Expulser ou non des diplomates chinois du Canada: une décision délicate, dit Trudeau

LONDRES — Le premier ministre Justin Trudeau affirme que toute décision d’expulser des diplomates chinois à la suite de présumées tentatives de menacer un député conservateur est prise très au sérieux.

En mêlée de presse dimanche matin à Londres, M. Trudeau a souligné que son gouvernement doit tenir compte des réactions négatives potentielles de la Chine et de ce que cela signifierait pour la sécurité des Canadiens et la prospérité du pays.

Ce n’est que la semaine dernière que le député conservateur Michael Chong a découvert, à la suite d’un article du journal Globe and Mail, que le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) avait appris en 2021 que le gouvernement chinois cherchait des moyens de l’intimider, lui et sa famille élargie, à Hong Kong.

M. Chong avait parrainé une motion à la Chambre des communes qui qualifiait de génocide le traitement réservé par Beijing aux musulmans ouïghours en Chine.

Le premier ministre Trudeau soutient que le SCRS n’avait informé personne de ces menaces, alors qu’au contraire M. Chong soutient avoir a été informé que le conseiller à la sécurité nationale était au courant.

M. Trudeau affirme que le SCRS a maintenant une directive selon laquelle toute information de ce genre doit être portée au niveau le plus élevé, même si elle semble mineure.

«Nos services de renseignements et d’informations sont régulièrement et constamment en train d’évaluer les menaces aux Canadiens, aux institutions, aux organismes, aux groupes communautaires, mais aussi, aux acteurs politiques, a soutenu le premier ministre. Je peux vous dire que dès qu’on reçoit quelque information que ce soit qui exige une réponse ou des actions, on prend ces actions, ou on s’assure que ces actions soient prises», a ajouté M. Trudeau.

La révélation au sujet du député Chong est la dernière d’une série de tentatives d’ingérence étrangère prétendument faites par le gouvernement chinois au Canada au cours des dernières années, y compris les efforts visant à influencer les résultats des élections fédérales de 2019 et de 2021.

Tous les partis politiques à Ottawa ont convenu que toute tentative d’ingérence n’avait aucune incidence sur le résultat final de ces élections, mais le premier ministre Trudeau a nommé un rapporteur spécial pour examiner ce qui s’est passé et comment le Canada a réagi et devrait le faire à l’avenir.

L’ancien gouverneur général David Johnston, qui a été nommé à ce poste, doit décider dans environ trois semaines si une enquête publique est nécessaire et rendre compte de toutes ses conclusions d’ici l’automne.

Les conservateurs et les néo-démocrates réclament une enquête publique.

La Chine a maintes fois nié les allégations selon lesquelles un de ses diplomates de Toronto aurait tenté de lancer une campagne d’intimidation contre M. Chong et sa famille.