L’Arabie saoudite et la Russie prolongent leur réduction de production de pétrole

LONDRES — L’Arabie saoudite et la Russie prolongent leur réduction de production de pétrole, dans le but de soutenir les prix — ce qui démontre comment deux des plus importants producteurs se démènent pour augmenter leurs revenus tirés des combustibles fossiles, alors que la demande, elle, s’est affaiblie avec l’économie chancelante.

La décision de prolonger la baisse de production a donné un léger coup de pouce aux cours du pétrole, lundi. Elle intervient après que les Saoudiens ont annoncé une forte réduction de la production pour juillet, lors de la dernière réunion de la «coalition OPEP+».

Le ministère saoudien de l’Énergie a annoncé lundi qu’il prolongerait jusqu’en août la réduction de 1 million de barils par jour décrétée en juillet, afin de soutenir «la stabilité et l’équilibre des marchés pétroliers». Cette décision devrait maintenir la production dans ce pays du Golfe à 9 millions de barils par jour.

Pendant ce temps, le vice-premier ministre russe, Alexandre Novak, a déclaré que son pays réduirait sa production de 500 000 barils supplémentaires par jour en août, selon des informations russes.

Ces réductions volontaires s’ajoutent aux réductions antérieures que le cartel pétrolier de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), dirigé par l’Arabie saoudite, et les producteurs alliés, dirigés par la Russie, ont convenu de prolonger jusqu’à l’année prochaine.

Mais ces réductions de l’offre n’ont guère stimulé durablement jusqu’ici les prix du pétrole, offrant aux consommateurs du monde entier un certain répit en cette période d’inflation galopante.

Le prix moyen d’un gallon d’essence aux États-Unis est inférieur à 3,50 $ cette année, en baisse de 1,30 $ par rapport à l’année dernière; il a chuté d’un autre cinq cents la semaine dernière.

Le brut américain de référence a gagné 77 cents lundi, à 71,41 $ US le baril, tandis que le brut de référence international Brent gagnait 70 cents, à 76,11 $. Les deux bruts de référence ont ensuite perdu une partie de ces gains.

Le brut américain, quant à lui, est déprimé depuis un certain temps: il a dépassé les 70 $ US le baril pour la première fois en cinq semaines vendredi dernier.

Le fait que les Saoudiens aient estimé qu’une autre réduction était nécessaire souligne les perspectives incertaines de la demande dans les mois à venir, alors même que les voyages reprennent. Les États-Unis, par exemple, ont connu un record absolu de passagers aériens vendredi dernier, premier jour du long congé du «4 juillet», fête nationale américaine.

Mais la faiblesse économique des États-Unis et de l’Europe suscite des inquiétudes, tandis que le rebond de la Chine après les restrictions liées à la COVID-19 n’a pas été aussi fort que beaucoup l’avaient espéré.

Les Saoudiens ont besoin de revenus pétroliers élevés et soutenus pour financer des projets de développement ambitieux visant à diversifier l’économie du pays. La Russie, quant à elle, cherche à augmenter ses revenus pour payer sa guerre contre l’Ukraine.

Les sanctions occidentales signifient que Moscou est obligée de vendre son pétrole à prix réduit à des pays comme la Chine et l’Inde. Ses revenus d’exportation estimés ont chuté en mai dernier de 1,4 milliard $ US, à 13,3 milliards $, en baisse de 36 % par rapport à il y a un an, a indiqué l’Agence internationale de l’énergie dans un rapport le mois dernier.

Combinée avec l’obligation antérieure de baisse, la production de la Russie en août sera réduite de 1 million de barils par jour. Mais le consultant Rystad Energy a déclaré en juin que Moscou n’avait baissé sa production que de 400 000 barils en mai, au lieu des 500 000 promis.