Haut-Karakbakh: l’Assemblée nationale appuie les Arméniens déplacés

QUÉBEC — Les élus québécois ont condamné mercredi l’invasion du Haut-Karabakh par l’Azerbaïdjan et réclamé une solution humanitaire pour les 120 000 déplacés arméniens de cette enclave du Caucase.

Une motion déposée en ce sens par la députée caquiste Céline Haytayan a été adoptée à l’unanimité par l’Assemblée nationale. En entrevue avec La Presse Canadienne, elle n’a pas voulu s’engager quant à un soutien financier de son gouvernement aux réfugiés.

«Les citoyens et citoyennes du Haut-Karabakh craignent un génocide, il faut les écouter», a lancé le député Guillaume Simard-Cliche, de Québec solidaire (QS), lors du débat sur la motion: des propos qui résonnent puisque les Arméniens ont déjà été victimes d’un génocide en 1915.  

Ce conflit a été largement éclipsé par l’agression sanglante du Hamas en Israël et l’escalade militaire qui a suivi. 

Rappelons que le 19 septembre dernier, l’Azerbaïdjan a envahi ce petit territoire où habitait une minorité arménienne qui a été chassée. Ils se sont réfugiés en Arménie voisine et leur situation est précaire.

Mme Haytayan s’inquiétait-elle que ce conflit soit oublié par la communauté internationale et par les Québécois?

«L’important est qu’on parle de tous les conflits, tous les conflits sont importants», a répondu Mme Haytayan, qui est d’origine arménienne, mais qui n’a plus de famille dans ce petit pays.  

Dans sa motion, l’Assemblée appelle à un cessez-le-feu durable, à l’acheminement de l’aide humanitaire et à la protection effective des civils arméniens encore présents au Haut-Karabakh.

«Le territoire est désormais vidé de sa population avec l’exode forcé de près de 120 000 Arméniens civils, soit la quasi-totalité de sa population», a-t-elle déploré en Chambre. 

«En quelques heures, en quelques jours, les Arméniens du Haut-Karabakh ont dû abandonner toute une vie derrière eux et une histoire millénaire. Il est crucial de condamner toute attaque ainsi que toutes représailles de l’Azerbaïdjan.»

«Encore une fois, un siècle plus tard, les Arméniens, qui n’ont comme faute que le fait d’exister et de vouloir vivre en toute indépendance sur le territoire qui les a vus naître, se retrouvent sur les routes de l’exil, laissant derrière eux leur histoire et leur vie entière», a déclaré la députée libérale Sona Lakhoyan Olivier, elle aussi d’origine arménienne.  

Elle a rappelé que la Turquie et l’Azerbaïdjan mènent en outre des manoeuvres à la frontière de l’Arménie qui laissent planer des menaces sur ce petit État. 

Les réfugiés ont besoin d’aide humanitaire et l’importante communauté arménienne du Québec, présente notamment à Montréal et Laval, s’est organisée pour en acheminer, a précisé Mme Haytayan. 

Le Québec a régulièrement apporté du soutien financier à des pays en détresse. Par exemple, le gouvernement a débloqué une aide d’urgence de 1,5 million $ pour le récent tremblement de terre au Maroc, mais Mme Haytayan n’a pas voulu s’avancer à évoquer une aide d’urgence et a plutôt renvoyé cette question à sa collègue Martine Biron, ministre des Relations internationales.

Le nouveau député péquiste de Jean-Talon, Pascal Paradis, a rappelé la responsabilité de la communauté internationale.  

«La communauté internationale s’inquiète que Bakou pourrait être en train d’effacer les traces de la présence arménienne au Haut-Karabakh. Encore une fois, impossible de ne pas penser au génocide arménien de 1915.»

Le statut du Haut-Karabakh est délicat. Rattachée à l’Azerbaïdjan du temps de l’URSS, la région avait proclamé son indépendance en 1991 dans la foulée de l’effritement de l’empire soviétique. Son indépendance n’a toutefois jamais été reconnue sur l’échiquier international. 

La région devrait-elle être rattachée à l’Arménie? Mme Haytayan a refusé de s’exprimer sur cette question.