Les agriculteurs manifestent à Sainte-Marie
AGRICULTURE. Quelques centaines d’agriculteurs et d’agricultrices de la région Chaudière-Appalaches se sont réunis vendredi dernier à Sainte-Marie dans le cadre d’une mobilisation régionale devant illustrer les difficultés rencontrées par les agriculteurs de la région depuis quelques mois.
Un convoi de près de 120 tracteurs a pris le départ des bureaux du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) sur la rue Cameron avant d’emprunter le boulevard Vachon et finalement s’arrêter devant les bureaux du député de Beauce-Nord, Luc Provençal, où plusieurs intervenants ont pris la parole devant les manifestants.
Pour le président de l’UPA en Chaudière-Appalaches, James Allen, l’objectif de la mobilisation a été atteint. « Ça s’est très bien déroulé. Les producteurs ont été corrects, nous avons fait nos demandes et avons reçu un bel appui. »
Pour lui, plusieurs des difficultés vécues par les producteurs sont simples à régler. « Notre premier message a été d’avoir une réciprocité des normes. Il n’est pas normal que des produits entrent au Québec et ne respectent pas les mêmes exigences qui nous sont imposées à nous. On a aussi vu l’été dernier, avec la saison exécrable que l’on a connue, que nos programmes ne sont pas adaptés à ce type d’événement. Il faut que ces programmes servent les producteurs. »
Les exigences gouvernementales et environnementales, de même que la lourdeur administrative étaient aussi de l’agenda. « Les producteurs en ont trop. On remplit un formulaire pour un ministère et utilisons les mêmes données pour un ou deux autres, c’est illogique. Il faut avoir un échéancier et une limite. Quand j’ai commencé en agriculture, je n’avais même pas de permis de conduire et aujourd’hui à 60 ans, ça me prend un permis pour semer et pour l’obtenir, un agronome doit venir chez moi et il en manque des agronomes ».
Les élus à l’écoute
Attentif lors des discours, Luc Provençal a martelé que sa compréhension des revendications des agriculteurs et son écoute étaient acquises et qu’il portait les messages qui lui étaient transmis. « J’ai un comté à 93 % agricole et je suis un porte-voix des agriculteurs d’ici et d’ailleurs au Québec ».
Révision du système de l’assurance stabilisation (ASRA), la hausse des taux d’intérêt et un allègement de la règlementation, sont les principales revendications qu’il avait déjà notées parmi les préoccupations des producteurs. « L’allègement de la règlementation est un élément majeur que l’on doit travailler. Que l’on parle d’environnement, des pesticides, ou des visites d’agronomes, c’est majeur. Les zones inondables aussi, car il y a de belles terres qui longent la rivière Chaudière, en couper est un non-sens. Que les programmes soient gérés par la Financière agricole et non le MAPAQ en fait partie aussi. »
Il a également insisté sur l’importance de l’agriculture, non seulement pour la nourriture, mais aussi pour l’occupation du territoire et le dynamisme économique qu’elle apporte à une région. Il a également évoqué l’importance de la relève agricole. « Il faut faire le maximum sur ce que l’on peut explorer et surtout le faire rapidement. Il y a des gens en détresse économique. C’est bien d’avoir des programmes, mais pas qu’ils ne servent à rien. Il faut les revoir. Ça prend des gestes significatifs rapides ».
Député de Beauce-Sud, Samuel Poulin était également présent à la manifestation. « Je rencontre des agriculteurs chaque semaine et on ne peut rester indifférents à leur réalité. Est-ce qu’on améliorer les choses, c’est sûr. Est-ce que c’est toujours financier ? Non, car il y a des enjeux règlementaires. Il faut que ce soit une priorité », a-t-il insisté.
Il a ajouté que la relève allait être un défi, au cours des prochaines années. « On a eu des crises à différents moments et pour encourager la relève, il faudra les aider davantage et créer un meilleur climat. Ça va de la règlementation aux différents programmes à leur application. Tout le gouvernement veut que ça avance et que ça progresse. Une manifestation comme celle-là ne fait que nous encourager à faire notre travail. »
Il estime qu’il y a eu de bons coups de faits par le gouvernement dans le passé, mais que d’autres gestes doivent être posés. « Si on a un bon programme, mais qu’il y a une règlementation qui vient nuire, ça devient difficile. La situation économique est difficile, nous en sommes conscients, et l’agriculture fait partie de notre économie. Déjà, je pense qu’il y a des annonces qui devraient plaire au milieu agricole bientôt. »
Il a toutefois saisi la balle au bond et interpellé Ottawa à aussi jouer son rôle. « Le gouvernement fédéral doit aussi entendre le message des agriculteurs. Même si des enjeux doivent être réglés par Québec, certains relèvent du fédéral, dont tout ce qui a attrait à l’international. »
Luc Provençal ajoute que les exigences imposées aux agriculteurs les empêchent d’être compétitifs. « C’est par un allègement qu’on va réussir. Si on en ajoute constamment, ils ne peuvent pas évoluer et gagner leur vie. Un message sur l’ASRA a aussi été lancé et il faut l’entendre. »