Enseignants non légalement qualifiés: nouveau programme à l’Université de Sherbrooke

MONTRÉAL — Après la TÉLUQ, c’est au tour de l’Université de Sherbrooke d’annoncer une formation adaptée pour les enseignants non légalement qualifiés qui travaillent présentement dans les Centres de services scolaires.

L’Université de Sherbrooke annonce ainsi un microprogramme de 15 crédits, ainsi qu’un certificat de 30 crédits qui s’adressent à ceux qui enseignent déjà dans un Centre de services scolaire sans avoir de brevet..

Le «Parcours PROF» de l’Université de Sherbrooke s’adresse à ceux qui répondent aux critères d’admission pour un baccalauréat et qui sont donc détenteurs d’un Diplôme d’études collégiales. Sauf exception, ils doivent avoir réalisé deux contrats d’au moins 40 % de tâche d’enseignement.

Ces initiatives de la TÉLUQ et de l’Université de Sherbrooke, quoique différentes sous certains aspects, sont appuyées par le ministère de l’Éducation, dans le contexte de la pénurie d’enseignants. Cette pénurie fait que les Centres de services scolaires ont dû embaucher des enseignants qui ne sont pas légalement qualifiés.

Ces formations visent donc à leur apporter du soutien, à mieux les équiper s’ils désirent poursuivre leur carrière dans le milieu de l’éducation.

«Ce n’est pas une formation écourtée, parce que premièrement, pour le moment, ce n’est que professionnalisant. On ne prétend pas à un brevet de 30 crédits. C’est un premier pas dans la bonne direction. Ce programme-là, il est pour soutenir les personnes qui contribuent dans les milieux scolaires actuellement et font en sorte que des enfants puissent accéder à leur éducation», a expliqué Nancy Granger, vice-doyenne à la formation continue et aux études supérieures à l’Université de Sherbrooke.

Elle assure qu’elle ne veut pas «cannibaliser» les autres programmes de l’université et que cela ne remet pas en cause la pertinence du baccalauréat et du brevet «C’est en complémentarité, pas en compétition. Plusieurs voies sont possibles dans la vie pour adresser des problèmes complexes», soutient Mme Granger.

La nouvelle formation débutera dès le mois de juin et l’université espère attirer 240 candidats.

«Un mauvais signal»

L’annonce fait cependant grincer des dents des syndicats d’enseignants. Ainsi, la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) craint une formation au rabais, qui fera que les personnes intéressées par l’enseignement n’auront plus vraiment d’intérêt à compléter quatre années d’université pour obtenir leur brevet.

«On est en train de passer le message actuellement à tous nos jeunes qui sont au bac en enseignement: ‘vous perdez votre temps, vous pourriez être en train d’enseigner, de récolter un salaire (…) et, après ça, faire des formations plus courtes, où on va vous la laisser un peu plus facile’», a déploré en entrevue Mélanie Hubert, présidente de la FAE.

«C’est un mauvais signal pour la qualité de l’enseignement qu’on veut offrir à nos élèves au Québec», critique Mme Hubert.

La dirigeante syndicale dit comprendre qu’il faille épauler, accompagner ceux qui enseignent à l’heure actuelle et qui n’ont pas les qualifications requises, mais elle voit dans ces formations adaptées «un nivellement par le bas».

Elle souligne aussi que «les enseignants qui sont non qualifiés en ce moment, dès qu’ils ont ce qu’on appelle une tolérance d’engagement — c’est une tolérance qu’on leur donne, même s’ils ne sont pas qualifiés, pour leur donner. un contrat tout de même — ils embarquent dans la même échelle salariale que le reste des enseignants et enseignantes du Québec».