La Broche à Foin: déjà 10 ans

SCOTT. La Broche à foin soulignera ses 10 ans à la fin du mois de juin prochain. L’endroit est devenu un incontournable pour les soirées bien arrosées, que ce soit pour un anniversaire, un party de bureau, ou tout autre événement où la fête semble assurée et où à 23 h, tout est terminé.

L’établissement situé à Scott n’a rien d’extravagant. Un aménagement simple, dans une grange qui abritait autrefois le poulailler d’une ferme expérimentale. La recette, un simple souper entre amis, suivi d’un spectacle impliquant des pianistes qui font le voyage de la Californie, les Dueling Pianos, et la personnalité de l’hôte, Marie-Pierre Simard, dont l’énergie et la convivialité sont indéniables.

Cette dernière se souvient très bien de ses débuts, racontant son histoire chaque soir d’un événement. « J’ai acheté cette maison à l’âge de 25 ans, c’était l’Auberge des Fleurs à l’époque. J’ai toujours voulu faire quelque chose dans la grange. Je travaillais jour et nuit depuis l’âge de 12 ans et je voulais travailler pour moi. J’ai choisi d’être tenancière, d’acheter cette maison-là, datant de 1829 et rose fuchsia. Quand tes parents t’ont payé tes études, quatre appartements, deux baccalauréats et trois voitures, inutile de dire qu’ils étaient un peu découragés que ce soit mon choix de carrière », explique-t-elle dans sa façon colorée de résumer les choses.

Elle dit avoir opéré le gîte L’Aubergine pendant huit années avant de se lancer dans la transformation de la grange en question. « J’ai appris à recevoir des petits groupes, une clientèle locale. La grange, c’était mon cabanon. J’avais reparti le Festival de l’Épi (à Scott) à ce moment-là, alors j’étais habituée de recevoir du monde. Chaque fois que je venais tondre ma pelouse, je me disais qu’il y avait quelque chose à faire. Je trouvais ça beau. »

L’émergence de la Broche

Son 30e anniversaire de naissance allait être l’événement déclencheur. « On a fêté ça ici. Mes amies m’avaient organisé un « En direct de l’Univers ». Nous étions 90 et ça avait duré des jours. Je ne savais toujours pas quoi faire, mais je voyais le potentiel. »

En couple avec le chanteur Bob Bissonnette à l’époque et jusqu’à son décès en 2016, Marie-Pierre Simard avoue que celui-ci a été au cœur de la naissance de la Broche à Foin et de son identité.

« Nous étions à San Diego en Californie et après un match de baseball, nous nous sommes rendus dans un bar où il y avait une foule à l’entrée en plein après-midi. C’était un spectacle de Dueling Pianos, alors nous sommes entrés. C’est là que mon chum m’a dit, c’est ça que tu dois mettre dans ta grange. Il est allé voir le chanteur pour lui offrir de venir en Beauce et il a dit oui. »

Loin de se douter que sa réponse était sérieuse et que ce spectacle allait devenir son produit d’appel, Marie-Pierre Simard a finalement eu des nouvelles trois semaines plus tard. « J’avais acheté deux billets d’avion San Diego – Montréal pour le 6 juin 2014. J’avais loué deux pianos à queue d’un monsieur de Lévis qui était venu me les livrer. J’ai acheté le pavé uni d’un voisin qui défaisait le sien pour replacer ça ici. J’ai aussi acheté les vieilles tables du Journel, tout ça pour pouvoir accueillir 90 personnes. Je n’avais pas le choix si je voulais rentabiliser tout ça, il fallait que ce soit propre. »

Co animatrice à la radio avec Stéphane Dupont à l’époque, ce dernier lui a demandé, en ondes, quel était son projet. C’est ensuite que la chose a fait boule de neige. « J’ai commencé à raconter ça en ondes et mon téléphone s’est mis à sonner. En 20 minutes, j’avais comblé mes 90 places pour deux soirs. J’étais contente, mais avais encore peur que des gens ne viennent pas, je n’avais que des réservations sur l’honneur. »

Presque 10 ans plus tard, les Dueling Pianos ont maintenant livré plus de 300 représentations dans la petite grange de Scott, en plus d’avoir visité quelques festivals de la région au cours des dernières années. « Ça ne devait être qu’un week-end, mais ça a tellement bien marché que Bob et moi avons regardé la possibilité d’en faire d’autres événements du genre, on connait la suite. »

Une identité bien à elle

La Broche à Foin emploie aujourd’hui 22 personnes, toutes de la région. « J’ai engagé des jeunes du village et du Festival de l’Épi pour venir travailler ici au début. J’allais les chercher à l’école pour qu’ils viennent servir les dîners et j’allais les reconduire. Mon staff est très « friendly ». J’ai des nouveaux, je suis à la deuxième génération de personnel. Je répands ma personnalité à toute mon équipe. Mon personnel, c’est une machine de guerre. Ils connaissent l’identité de la place et souvent, attendaient pour travailler ici », illustre-t-elle.

« Une de mes employés travaillait dans une garderie, un autre au club de golf. On reçoit 200 personnes par soir, 95 soirs dans l’année. C’est réservé six mois à l’avance. Plus de 300 000 personnes ont vu le spectacle dans ma petite cabane et je demande chaque soir qui est là pour la première fois. Au moins la moitié de la salle lève la main. Ce sont des gens qui sont venus qui en amènent d’autres », résume-t-elle.

Si sa personnalité est au cœur de l’identité de l’endroit, Marie-Pierre Simard avoue que celle de son complice d’alors trône inévitablement autour de l’endroit également. « C’est Bob qui a fait le premier contact avec les musiciens. Les premiers soirs, il était présent et voulait que tout aille bien, que les gens soient bien, épanouis. J’organisais déjà plein de choses, mais c’était un visionnaire et il m’épaulait là-dedans. Sa photo n’est pas ici pour rien », rappelle-t-elle en jetant un coup d’œil vers le bar principal.

Dix ans plus tard, l’endroit semble toujours le même, mais quel est l’avenir de la Broche à Foin dans 5 ans ou même dans 10 ans? Marie-Pierre Simard avoue avoir de la difficulté à répondre. « La flamme est la même qu’il y a 10 ans. Le désir de faire la fête, de s’amuser, de voir les gens s’amuser. Ce qui est beau ici, c’est que c’est un endroit démocratisé, il n’y a pas d’espace VIP. Les gens redeviennent ce qu’ils sont fondamentalement. Dans 10 ans, ça aura l’air de quoi? Je ne sais pas. Il y aura toujours de la place pour s’amuser. »