De nouvelles données de Statistique Canada révèlent les méfaits du vapotage

MONTRÉAL — Plusieurs groupes luttant contre les cancers, les maladies cardiaques et les dépendances s’unissent pour tirer à boulets rouges contre l’industrie du vapotage. Appuyés par de toutes nouvelles données en provenance de Statistique Canada, ces groupes dénoncent le fait que le vapotage crée davantage de nouveaux accrocs qu’il n’aide d’anciens fumeurs à décrocher.

Selon les chiffres dévoilés lundi, entre 2017 et 2021, on dénombrait une hausse de 48 700 anciens fumeurs ayant décidé de se tourner vers les vapoteuses. Or, au cours de la même période, ce sont 61 500 non-fumeurs qui ont succombé au charme des saveurs et du marketing de l’industrie de la cigarette électronique.

La Coalition québécoise pour le contrôle du tabac (CQCT) a obtenu des données de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, menée par Statistique Canada, à laquelle ont participé 7350 répondants du Québec. Elle a ensuite confié le mandat d’étudier les chiffres à la firme privée Groupe d’Analyse.

C’est ainsi que la CQCT dresse un autre constat. Depuis que les produits de vapotage contenant de la nicotine sont disponibles en vente libre au pays, la proportion de non-fumeurs québécois qui en consomment a plus que doublé.

Devant la crainte de voir le gouvernement du Québec sévir pour interdire les arômes dans ses produits, l’industrie tente de se défendre en se positionnant comme un outil antitabagique. Or, si la hausse de 65 % d’anciens fumeurs ayant choisi le vapotage semble lui donner raison, l’explosion de 111 % de non-fumeurs tombés dans les griffes de cette même industrie vient discréditer son argument.

De plus, d’autres indicateurs présentés dans l’analyse semblent démontrer que l’impact de la cigarette électronique sur le taux de succès de la cessation tabagique serait au mieux marginal.

Et comme le dénoncent les organismes de lutte contre le tabagisme depuis un bon moment déjà, ce sont bel et bien les adolescents qui sont le public cible de l’industrie. Toujours d’après les données de Statistique Canada, 86 % des non-fumeurs qui adoptent la vapoteuse sont âgés de 12 à 24 ans. En nombre absolu, ce sont 100 810 non-fumeurs âgés de 12 à 24 ans qui ont commencé à fumer la cigarette électronique au Québec.

De l’avis de la porte-parole de la CQCT, Flory Doucas, ces données montrent clairement que «la commercialisation des cigarettes électroniques a causé plus de torts que d’avantages et ce sont les adolescents et jeunes adultes qui en sont les grands perdants», a-t-elle déclaré dans un communiqué transmis à La Presse Canadienne.

Pour le pédiatre Nicholas Chadi, le vapotage est néfaste pour les jeunes en raison de la présence de nicotine.

«La nicotine a des impacts négatifs sur le cerveau en développement et augmente les risques de dépendance à d’autres substances», explique par voie de communiqué le clinicien-chercheur spécialisé en toxicomanie et en médecine de l’adolescence. 

Il ajoute que «les aérosols (libérés par la cigarette électronique) contiennent des substances cancérigènes» et que celles-ci «sont corrélées à l’asthme et altèrent le système vasculaire».

Le Dr Chadi met aussi en garde contre de probables effets à long terme que l’on ne connaît pas encore en raison du caractère encore récent de ces produits.

Pour ce médecin spécialisé dans le domaine, les arômes sont l’un des principaux facteurs d’attraction pour les jeunes et «les interdire serait une mesure particulièrement efficace», croit-il.

La Coalition québécoise pour le contrôle du tabac n’est pas seule à mener cette bataille. Plusieurs autres groupes appuient la démarche, soit la Société canadienne du cancer, Cœur + AVC, le Conseil québécois sur le tabac et la santé, l’Association pulmonaire du Québec, le Réseau du sport étudiant du Québec et la Fédération des comités de parents du Québec.

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