Une femme de l’Ohio est accusée d’atteinte à cadavre après une fausse couche

COLUMBUS, Ohio — Le groupe de médecins à l’origine de l’amendement sur les droits reproductifs récemment adopté en Ohio exhorte un procureur à abandonner les poursuites pénales contre une femme qui a fait une fausse couche dans les toilettes de sa résidence. 

L’association «Médecins de l’Ohio pour les droits reproductifs», une coalition non partisane de 4000 médecins et autres praticiens, affirme dans une lettre adressée au procureur du comté de Trumbull, Dennis Watkins, que l’accusation d’atteinte à cadavre contre Brittany Watts, 33 ans, viole «l’esprit et la lettre» de l’amendement.

La mesure, approuvée en novembre par référendum en Ohio avec 57 % des voix, garantit le «droit de l’individu de prendre et d’exécuter ses propres décisions en matière de procréation». Cela a fait de l’Ohio le septième État consécutif à voter pour protéger les droits reproductifs depuis la décision de la Cour suprême des États-Unis, en 2022, d’annuler l’arrêt historique «Roe c. Wade» qui a longtemps légalisé l’avortement à l’échelle nationale.

Le cas de Mme Watts a déclenché une tempête nationale sur le traitement des femmes enceintes, en particulier celles comme elle qui sont noires, dans les États-Unis «post-Roe». L’avocat des droits civiques Benjamin Crump a évoqué le sort de Mme Watts dans un message sur la plateforme X, et ses partisans ont fait don de plus de 135 000 $ pour sa défense juridique, ses factures médicales et ses soins post-traumatiques.

Mme Watts a fait une fausse couche à la maison le 22 septembre, quelques jours après qu’un médecin lui ait dit que son fœtus avait un battement de cœur, mais qu’il n’était pas viable. Elle a visité à deux reprises l’hôpital Mercy Health-St. Joseph’s à Warren et est repartie à deux reprises avant de recevoir des soins. Son avocat a déclaré qu’elle avait dû attendre de longues heures et qu’elle se sentait anxieuse et jugée.

Lorsque Mme Watts est revenue ce vendredi-là, n’étant plus enceinte et ne saignant plus, une infirmière a appelé la police, qui est allée chez elle. La police a trouvé les toilettes bouchées et le fœtus de 22 semaines coincé dans les tuyaux.

Un procureur de la Ville a déclaré à un juge municipal que Mme Watts avait eu tort lorsqu’elle a tenté en vain de se débarrasser du foetus dans les toilettes, qu’elle a mis le trop-plein dans un seau, l’a déposé dehors près de la poubelle et a «continué sa journée» comme si de rien n’était.

Son avocate, Traci Timko, a affirmé que Mme Watts était «diabolisée pour quelque chose qui se passe tous les jours».

L’autopsie n’a révélé «aucune blessure récente» sur le fœtus, qui était mort in utero.

La loi en vertu de laquelle Mme Watts est accusée interdit de traiter «un cadavre humain» d’une manière qui «heurterait» les sensibilités familiales ou communautaires raisonnables. L’infraction est un crime du «cinquième degré» passible d’un an de prison maximum et d’une amende de 2500 $.

La docteure Lauren Beene, directrice de l’association de médecins, a écrit au procureur Watkins: «C’était une erreur de la part de l’infirmière qui s’occupait de Mme Watts et des administrateurs de l’hôpital d’appeler la police, et c’était une erreur de la part de la police d’envahir son domicile alors qu’elle luttait pour sa vie à l’hôpital».

La docteure Beene a déclaré que les médecins de l’Ohio pour les droits reproductifs craignent que cette affaire ne dissuade d’autres femmes de demander des soins en cas de fausse couche. 

Le procureur Watkins a déclaré au «Tribune Chronicle» de Warren que son bureau ne commentait pas les affaires en cours devant le grand jury.