Des milliers de personnes convergent vers la Beauce
SCIENCES. La Beauce a eu droit à un spectacle rarissime ce 8 avril, alors que le Soleil s’est retrouvé caché derrière la Lune pendant environ deux minutes et demie. Des milliers de personnes ont afflué vers Saint-Georges et les alentours pour ne pas manquer l’éclipse totale, la première à traverser le Québec depuis 1972.
Le Club d’astronomie de Saint-Georges s’est donné rendez-vous près du Carrefour dès 13 h 30 pour assister à l’ensemble des phases de l’éclipse solaire totale. La Fédération des astronomes amateurs du Québec, des membres de l’Observatoire du Mont-Cosmos et des étudiants du Département de physique de l’Université Laval étaient également sur place. Les participants ont eu l’occasion de discuter du phénomène avec les astronomes amateurs, en plus de tester des télescopes avec filtres solaires.
Benoit Bélanger, membre du Club d’astronomie de Saint-Georges, estime à plus de 10 000 le nombre de personnes s’étant déplacées au Carrefour. Près de l’ensemble des 12 000 lunettes disponibles ont été distribuées. « Je suis surpris d’un tel achalandage. Je m’attendais à avoir du monde, mais pas autant que ça. On a des gens de Québec, de la Rive-Sud et du Bas-du-Fleuve. On a vraiment beaucoup de gens ici. C’est assez incroyable. »
« Je suis très impressionné par l’engouement. On m’appelait la veille et je ne pensais pas que les gens allaient se déplacer pour quelque chose de deux minutes et demie. Finalement, j’ai rencontré du monde qui provenait de la Norvège et de Québec juste pour l’éclipse. Je leur ai dit de revenir cet été. Notre ville est remplie de beaux événements à ne pas manquer », a ajouté le maire de Saint-Georges, Claude Morin.
Un spectacle émouvant
Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, s’est lui aussi rendu dans le sud de la Beauce pour assister au spectacle. Accompagné du député de Beauce-Sud, Samuel Poulin, il était à l’école la Passerelle, située sur le boulevard Lacroix à Saint-Georges.
L’électricité était palpable a mentionné M. Drainville, en parlant de l’ambiance qui régnait dans la cour de l’école. « On aurait pu éclairer Saint-Georges tout entier », a imagé le ministre. « C’était excitant et émouvant. Ce n’était pas difficile de retrouver son cœur d’enfant », a-t-il ajouté.
Questionné au sujet de la décision de plusieurs centres de services scolaire du Québec de décréter une journée pédagogique le jour de l’éclipse, M. Drainville n’a pas voulu leur jeter de blâme. « Les directions en sont venues à la conclusion que pour des raisons de sécurité, surtout pour des raisons de sécurité, il valait mieux fermer l’école et remplacer la journée par une journée pédagogique. Je respecte cette décision », a-t-il indiqué, tout en soulignant le déroulement sans anicroche de l’événement à l’école la Passerelle.
Le Centre de services scolaire de la Beauce-Etchemin (CSSBE) est pour sa part resté ouvert ce 8 avril. La conseillère pédagogique en sciences du CSSBE, Chantal Poulin, a élaboré plusieurs activités pour les enseignants de toute la région. « Je formais les enseignants, leur donnais des informations, des ressources pédagogiques et des activités qu’ils pouvaient faire avec les enfants », a-t-elle précisé.
Ces activités se servaient du contexte de l’éclipse pour enseigner la matière à voir, que ce soit en histoire, en mathématiques ou en sciences pour ne donner que quelques exemples. Une classe a également organisé une sorte d’expo-sciences entièrement dédiée à l’éclipse. Les sujets comprenaient, entre autres, la place du phénomène dans différentes civilisations, son impact sur les animaux et la baisse de température.
Bien comprendre le phénomène
L’éclipse totale n’a duré qu’environ deux minutes et demie, mais a su émerveiller le visage de nombreuses personnes. Le plus fort du phénomène, où les gens ont pu assister à un coucher et un lever de soleil en quelques secondes seulement, a commencé vers 15 h 30. « Le monde s’est déplacé pour simplement voir la Lune passer devant le Soleil. En vrai, c’est un phénomène assez spécial, car il est plutôt rare que l’alignement entre la Terre, le Soleil et la Lune soit parfait », explique Maxime Royer, candidat au doctorat en astrophysique à l’Université Laval. Auparavant, les gens ont pu observer la phase de l’éclipse partielle, où seulement une partie de la Lune cachait le Soleil.
La prochaine éclipse totale du Soleil est prévue en mai 2079 au Québec, dans la région des Îles-de-la-Madeleine ainsi que dans les Maritimes. Dans le sud de la province, peu de personnes pourront revivre une telle expérience, alors que ce phénomène céleste n’est prévu qu’en mai 2106. « Pour vous donner une idée, il y a entre deux et cinq éclipses partielles, annulaires ou totales dans une année. Ce qui est unique avec ce que l’on a vécu aujourd’hui, c’est sa trajectoire. On ne verra ça qu’une seule fois dans notre vie en Beauce », a conclu M. Royer, également vice-président du Mont-Cosmos à Saint-Elzéar.
* Avec la collaboration de Sébastien Roy