Hausse marquée de la marge de détail en Chaudière-Appalaches

ESSENCE. La Régie de l’énergie a publié un second rapport sur la situation du prix de l’essence, se penchant cette fois davantage sur la Chaudière-Appalaches et ses sous-régions.

On y apprend notamment que Chaudière-Appalaches arrive en deuxième position parmi les régions administratives en ce qui a trait à la hausse de la marge de détail estimée nette entre 2018 et 2023. Celle-ci est passée de 0,73 cent le litre à 7,06 cents le litre, soit une différence de 6,33 cents. Elle a particulièrement augmenté entre 2021 et 2022, passant de 2,66 cents à 6,67 cents.

Bien qu’on n’y retrouve pas les prix les plus élevés au Québec en 2023, Chaudière-Appalaches est l’une des trois régions pour lesquelles l’augmentation des prix est la plus significative depuis les cinq dernières années. Depuis 2018, les prix moyens affichés de l’essence ordinaire dans la région de Chaudière-Appalaches ont augmenté de 43,83 cents/litre, pour s’établir à 169,47 cents/litre. 

C’est à Lévis, secteur Chaudière, que les marges de détail estimées moyennes sont les plus élevées en 2023 à 15,42 cents le litre. La MRC Lotbinière est deuxième à 13,09 cents le litre, tandis que le regroupement des MRC Les Etchemins, Montmagny et L’Islet se situe en troisième à 12,59 cents le litre. Pour ce qui est des MRC Beauce-Centre et Beauce-Sartigan, la moyenne pour 2023 est de 11,93 cents le litre. Seules les MRC La Nouvelle-Beauce (6,31 cents en 2023) et Bellechasse (9,09 cents en 2023) se retrouvent sous la moyenne provinciale depuis 2022.

De plus, le rapport fait état d’une augmentation de la part de marché détenue par les cinq plus grands distributeurs en Chaudière-Appalaches, qui atteint 79 % du volume des ventes en 2022, une hausse de 15 points de pourcentage par rapport à 2016.

Ces points font dire au député de Beauce-Sud, Samuel Poulin, qu’il avait raison lorsqu’il était sorti publiquement en juin dernier pour demander une enquête du Bureau de la concurrence. Cette enquête est d’ailleurs toujours en cours.

La Régie note qu’à l’exception de la MRC La Nouvelle-Beauce, dont les ventes en volume ont augmenté de 7,4 ML (soit 11,7 %), toutes les sous-régions de Chaudière-Appalaches ont connu une baisse de leurs volumes de ventes entre 2019 et 2022. Cependant, la baisse des ventes en volume ne semble pas corrélée avec la baisse du nombre d’essenceries. Dans la MRC de Lotbinière, le nombre d’essenceries a augmenté de 5,6 % pendant que les volumes de vente ont baissé de 26,2 %. Dans la MRC de La Nouvelle-Beauce, les ventes ont augmenté de 11,7 %, alors que le nombre d’essenceries a baissé de 4,2 %.

Rencontre avec les distributeurs

Une rencontre entre le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, M. Poulin, et les représentants de quatre des cinq principaux distributeurs, soit Couche-Tard, Sobeys, Pétroles Cadeko et Harnois Énergies, a eu lieu à ce sujet le 28 novembre. Les autres députés de Chaudière-Appalaches n’y ont pas pris part.

« Nous n’avons pas eu les réponses que nous voulions, mais j’ai senti une ouverture de leur part », a commenté M. Poulin au lendemain de cette réunion. Les distributeurs ont notamment évoqué le fait que certains commerces ne dépendent que de la vente d’essence pour être profitables.

Ils ont également proposé de présenter leurs livres lors de rencontres individuelles puisqu’ils ne peuvent pas le faire devant leurs concurrents.

Au terme de celle-ci, M. Fitzgibbon a annoncé qu’un vérificateur allait être embauché. Son rôle sera de mieux expliquer les prix à la pompe au Québec, et en priorité dans la Capitale-Nationale et en Chaudière-Appalaches. « Les données pourraient être publiées sur un site Internet autorisé par exemple. Il devra aussi rencontrer les essenceries pour comprendre comment le prix est fixé », a ajouté le député de Beauce-Sud.

Ce dernier évoque la possibilité qu’un trop grand nombre d’essenceries sur le territoire puisse avoir entraîné les marges au détail à la hausse. Un plus grand nombre de stations-service ferait diminuer le nombre de clients qui vient faire le plein dans chacune d’elles et entraînerait une hausse de la marge pour rester profitable, estime-t-il.

M. Poulin insiste en terminant qu’il ne veut pas un rabais sur l’essence, mais de la concurrence. « Ce n’est pas normal que le prix à la pompe soit toujours le même dans toutes les stations-service à Saint-Georges », conclut-il.