Les tabous sur l’autisme, c’est terminé!

SAINT-BERNARD. C’est un public touché droit au cœur qui a quitté le Centre municipal de Saint-Bernard, ce vendredi 16 février, alors que se tenait le Déjeuner de la Saint-Valentin du Crépuscule. Pour l’occasion, l’organisme recevait l’auteure et animatrice Mélissa Perron qui, avec sa conférence « Passeport pour une nouvelle vie! », a su raconter les hauts et les bas de son parcours en tant que femme autiste.

Enfance

Le récit commence dans son enfance, pas si tendre en raison de son père violent, mais aussi à l’école. Tout de suite, elle a su qu’elle était différente. Fort heureusement, elle n’a jamais vraiment vécu d’intimidation. « J’étais la petite sœur dont on prenait soin », a-t-elle imagé. Son père sera emporté par le cancer à l’âge de 41 ans; elle est alors âgée de 11 ans.

Au secondaire, la pénible émotion de constamment se sentir à part des autres est encore plus présente. Si les bons mots d’une enseignante à propos de ses talents en écriture lui feront beaucoup de bien, n’en demeure pas moins qu’une dépression la frappera de plein fouet. C’est là que l’enfer a débuté.

« On a commencé à me diagnostiquer des maladies mentales une après l’autre. […] Je pense que je suis un cobaye », était-elle découragée. Dans les deux années qui suivirent, elle prendra 13 sortes différentes d’antidépresseurs pour des maladies qu’elle n’avait pas. En secondaire 4, elle ne peut plus suivre la parade et elle abandonne ses études.

Après coup, elle décide d’arrêter subitement et complètement la médication. Sa santé mentale la remerciera, mais son corps la punira par de nouvelles allergies multiples et un diabète. Curieusement, c’est au moment où ses maladies sont devenues physiques qu’elle a commencé à se sentir prise au sérieux.

Vie d’adulte

À 21 ans, elle tombe enceinte. « J’ai accouché de ma fille en même temps que j’ai accouché de moi », a-t-elle commenté. Ses premières années « à intérêt restreint » pour son enfant lui feront beaucoup de bien, mais la dépression l’attendait dans le détour. C’est alors qu’une médecin lui pose une question claire pour la première fois de sa vie: « Est-ce que tu veux te suicider? » Par la force des choses, au fil des ans, elle rencontrera bon nombre de thérapeutes qui lui parleront de phobie sociale. « Je ne me reconnaissais pas », conclut-elle.

Un jour de 2017, en souhaitant se procurer un chandail « Différent comme toi » de la Fondation Véro & Louis, elle tombe sur une page web qui décrit les critères d’une femme autiste. « C’est ça! », s’était-elle dit. C’est ainsi qu’après avoir fait les évaluations nécessaires, le 22 juin 2018, elle reçoit son diagnostic. « Enfin! C’était comme un billet pour une nouvelle vie qui me disait: « Tu as le droit d’être là et tu as le droit d’être comme tu es » », a-t-elle pleuré de joie.

Il faut s’avoir qu’entretemps, notamment grâce à une collaboration avec le chef cuisinier Ricardo Larrivée, sa carrière en tant qu’artiste se déroulait à merveille. Désireuse d’effacer le côté encore tabou de l’autisme, elle a donc annoncé la nouvelle à ses quelque 15 000 abonnés Facebook. « J’étais fière! Ça faisait 38 ans que je me moulais aux autres. Maintenant, je veux être ce que j’ai toujours voulu être: auteure! »

Aujourd’hui, la femme de 43 ans peut se vanter d’avoir écrit quatre romans, dont un deviendra prochainement une série télé. « La pire des choses, c’est le tabou. On fait semblant que ça n’existe pas, mais posez des questions. […] Écoutez l’autre. Il ne faut plus jamais que ça tombe dans le tabou », a-t-elle complété.

Pour sa part, Élise Coutu du Crépuscule a soulevé que depuis 1992, la fondation a remis 1,9 M$ à la région afin de promouvoir et de soutenir financièrement les projets en lien avec les services de santé dispensés en Nouvelle-Beauce. Dans le même ordre d’idées, elle a annoncé que la 23e édition de leur tournoi de golf annuel aura lieu le jeudi 4 juillet prochain. « Pour redonner, il faut recevoir avant… », a-t-elle lancé.