L’été qui n’en est qu’à sa moitié connaît des chaleurs et des conditions extrêmes

À peu près à mi-chemin de l’été, les records de chaleur et de conditions météorologiques extrêmes sont à la fois sans précédent et sans surprise, infernaux, mais ennuyeux à certains égards, selon les scientifiques.

Chaleur meurtrière, inondations mortelles et fumée des feux de forêt étouffante, et il n’y a pas de répit en vue.

Attendez-vous à des mois d’août et de septembre plus chauds que la normale, prédisent les centres de prévisions américains et européens.

«Nous assistons à des changements sans précédent partout dans le monde», a déclaré le climatologue de la NASA Gavin Schmidt. «Les vagues de chaleur que nous voyons aux États-Unis, en Europe et en Chine démolissent des records à gauche, à droite et au centre. Ce n’est pas une surprise.»

Friederike Otto, climatologue à l’Imperial College de Londres, a déclaré qu’examiner ce qui cause les vagues de chaleur est «ennuyeux» d’une certaine manière, car cela continue de se produire. Elle ajoute toutefois que c’est important «parce que cela montre à nouveau à quel point le changement climatique joue un rôle dans ce que nous vivons actuellement».

«Cette histoire, ces impacts, vont continuer», a soutenu M. Schmidt. Il a expliqué que nous allons voir cela cette année et l’année prochaine avec un réchauffement naturel d’El Nino dans le Pacifique, ajoutant à l’influence écrasante du changement climatique causé par l’homme, en grande partie à cause de la combustion du charbon, du pétrole et du gaz.

Chaleur record 

À l’échelle mondiale, juin de cette année a été le mois de juin le plus chaud jamais enregistré – et les scientifiques disent que juillet a été si chaud qu’avant même la fin du mois, ils pouvaient dire que c’était le mois le plus chaud jamais enregistré. Mais ce sont dans les endroits où les gens vivent que la chaleur s’est incrustée et a causé des morts.

La ville de Phoenix, aux États-Unis, où le dernier jour de juin et chaque jour de juillet ont été d’au moins 43 degrés Celsius, a établi des records pour la plus longue séquence de mégachaleur et la plus longue période où les températures ne sont pas descendues sous les 32 degrés Celsius la nuit.

El Paso, au Texas, a eu 44 jours de chaleur à 37 degrés. Les écoles ont fermé dans l’État de Nuevo León, dans le nord du Mexique, un mois plus tôt qu’à l’habitude, les températures atteignant 45 degrés Celsius.

Plus à l’est, à Miami, l’humidité a ajouté à une chaleur déjà élevée pendant 46 jours consécutifs de températures ressenties de plus de 37 degrés. 

En Chine, Pékin a connu sa propre séquence record avec au moins 27 jours de 35 degrés Celsius en juillet, après une période de trois jours d’au moins 40 degrés en juin. Et le pays a établi sa température la plus élevée de tous les temps le 16 juillet dans le canton isolé de Sanbao avec 52 degrés Celsius.

Des records de chaleur ont été enregistrés dans tout le sud de l’Europe. La Sardaigne, en Italie, a atteint 47 degrés Celsius. Palerme en Sicile a battu de 2 degrés Celsius un record qui remonte à 1791. Du côté de la Grèce, à Gytheio, les températures ont atteint 46 degrés Celsius. 

L’Espagne a signalé près de 1000 décès supplémentaires dus à la chaleur, principalement parmi les personnes âgées, à la mi-juillet.

En Argentine, où c’est le milieu de l’hiver, les températures étaient supérieures à 32 degrés Celsius pendant quatre jours consécutifs en juin dans la partie nord du pays. À Buenos Aires, en juillet, aucune nuit n’est descendue en dessous de 20 degrés Celsius.

Trop de pluie 

Plus de 10 000 personnes ont dû être évacuées dans la province centrale du Hunan en Chine où de fortes pluies ont provoqué l’effondrement d’au moins 70 maisons. À Yichang, la pluie a provoqué un glissement de terrain qui a enseveli un chantier de construction et tué au moins une personne.

En Australie, l’État du Queensland a reçu 13 fois sa pluie mensuelle normale de juillet en une seule journée.

Du côté de l’Inde, des milliers de personnes ont été évacuées de Delhi alors que les pluies provoquaient des crues soudaines et des glissements de terrain. Ailleurs dans le pays, au moins 100 personnes ont été tuées par les averses.

Aux États-Unis, de fortes pluies soudaines ont fait des victimes dans le Vermont, le Connecticut et la Pennsylvanie avec des histoires tragiques d’enfants emportés par les inondations.

Feux de forêt et fumée 

Le faible taux de précipitation en Grèce et en Espagne a alimenté des feux de forêt difficiles à combattre. Aux îles Canaries, un incendie a fait évacuer 4000 personnes, d’autres ont dû porter des masques et 400 pompiers ont combattu les feux. 

Des conditions chaudes et sèches ont provoqué environ 160 incendies de forêt en Israël début juin.

Mais c’est dans des régions du Canada peu peuplées que les incendies ont vraiment fait parler d’eux. De rares incendies de forêt dans l’extrême nord du Québec ont déclenché des fumées nocives qui ont provoqué l’air le plus pollué du monde dans la province, mais aussi dans des villes comme New York et Washington, avant de se propager dans le Midwest.

À la fin juillet, plus de 600 incendies de forêt n’étaient pas maîtrisés au Canada. Un record de 123 000 kilomètres carrés a brûlé et la saison des incendies n’est pas près de se terminer. Cela représente une zone plus grande que l’État de Pennsylvanie ou la Corée du Nord.

Température de l’eau 

Les températures de l’eau dans les Keys de Floride et au large des Everglades ont atteint les 90 degrés Fahrenheit (30 °C), la baie de Manatee dépassant deux fois 100 °F dans ce qui pourrait être un record mondial non officiel de température de l’eau de surface, bien que cela soit contesté.

L’Atlantique Nord avait des points chauds qui ont alarmé les scientifiques. Les océans du monde dans leur ensemble ont été les plus chauds jamais enregistrés en juin et sont devenus encore plus chauds en juillet. En Antarctique, la glace de mer a brisé des niveaux records de réduction. 

Les températures de l’océan mettent beaucoup de temps à se réchauffer et à se refroidir, a indiqué Victor Gensini, professeur de météorologie à l’Université du nord de l’Illinois. Ça ne s’annonce donc pas bien pour le reste de l’été, a-t-il dit.

Prévision chaude 

«Nous prévoyons des températures supérieures à la normale pour les trois prochains mois», a déclaré Matt Rosencrans, météorologue au NOAA Climate Prediction Center.

Le seul soulagement potentiel qu’il voit, en particulier dans l’Atlantique et le golfe du Mexique, est le passage d’un ouragan ou d’une tempête tropicale.

Le pic de la saison des ouragans en septembre n’a même pas commencé.

Lorsque Michael Mann, climatologue à l’université de Pennsylvanie, a passé en revue la liste des extrêmes météorologiques de cet été, il n’a eu qu’une seule question à poser : «Comment diable pouvons-nous encore brûler des combustibles fossiles après avoir vu tout cela?»

– En collaboration avec la chercheuse Rhonda Shafner. 

La couverture climatique et environnementale de l’Associated Press (AP) reçoit le soutien de plusieurs fondations privées. L’AP est seul responsable de tout le contenu.