L’astromobile indienne poursuit sa mission près du pôle Sud de la Lune

NEW DELHI — L’astromobile lancée sur la Lune par l’Inde a poursuivi sa mission, vendredi, quelques jours après l’alunissage historique qui a vu la sonde indienne se poser près du pôle Sud du satellite naturel de la Terre plus tôt cette semaine.

L’astromobile Chandrayan-3 devrait mener des expériences sur la Lune pendant 14 jours, notamment une analyse de la composition minérale de la surface lunaire, a indiqué l’Organisation indienne de recherche spatiale (OIRS).

«L’astromobile a parcouru avec succès une distance d’environ huit mètres, a annoncé vendredi l’OIRS. Toutes les charges utiles du module de propulsion, du module d’alunissage et de l’astromobile fonctionnent de manière nominale.»

L’appareil étudiera également l’atmosphère de la Lune et les activités sismiques, a indiqué le président de l’OIRS, S. Somnath.

«Ces expériences vont ouvrir la voie à de nouvelles recherches scientifiques sur la disponibilité de l’oxygène et de l’hydrogène à la surface de la Lune et pourraient nous donner une réponse directe ou indirecte quant à savoir s’il y avait de la vie sur la Lune», a souligné le ministre indien des Sciences et de la Technologie, Jitendra Singh, cité par l’agence Press Trust of India.

Pallava Bagla, qui a co-écrit plusieurs livres sur l’exploration spatiale indienne, a expliqué que l’astromobile se déplace à basse vitesse pour des raisons de sécurité, afin de minimiser les chocs et les dommages au véhicule sur une surface rugueuse et lorsque vient le temps de franchir des obstacles. La puissance de la batterie est également limitée.

Jeudi, M. Somnath a indiqué que l’alunisseur s’était posé près du centre de la zone de 4,5 kilomètres de large qui avait été ciblée. «Il s’est posé à moins de 300 mètres de ce point», a-t-il dit.

Après avoir échoué lors d’un alunissage en 2019, l’Inde a rejoint mercredi les États-Unis, l’Union soviétique et la Chine en tant que quatrième pays à avoir accompli cet exploit.

Le succès de cette mission met en valeur la position de l’Inde en tant que nouvelle puissance technologique et spatiale et correspond à l’image que le premier ministre Narendra Modi tente de projeter: celle d’un pays en plein essor qui confirme sa place parmi l’élite mondiale.

La mission s’est amorcée il y a plus d’un mois pour un coût estimé à 75 millions $US. M. Somnath a déjà fait savoir que la prochaine étape pour l’Inde serait de tenter une mission lunaire habitée.

De nombreux pays et entreprises privées s’intéressent à la région du pôle Sud de la Lune, car ses cratères ombragés en permanence pourraient contenir de l’eau gelée.

Si cela s’avérait, ces sources d’eau pourraient servir de source potentielle d’eau potable ou même de carburant pour des fusées lors des futures missions d’astronautes.

Cet accomplissement de l’Inde est survenu seulement quelques jours après que la fusée russe Luna-25, qui visait la même région lunaire, s’est écrasée.

Le chef de la société spatiale russe Roscosmos a attribué cet échec au manque d’expertise dû à la longue interruption des recherches lunaires qui a suivi la dernière mission soviétique sur la Lune, en 1976.

Active depuis les années 1960, l’Inde a lancé des satellites pour elle-même et pour d’autres pays. Elle en a aussi mis un en orbite autour de Mars en 2014.

L’Inde prévoit mener sa première mission vers la Station spatiale internationale l’an prochain, en collaboration avec les États-Unis.