de cette inauguration.

Chaque seconde compte

Chaque seconde compte dans une situation d’urgence. Chaque seconde pourra faire la différence entre un patient qui survit et un patient qui décède, ou encore entre un patient qui s’en tire sans séquelles et un patient qui reste hypothéqué.

Le simple fait, par exemple, de trouver les médicaments nécessaires exactement au même endroit lors de la situation réelle que lors de la simulation pourra faire toute la différence.

«Ça change tout», a dit la docteure Bank.

La mission du Centre est de proposer des formations interprofessionnelles conçues pour refléter les situations de la vie réelle, des scénarios les plus rares aux plus fréquents. Son objectif est aussi d’innover, de diffuser les plus récentes connaissances et de générer des sujets de recherche.

Le Centre permet entre autres de simuler des traumatismes, des soins chirurgicaux, des soins médicaux et différents exercices de réanimation. Il permet aussi de se préparer aux catastrophes et de mettre à l’épreuve de nouveaux protocoles avant qu’ils ne soient transférés vers les patients.

Le Centre de simulation pédiatrique est notamment composé d’une unité mobile pour faciliter la tenue de séances éducatives dans les aires réelles de soins aux patients de l’hôpital et de mannequins de tailles et d’âges différents pour refléter la population pédiatrique.

Une équipe se consacre maintenant à temps plein à l’organisation des simulations et dispose de ses propres locaux dans les murs de l’hôpital.

Le projet est bien accueilli par le personnel de l’hôpital, qui en saisit toute l’utilité et toute la pertinence, a assuré la docteure Bank, qui a d’ailleurs attribué l’efficacité manifeste de l’équipe lors de la simulation au fait que l’intervention avait été simulée et pratiquée à de nombreuses reprises.

«Ils savent que c’est très important, ils savent que ça change des vies, ils savent que ça améliore leur travail, a-t-elle dit. Alors pour nous, maintenant, ce n’est pas un grand défi d’avoir des personnes qui travaillent ensemble pour faire une simulation dans leur propre unité.»

Les simulations favorisent le développement de nouvelles compétences, le travail d’équipe, la résolution de problèmes, la prise de décisions dans un contexte parfois stressant et les soins axés sur le patient et sa famille, ainsi que l’amélioration des résultats cliniques, a-t-on expliqué par voie de communiqué.

«Je ne suis pas infirmière, je suis médecin, a dit la docteure Bank. Mais je demande toujours des choses aux infirmières, alors on doit pratiquer notre communication. C’est très important. Elles vont faire leur propre travail, et moi je vais faire mon propre travail dans notre propre environnement pour que demain, si on a un patient exactement comme ça, on saura ce qu’on doit faire. On saura comment communiquer, on connaîtra les problèmes et on aura déjà trouvé les solutions.»