Ayant reçu deux organes, une femme crée un logo pour la Journée du chandail vert

Brandy Hehn était une patiente régulière de l’unité de dialyse rénale de l’Hôpital général de Regina lorsque le tragique accident impliquant l’autocar des Broncos Humboldt est survenu, il y a cinq ans.

Le drame a coûté la vie à 16 personnes. Treize autres ont été blessées lorsqu’un camion a fait fi de l’arrêt obligatoire pour emboutir le lourd véhicule transportant cette équipe de hockey junior de la Saskatchewan, le 6 avril 2018.

Aujourd’hui âgée de 39 ans, Mme Hehn se souvent du commentaire d’une infirmière quelque jours plus tard.

«Elle m’a demandé si je savais qu’un des garçons était un donateur d’organes, raconte-t-elle. J’ai répondu que je n’en avais pas la moindre idée.»

Mme Hehn ne figurait pas encore sur la liste des demandeurs d’organe. Elle se souvient que tous les patients présents dans la salle se sont regardés et se sont demandé s’ils connaissaient celui ou celle qui bénéficierait de la transplantation d’un rein.

Logan Boulet avait signé sa carte de donateurs d’organe, le jour de sa fête, cinq semaines avant la tragédie.

Six personnes ont reçu un organe du jeune joueur de 21 ans. Cela a eu un effet boule de neige. Selon la Société canadienne du sang, près de 150 000 Canadiens ont imité Logan Boulet et se sont inscrits comme donneur d’organes.

La Journée du chandail vert a été créée en 2019. Elle se déroule le 7 avril de chaque année. L’objectif est de commémorer le geste de Logan Boulet et de promouvoir le don d’organes au pays.

Depuis l’accident, Mme Hehn a bénéficié deux fois d’un don. Elle est la créatrice du chandail à manches courtes pour l’événement en 2023. Elle explique avoir été inspirée par le logo des Penguins de Pittsburgh, de la LNH, et par le capitaine de cette équipe, Sidney Crosby, une des idoles de Logan Boulet depuis son enfance. Le logo compte 29 étoiles, une pour chaque personne à bord de l’autocar, deux bâtons de hockey et le mot-clic #EffetLoganBoulet.

Sam Shemie, un conseiller médical en dons d’organes post-mortem à la Société canadienne du sang, dit que les dons ont été «relativement stables» depuis la mort de Logan Boulet.

«Bénissons cette famille pour ce qu’elle a fait en son honneur», lance-t-il.

«L’Effet Logan Boulet» continue d’alimenter les conversations au sujet du don d’organes, ajoute le Dr Shemie, qui pratique aussi aux unités de soins intensifs pédiatriques et de soins avancés de l’Hôpital général pour enfants de Montréal.

«Des centaines de milliers de Canadiens se sont inscrits comme donateurs d’organes ou ils en ont parlé avec leurs proches», dit-il.

Le père de Logan, Toby Boulet, raconte qu’il était important pour la famille de parler de son choix.

«L’histoire de Logan a touché beaucoup de gens. Il est difficile de penser que tout cela remonte à cinq ans.»

M. Boulet aime bien le chandail créé par Mme Hehn qu’il qualifie de «vraiment chouette». L’histoire de la jeune femme est très inspirante, estime-t-il.

«Elle vit en Saskatchewan et elle se porte très bien. Ce n’est pas toujours à la famille Boulet de raconter ces histoires. Elles sont portées par des gens dans tous les coins du pays et jusqu’aux États-Unis. C’est ce que nous voulons.»

Souffrant d’une forme d’arthrite et de diabète de type 1, Mme Hehn a appris, peu après ses études secondaires, qu’elle était aussi atteinte d’hépatite auto-immune, une rare maladie du foie qui survient lorsque le système immunitaire d’une personne se retourne contre les cellules de l’organe.

Elle a eu besoin d’un nouveau foie dès le début de la vingtaine. Elle a finalement été opérée quand elle avait 25 ans.

Et à cause de ses problèmes de foie, les médecins l’ont prévenue qu’elle aurait besoin d’un nouveau rein au cours de la prochaine décennie.

«J’ai commencé mes traitements de dialyse en 2016. Mon rein fonctionnait à 6 %.»

Elle a obtenu son nouveau rein en 2020. «Cela a complètement changé ma vie», s’exclame-t-elle.

Le Dr Shemie dit que des milliers de Canadiens qui attendent une transplantation meurent chaque année.

«90 % des Canadiens disent appuyer les dons d’organes, mais seulement 32 % se sont inscrits, déplore-t-il. Si vous appuyez les dons d’organes, inscrivez-vous ou parlez-en à votre famille.»