Les élus accueillent positivement l’idée d’être protégés davantage

POLITIQUE. La ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest, a déposé, il y a deux semaine le Projet de loi 57, qui vise à protéger les élus et à favoriser l’exercice sans entraves de leurs fonctions. Celui-ci a deux objectifs, soit de mieux protéger les élus municipaux et les députés, ainsi que de favoriser une meilleure démocratie municipale, dans un contexte où plusieurs situations de menaces, d’harcèlement ou d’intimidation à l’endroit des élus ont fait surface.

La nouvelle est accueillie positivement par les élus, surtout pour protéger les personnes qui pourraient éventuellement s’impliquer en politique municipale. C’est du moins l’espoir que soulèvent plusieurs élus (es) à qui le journal a pu parler au cours des derniers jours.

Le maire de Saint-Alfred, Jean-Rock Veilleux a eu à composer avec des situations délicates dans sa localité, au cours des derniers mois. Lui aussi voit la chose d’un bon œil. Il aurait aimé que la loi permette d’en faire davantage. « Pour en avoir vécu de l’intimidation, je pense que le gouvernement aurait pu aller plus loin, être plus sévère. Il était temps qu’il se commette, car on voit que ça dérapait à certains endroits et beaucoup d’élus ont déjà quitté pour ces raisons », résume-t-il.

« En Nouvelle-Beauce, nous sommes quand même épargnés relativement à des événements comme ceux que l’on a vus. Notre population est généralement civilisée, même s’il y a des endroits où c’est plus agité par moment. Nous avons mis des délais pour les périodes de questions un peu dans ce sens, pour éviter les débordements. Il s’agit de bien gérer les consignes et les structures des deux côtés », résume le préfet de la MRC, Gaétan Vachon.

Des réalités différentes

La mairesse de Vallée-Jonction, Patricia Drouin croit, elle aussi, que la loi rendra la politique municipale davantage accessible. « Le projet de loi va surtout protéger les futurs élus. Malgré tout ça, on aura besoin de relève. C’est difficile de se lancer en politique. Il arrive que tu aies une perception et que tu n’anticipes pas le temps à investir, tu te rends compte qu’il y a une lourde bureaucratie, tu ne fais pas ce que tu veux quand tu le veux. Plusieurs le constatent que ce n’est pas toujours à notre niveau que ça bloque », résume-t-elle.

« On ne se fait pas trop brasser en Beauce, comparativement à ailleurs, mais j’en connais pour qui c’est difficile. Ils se font interpeler à l’épicerie et ce n’est pas toujours joli. Pour la relève qui s’en vient après nous, c’est un plus », a résumé le maire de Beauceville, François Veilleux.

Préfet de la MRC Beauce-Centre et maire de Saint-Victor, Jonathan V. Bolduc espère aussi que celle-ci aura un effet. « Je suis content de voir que le gouvernement fait quelque chose. Tout geste qui va inciter les gens à se présenter ou à rester en politique municipale est le bienvenu, même si des lois existaient déjà pour encadrer les menaces les plus graves. La seule chose est que si des gens devaient payer des amendes à la suite de menaces, c’est le gouvernement qui va percevoir la somme et non l’élu qui a été victime des menaces », fait-il remarquer.

Préfet de la MRC de Bellechasse et maire de Honfleur, Luc Dion espère que la loi aura un effet positif pour la relève. « Ce n’est pas un travail facile et personne ne va là pour le salaire. Si ça peut inciter des gens à s’impliquer, ce sera une bonne chose. Il y a une inquiétude pour la relève et on a vu plusieurs démissions, même chez nous. C’est un peu inquiétant, car on voit que ça brasse dans certaines localités. »

Quant au maire de Lac-Etchemin et préfet de la MRC des Etchemins, Camil Turmel, il souligne que la population et les élus ont la chance de vivre dans un contexte où les gens peuvent s’exprimer de différentes façons, que ce soit dans le monde municipal ou autre. « Il est cependant clair qu’il n’y a pas de place pour les écarts de conduite comme ceux que l’on peut constater dans certains milieux. Le respect des gens et des structures aura toujours sa place. Les mesures proposées ne peuvent qu’être aidantes », résume-t-il.

Ainsi, des amendes de 500 $ à 1 500 $ pourraient être émises pour sanctionner toute personne qui entraverait l’exercice de la fonction d’un élu municipal ou d’un député de l’Assemblée nationale, en le menaçant, en l’intimidant ou en le harcelant. Une seconde, de 50 $ à 500 $ pour toute personne qui causerait des désordres de manière à troubler le déroulement d’une séance du conseil d’un organisme municipal, pourrait aussi être imposée.