Les 87 ans du pape François et ses problèmes de santé soulèvent des inquiétudes

ROME — Le pape François a célébré dimanche son 87e anniversaire de naissance, clôturant une année de grands efforts pour réformer l’Église catholique et sur fond d’inquiétudes au sujet de sa santé et de son avenir en tant que souverain pontife.

Le pape François a célébré son anniversaire lors d’une audience festive avec des enfants et un gâteau dimanche matin. Il y avait également des bannières indiquant «Joyeux anniversaire» sur la place Saint-Pierre, dans la Cité du Vatican, lors de sa bénédiction hebdomadaire du midi.

Un des premiers cadeaux est arrivé samedi, lorsqu’un tribunal du Vatican a rendu un mélange de verdicts de culpabilité et d’acquittements dans un procès compliqué que le chef de l’Église catholique avait soutenu comme preuve de ses réformes financières. Le principal accusé, le cardinal Angelo Becciu, a été reconnu coupable de détournement de fonds et condamné à 5 ans et demi de prison.

«Ce fut toute une année pour un pape qui pense évidemment à ce qu’il va laisser en héritage et qui termine (son mandat)», a déclaré Christopher Bellitto, professeur d’histoire à l’Université Kean, dans l’État du New Jersey aux États-Unis.

Seuls sept papes sont connus pour avoir été plus âgés que François au moment de leur décès, selon la ressource en ligne Hiérarchie catholique. Le pape François se rapproche rapidement de l’un d’entre eux, le pape Grégoire XII, peut-être mieux connu pour avoir été le pape le plus récent à démissionner jusqu’à ce que le pape Benoît XVI démissionne à son tour en 2013.

Le pape Grégoire avait 88 ans et demi lorsqu’il a volontairement démissionné en 1415 pour tenter de mettre fin au schisme occidental, dans lequel il y avait trois prétendants rivaux à la papauté. 

Le pape François a déjà déclaré dans le passé qu’il envisagerait aussi de démissionner si sa santé le rendait incapable de continuer, mais il s’est ravisé plus récemment en affirmant que le travail du pape est pour la vie.

Une santé chancelante

Deux fois cette année, des problèmes respiratoires ont contraint le pape François à annuler sa participation à de grands événements: au printemps, une bronchite aiguë a mené à son hospitalisation pendant trois jours et lui a fait rater la procession du Vendredi saint au Colisée. 

Plus récemment, un nouveau cas de bronchite l’a forcé à annuler un voyage prévu à Dubaï pour participer à la conférence de l’ONU sur le climat. 

Le pape François a eu une partie d’un poumon enlevé lorsqu’il était un jeune adulte et il semble de plus en plus fragile aux virus respiratoires.

Il a été hospitalisé à nouveau en juin pendant neuf jours pour que les chirurgiens réparent une hernie abdominale et retirent le tissu cicatriciel des chirurgies intestinales précédentes.

Les hospitalisations ont notamment soulevé des questions sur sa capacité à poursuivre les voyages officiels que requiert la papauté moderne, explique David Gibson, directeur du Centre sur la religion et la culture à l’Université Fordham à New York.

«C’est une grande amélioration par rapport à l’époque où le pape n’était qu’un roi sur son trône entouré d’une cour royale, a-t-il dit. Mais avec de telles attentes, un pape peut-il gouverner jusqu’à ses 80 et même 90 ans et être efficace?»

Les problèmes de santé du pape François ont beaucoup retenu l’attention ces derniers mois, mais le reste de son pontificat est également étroitement surveillé, particulièrement depuis le décès de Benoît XVI le 31 décembre 2022.

Ce pape démissionnaire s’en est largement tenu à sa promesse de vivre «caché au monde» et de laisser François gouverner sans entrave, mais sa mort a enlevé l’ombre d’un pape plus conservateur pouvant regarder par-dessus l’épaule du pape François de l’autre côté des jardins du Vatican.

Sa mort a apparemment libéré l’actuel pontife pour accélérer son programme de réforme et réprimer ses adversaires de droite.

Le pape François a d’abord présidé la première réunion sur l’avenir de l’Église catholique. Le synode a pour but de rendre l’Église plus inclusive et plus sensible aux besoins des catholiques. La première session s’est terminée par des appels «urgents» à inclure les femmes dans les rôles décisionnels de l’Église. La prochaine phase est prévue pour octobre 2024.

«L’effort pour changer la nature rigide de la gouvernance dans le catholicisme est le principal projet de réforme de la papauté de François et son succès ou son échec sera probablement son principal héritage», a souligné M. Gibson.