Niger: les putschistes refusent qu’une diplomate américaine rencontre le président

NIAMEY, Niger — Une diplomate américaine de haut rang a déclaré que les dirigeants du coup d’État au Niger ont refusé de l’autoriser à rencontrer lundi le président démocratiquement élu de ce pays d’Afrique de l’Ouest.

La vice-secrétaire d’État par intérim, Victoria Nuland, a décrit les officiers responsables de la mutinerie comme peu réceptifs aux pressions américaines pour ramener le pays à un régime civil.

«Ils ont été assez fermes sur la façon dont ils veulent procéder, et ce n’est pas en faveur de la constitution du Niger», a déclaré Mme Nuland aux journalistes. Elle a qualifié les conversations «d’extrêmement franches et parfois assez difficiles».

Elle s’est exprimée après une réunion de deux heures à Niamey, la capitale du Niger, avec certains dirigeants de la rébellion militaire qui a pris le contrôle d’un pays qui a été un partenaire essentiel des États-Unis en matière de lutte contre le terrorisme.

La rencontre a eu lieu avec le général Moussa Salaou Barmou, un officier formé aux États-Unis, et trois des colonels impliqués dans la prise de contrôle. Le chef du coup d’État, l’ancien chef de la garde présidentielle Abdourahamane Tchiani, n’a pas rencontré les Américains.

En s’adressant aux dirigeants de la junte, Mme Nuland a déclaré qu’elle avait été «absolument clair sur les types de soutien que nous devrons légalement supprimer si la démocratie n’est pas rétablie».

Si les États-Unis déterminent qu’un gouvernement démocratiquement élu a été renversé par des moyens anticonstitutionnels, la loi fédérale exige une coupure de la plupart de l’aide américaine, en particulier de l’aide militaire.

Elle a également souligné la préoccupation des États-Unis pour le bien-être du président Mohamed Bazoum, qui, selon elle, était détenu avec sa femme et son fils.

Dans d’autres développements lundi, les dirigeants de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont déclaré qu’ils se réuniraient dans le courant de la semaine pour discuter des prochaines étapes, après que la junte a défié la date butoir fixée pour la réintégration du président. La réunion était prévue pour jeudi à Abuja, la capitale du Nigeria voisin, selon un porte-parole de la CEDEAO.

Pendant ce temps, les soldats de la junte ont fermé l’espace aérien du pays et accusé les puissances étrangères de préparer une attaque.

La junte a demandé l’aide du groupe de mercenaires russes Wagner, selon Wassim Nasr, journaliste et chercheur principal au Centre Soufan.

Cependant, Mme Nuland a indiqué que les putschistes ne semblaient pas réceptifs à l’accueil de mercenaires russes Wagner dans le pays, comme cela s’est produit dans plusieurs pays environnants instables d’Afrique de l’Ouest. 

«Je dirai que j’ai eu l’impression, lors de mes réunions d’aujourd’hui, que les personnes qui ont agi ici comprennent très bien les risques pour leur souveraineté lorsque Wagner est invité», a déclaré Mme Nuland.

Les tensions régionales se sont intensifiées depuis le coup d’État d’il y a près de deux semaines, lorsque des soldats rebelles ont arrêté M. Bazoum et installé M. Tchiani à la tête de l’État. Les analystes pensent que le coup d’État a été déclenché par une lutte de pouvoir entre M. Tchiani et le président, qui était sur le point de le renvoyer.