Enquête environnementale réclamée sur le «mal mystérieux» au Nouveau-Brunswick

FREDERICTON — Des Néo-Brunswickois qui souffrent d’un mystérieux trouble neurologique réclament une enquête sur les possibles causes environnementales de ces problèmes de santé, avec lesquels ils vivent depuis plus de deux ans.

Sarah Nesbitt a eu 40 ans dimanche, mais elle ne sait pas si elle sera là pour célébrer de nombreux autres anniversaires.

Mme Nesbitt, une résidente de Moncton, au Nouveau-Brunswick, a déclaré qu’elle avait commencé à ressentir les symptômes d’un trouble neurologique de cause inconnue à l’été 2020.

Elle fait partie d’un groupe de patients du Nouveau-Brunswick qui disent souffrir d’une mystérieuse maladie du cerveau. Mais le gouvernement provincial maintient qu’il n’y a pas de nouveau trouble neurologique et que des études ont démontré que les patients qui sont malades souffrent vraisemblablement de maladies connues.

Mardi, Mme Nesbitt s’est jointe à un groupe de patients et à leurs familles qui ont demandé au gouvernement provincial d’enquêter sur le lien entre leurs symptômes et les toxines environnementales, en particulier le glyphosate, un désherbant populaire. 

La conférence de presse était organisée par le Parti vert du Nouveau-Brunswick.

Leur appel à de nouvelles enquêtes est intervenu après que leur médecin, le Dr Alier Marrero, a demandé en janvier aux autorités sanitaires fédérales et provinciales d’examiner le lien entre leurs symptômes et l’herbicide.

Steve Ellis, dont le père est atteint de ce mal étrange, a déclaré mardi en conférence de presse que les experts fédéraux devraient continuer à enquêter sur les causes de cette maladie. 

Ce trouble neurologique provoque des symptômes comme une démence à progression rapide, des spasmes musculaires, une atrophie des muscles et une foule d’autres complications.

Stacie Quigley Cormier, dont la belle-fille souffre de problèmes de motricité, de mémoire et de vision, accuse les responsables provinciaux et fédéraux de la santé de déformer les données cliniques des patients.

Le ministre de la Santé du Nouveau-Brunswick, Bruce Fitch, a indiqué que la Santé publique examinait la lettre reçue du médecin des patients, dans laquelle il exhorte le gouvernement provincial à faire passer à ces malades des tests de dépistage pour déceler la présence possible de glyphosate.

Sarah Nesbitt a eu beaucoup de symptômes différents avant de réaliser qu’il se passait quelque chose. Elle a consulté son médecin en novembre 2020, mais il n’a rien trouvé dans l’immédiat. 

Une série de tests plus tard, son médecin pensait qu’elle avait la sclérose en plaques. «Pendant presque deux ans, j’ai pensé que c’était ce que j’avais», raconte-t-elle. 

Mme Nesbitt a été recommandée au Dr Marrero l’année dernière, qui a testé et exclu des maladies telles que le cancer, l’épilepsie et la sclérose en plaques. Mais d’autres tests ont montré qu’elle avait des niveaux élevés de glyphosate et d’autres produits chimiques dans son système.

La meilleure hypothèse pointe vers le glyphosate

Santé Canada a déclaré sur son site Web que le glyphosate est l’herbicide le plus utilisé au pays et occupe une place prépondérante dans l’industrie agricole. Les produits contenant du glyphosate sont utilisés pour contrôler les mauvaises herbes, y compris les plantes toxiques telles que l’herbe à puce.

Dans une lettre datée du 30 janvier adressée à la Dre Theresa Tam, administratrice en chef de la santé publique du Canada, et au Dr Yves Léger, médecin hygiéniste en chef du Nouveau-Brunswick, le Dr Marrero a déclaré qu’il avait travaillé avec environ 147 patients présentant des symptômes tels qu’une progression rapide de démence, de spasmes musculaires, une atrophie et autres complications.

Le Dr Marrero a souligné que des cas ont également été signalés en Alberta, au Québec et en Nouvelle-Écosse.

«J’attire maintenant votre attention sur l’une des principales hypothèses largement discutées lors de réunions précédentes au cours des années avec des experts nationaux et internationaux, y compris d’éventuelles toxines environnementales», a-t-il déclaré. 

Il a fait valoir que les tests de patients en Nouvelle-Écosse montrent des quantités élevées de glyphosate et d’autres composés de cette famille. 

«Au nom de nos patients et de nos familles, je demande votre soutien pour des tests supplémentaires et détaillés des patients et des environnements pour ces toxines et d’autres.»

Les autorités sanitaires du Nouveau-Brunswick ont conclu, dans un rapport datant de février 2022, «qu’il n’y a aucune preuve de l’existence d’un groupe de personnes atteintes d’un syndrome neurologique de cause inconnue». 

Elles ont déclaré que le groupe de maladies avait fait l’objet de «nombreuses théories» fondées sur «des spéculations, des opinions non corroborées et […] l’absence d’une analyse approfondie des informations épidémiologiques et cliniques».

Le gouvernement du Nouveau-Brunswick affirme qu’un examen de 48 dossiers de patients souffrant d’un syndrome neurologique de cause inconnue a révélé qu’ils ne présentaient pas de symptômes communs ou ne souffraient pas d’une même maladie.

Le ministre de la Santé du Nouveau-Brunswick, Bruce Fitch, a souligné que l’Agence de la santé publique du Canada avait appuyé les conclusions de l’enquête provinciale. Cette enquête a également révélé que les symptômes des patients pouvaient s’expliquer par des diagnostics de syndromes connus, comme la maladie d’Alzheimer et la maladie de Creutzfeldt-Jakob.

M. Fitch a déclaré aux journalistes mardi qu’il avait été informé de la lettre du Dr Marrero.

Il a fait savoir que la santé publique était en train de rédiger une réponse. «S’ils ont besoin de plus d’informations, ils retourneront chez le médecin en question et obtiendront ces informations, puis procéderont à partir de là.»

M. Fitch a dit qu’il reconnaissait qu’il était difficile pour les familles et les patients de ne pas obtenir les réponses qu’ils souhaitaient.