La visite de Biden démontre l’importance du Canada, selon l’ambassadeur américain

WASHINGTON — La visite du président américain Joe Biden au Canada est un «retentissant succès» et un triomphe pour la relation entre les deux pays, selon l’ambassadeur américain David Cohen.

M. Biden a obtenu ce qu’il voulait sur plusieurs questions, notamment un échéancier concret pour la modernisation du Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord (NORAD), des progrès sur l’enjeu des minéraux critiques et des signes que les deux pays sont de plus en plus alignés au sujet de la Chine, a expliqué l’ambassadeur.

Ces engagements envers le NORAD incluent un plan de 7 milliards $, pour notamment mettre en place un nouveau système radar transhorizon au cours des cinq prochaines années, à temps pour que le Canada accueille ses nouveaux chasseurs F-35.

Le Canada a également promis que d’autres améliorations du NORAD, y compris un investissement de 7,3 milliards $ pour les emplacements d’opérations avancés dans le Nord du pays, seront prêtes pour l’inauguration d’ici 2034 de la nouvelle flotte de jets.

Les deux pays ont également présenté vendredi une vision ambitieuse pour une chaîne d’approvisionnement robuste et fiable en minéraux critiques, qui sont des ingrédients vitaux pour la fabrication de véhicules électriques, de semi-conducteurs et d’armements modernes.

Lors d’une conférence de presse conjointe avec le premier ministre Justin Trudeau, cependant, M. Biden a semblé suggérer que le Canada n’avait aucune ambition pour sa richesse en minéraux critiques au-delà de l’extraction et de l’exportation, ce qui a causé plusieurs haussements de sourcils.

«Nous n’avons pas les minerais à exploiter; vous pouvez les exploiter, a dit le président américain. Vous ne voulez pas (…) les transformer en produit. Nous le faisons.»

M. Cohen a minimisé cette remarque, la qualifiant d’effort maladroit pour illustrer à quel point les deux économies sont compatibles.

«Le Canada possède des minéraux critiques que les États-Unis n’ont pas, a-t-il soutenu. Par conséquent, la participation canadienne à la chaîne d’approvisionnement des minéraux critiques est une évidence.»

Mais l’un des effets les plus immédiats de la visite de M. Biden a sans doute été la fermeture du jour au lendemain de la frontière canado-américaine aux demandeurs d’asile en direction du nord.

Cela fait partie d’une vision américaine plus large qui vise à résoudre le problème beaucoup plus vaste de la migration irrégulière sur le continent et dans le monde, a déclaré M. Cohen.

«Mais c’est un enjeu très complexe, pense-t-il, ce n’est pas aussi simple qu’une politique consistant à dire : ‘Nous allons accorder l’asile à tous ceux qui le demandent.’»

Selon lui, la visite de vendredi a également contribué à émousser la perception américaine selon laquelle le Canada représente un potentiel maillon faible dans les efforts visant à présenter un front uni face à la Chine.

«Le Canada a traditionnellement eu une relation légèrement plus amicale avec la Chine que les États-Unis», a-t-il expliqué.

Tout cela a semblé changer radicalement avec la détention à saveur politique de Michael Kovrig et Michael Spavor, arrêtés en Chine en 2018, qui ont finalement été libérés en septembre 2021.

Un sujet sur lequel M. Biden n’a pas eu gain de cause est celui de la situation en Haïti. La nation caribéenne appauvrie et sans chef d’État est soumise à la violence de bandes armées depuis l’assassinat en 2021 du président Jovenel Moïse.

Le Canada s’est engagé à verser 100 millions $ en nouvelle aide pour soutenir la Police nationale d’Haïti, mais s’est abstenu de s’engager dans une quelconque intervention militaire, insistant sur le fait que le pays a besoin de solutions locales à la crise.

Les États-Unis n’abandonnent pas l’idée d’une intervention, qu’elle implique ou non le Canada, a déclaré dimanche sur CBC le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain, John Kirby.