Incendie dans le Vieux-Montréal: un deuxième corps extirpé des décombres

MONTRÉAL — Un deuxième corps a été sorti des décombres de l’immeuble du Vieux-Montréal qui a été ravagé par un incendie, a annoncé le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), mardi en début de soirée. 

Les membres du groupe de sauvetage technique du Service de sécurité incendie de Montréal (SIM) ont trouvé la victime alors qu’ils poursuivaient leurs recherches à l’aide d’une nacelle à l’intérieur du bâtiment.  

Le corps a été confié aux pathologistes du Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale afin que l’identité de la personne puisse être confirmée, explique l’agent Julien Lévesque, du SPVM.  

Plus tôt mardi,la famille et les amis des victimes présumées de l’incendie meurtrier faisaient face à une attente angoissante de réponses, alors qu’une équipe de récupération s’efforçait d’entrer dans la coquille carbonisée de l’immeuble. 

Un corps avait déjà été retrouvé, dimanche. Six personnes étaient encore portées disparues mardi ; on ignore si le deuxième corps est celui d’une des personnes manquant à l’appel. 

Yukun Zeng a déclaré que l’attente pour savoir ce qui était arrivé à son ami An Wu était «tellement déchirante».

«J’ai également parlé avec d’autres amis et d’autres parents d’An, nous ne comprenons toujours pas pourquoi cela prend autant de temps», a-t-il déclaré aux journalistes près du bâtiment. 

Bien qu’il comprenne que l’enquête est complexe, il ne voit pas pourquoi la police ne partage pas davantage ce qu’elle fait.

Mme Wu est l’une des six personnes portées disparues après qu’un incendie a ravagé jeudi un bâtiment historique du Vieux-Montréal. Le corps d’une femme a été retrouvé, mais elle n’a pas été identifiée.

M. Zeng a décrit Mme Wu comme une neuroscientifique effectuant des travaux postdoctoraux à l’Université de Californie, à San Diego, et qui était de passage à Montréal pour une conférence. Il a dit que la femme de 31 ans avait décidé de prolonger son séjour d’une nuit parce qu’elle aimait la ville, ajoutant que le regretté Montréalais Leonard Cohen était son chanteur et poète préféré.

«Je veux juste souligner qu’elle aimait la ville, et j’espère que la ville l’a également bien traitée», a-t-il déclaré, ajoutant que les parents de Mme Wu venaient à Montréal depuis leur domicile en Chine. Il espère qu’ils obtiendront plus d’informations que lui.

Récupération des corps difficile

L’inspecteur David Shane, du Service de police de Montréal (SPVM), a déclaré aux journalistes mardi que la structure instable du bâtiment rend compliquée et potentiellement dangereuse la récupération des corps.

M. Shane a indiqué que l’identification des corps constituera un «long processus», en partie parce que les victimes doivent être identifiées par au moins une méthode scientifique, comme les dossiers dentaires ou l’ADN.

«Nous ne pourrons pas donner de noms très rapidement, mais nous ne pouvons pas nous tromper», a affirmé l’inspecteur Shane, qui a reconnu que l’attente devait être «insupportable» pour les membres de la famille.

«Nous ne pouvons pas donner un nom et réaliser quelques jours plus tard que nous avons fait une erreur. Ce n’est pas une option», a-t-il renchéri.

Jonathan Clark, qui vit à New York, est venu à Montréal pour dire au revoir à sa chère amie Saniya Khan, qu’il appelait sa «flamme jumelle».

«Tout ce qui est bon va me faire penser à elle. Tout ce qui est joyeux. C’est la partie la plus difficile», a-t-il confié, des larmes coulant sur son visage.

M. Clark a expliqué que Mme Khan était à Montréal pour un voyage avec son amie d’enfance Dania Zafar. Les deux femmes, qui pourraient faire partie des disparus, «étaient très jeunes, très brillantes, belles et mordaient dans la vie», a-t-il déclaré.

Charlie Lacroix, une jeune femme de 18 ans, de la banlieue montréalaise de Terrebonne, a également été identifiée par son père comme l’une des disparues. Le père de Mme Lacroix a confirmé que sa fille, qui avait «la vie devant elle», avait loué un logement dans l’immeuble sur Airbnb avec un ami.

Autres recherches

L’inspecteur Shane a déclaré que plusieurs étages du bâtiment se sont effondrés les uns sur les autres, laissant une scène de «dévastation».

Le chef de division du Service de sécurité incendie de Montréal, Martin Guilbault, a déclaré qu’une équipe de récupération avait exploré les lieux lundi à l’aide de caméras et d’inspections visuelles de l’extérieur. 

Mardi, ils prévoyaient entrer dans le bâtiment, mais une grande partie de leur travail a dû être effectué debout dans le godet d’une grue en raison du risque d’effondrement supplémentaire.

Une porte-parole du laboratoire médico-légal de la province a déclaré que le processus d’identification des victimes pourrait également être complexe et pourrait reposer en partie sur l’ADN, qui sera apparié aux échantillons fournis par les familles des victimes. Le bureau du coroner sera également impliqué dans l’enquête et l’identification des victimes.

La police a déclaré que le bâtiment historique de trois étages comprenait des unités louées sur la plateforme Airbnb, qui est interdite par la Ville de Montréal. Ils n’ont pas confirmé combien de personnes disparues étaient des touristes.

L’incendie a suscité un nouvel examen de la plateforme de location à court terme, et la mairesse de Montréal Valérie Plante a demandé à Airbnb de cesser de répertorier les unités qui n’ont pas de permis prouvant qu’elles opèrent légalement.

Le père de Mme Lacroix, qui a déclaré que sa fille avait dit aux opérateurs du 911 qu’elle était piégée dans une unité sans issue de secours ni fenêtres, a appelé la Ville afin de s’assurer que les logements de type Airbnb et les autres appartements disposent de sorties appropriées.

Airbnb a déclaré qu’il soutenait les victimes et aidait la police, mais n’a pas répondu aux questions sur sa volonté de sévir contre les inscriptions illégales.

Situé à proximité du sinistre, le musée Pointe-à-Callière, cité d’histoire et d’archéologie de Montréal, demeurera fermé jusqu’à vendredi, a-t-on annoncé par communiqué.

— Avec les informations de Morgan Lowrie et de Marisela Amador.