Couvoir Scott: le bien-être animal, un mode de fonctionnement

ALIMENTATION. Le terme bien-être animal n’est plus seulement une expression ou une obligation de respecter les lois, mais un incontournable du fonctionnement du Couvoir Scott, une entreprise spécialisée dans le domaine de la production de poussins pour les producteurs avicoles. Son slogan  » Générateur de qualité  » n’a jamais été aussi vrai.

À preuve, l’entreprise s’est lancée, au cours des dernières années, dans un élan vers le bien-être animal non pas par obligation, mais dans un souci de performances et de résultats. Directeur des fermes de reproduction au Couvoir Scott, Jérémy Lavoie explique que l’entreprise a toujours en tête cinq critères pour mener à bien ses opérations et autour desquels sont inspirés les programmes.

« Les critères du bien-être animal sont toujours les mêmes, soit l’absence de faim, de soif ou de malnutrition, l’absence de peur et/ou de détresse, l’absence de stress physique ou thermique, l’absence de douleurs, de lésions ou de maladies et enfin, la possibilité pour l’animal d’exprimer des comportements normaux pour son espèce », résume-t-il.

Une politique de bien-être animal a été mise en place l’an dernier et inclut des formations et des mesures disciplinaires appropriées chez les employés, uniquement dans l’objectif de favoriser le bien-être des animaux. L’alimentation des oiseaux fait aussi partie de toutes ces recherches. Une attention particulière est aussi portée pour que chaque oiseau ait la même portion qu’un autre. L’alimentation est ainsi testée tous les jours.  

« On travaille avec des oiseaux de reproduction et nécessairement, les coqs et les poules doivent avoir une génétique qui va favoriser un gain de masse et de chair rapide. Notre rôle est de nous assurer que ces animaux ne gagneront pas trop de poids, même si leur génétique le favorise, et qu’ils gardent un taux de reproduction suffisant. Nous avons adapté leur alimentation en conséquence. »

Peu de technologie

Avec la législation sur le bien-être animal, Couvoir Scott cherche constamment à mieux connaitre l’animal, autant dans sa biologie que son comportement. L’endroit compte 17 poulaillers de ponte et huit poulaillers d’élevage. On y héberge tout de même 200 000 poules de reproduction et 20 000 coqs constamment dans les bâtiments. On y incube 33 millions d’œufs annuellement.

La séparation des volailles, selon leur poids à titre d’exemple, a été mise en place au cours de la dernière année, note M. Lavoie. L’alimentation quotidienne et contrôlée fait régulièrement l’objet de tests et de prises de données. « On utilise un peu de technologie, mais dans une moindre mesure qu’ailleurs. Sur cet aspect, on divise les animaux selon leur poids, ce qui permet d’éviter les conflits et favoriser, au besoin, la croissance des plus petits ou l’inverse. Tout ça pour éviter le stress et favoriser la production. »

Il ne se cache pas pour dire que l’élément économique vient naturellement dans l’équation en matière de bien-être animal, mais que l’investissement en vaut généralement la peine. « Nécessairement, si tu donnes à tes animaux ils vont de le rendre. Tout type de stress chez un animal va naturellement engendrer des pertes de performance. Dans l’industrie avicole, notre défi est de travailler avec une population d’individus contrairement à l’industrie laitière où on compose avec les vaches individuellement. C’est nécessairement d’essayer de maintenir chacun des oiseaux près d’un poids moyen. »

En progression

Les procédés sont originaux et en constante évolution. Il serait prétentieux pour le Couvoir Scott de prétendre avoir atteint son apogée. « On travaille régulièrement avec des stagiaires qui eux, ont des projets. L’un des plus récents est un projet de perchoir, car on sait que le comportement naturel d’un oiseau est de se percher. Nous avons essayé autant les perchoirs de plastique, de bois ou de métal, mobiles ou fixes, carrés ou ronds, selon l’heure de la journée, si les mâles ont le même comportement que les femelles, et autres. »

L’entreprise a même des tests d’enrichissement parmi son arsenal, là encore pour répondre au confort des animaux. « Nous avons accroché des têtes de moppe, des assiettes en aluminium, des bouteilles de plastique avec de la nourriture, des blocs à picorer, de la musique, et bien des choses, là encore pour réduire le stress des animaux. On essaie de répliquer l’environnement naturel d’un oiseau, jusqu’à un certain point. On cherche même à reproduire le lever et le coucher du soleil avec de l’éclairage. On espère essayer de leur faire croire que c’est toujours le printemps pour favoriser certains comportements. »

Dans un souci de tout mettre en œuvre, Jérémy Lavoie ajoute que tous les animaux ont un comportement nuptial, ce que souhaite encourager le Couvoir Scott. « En élevage, dans un environnement trop dense, ce comportement est perdu. En donnant de l’espace à l’oiseau et en réduisant le stress, on recommence à voir ces comportements et tout ça se traduit à plus de performance. »

Dans son domaine, Couvoir Scott est une institution de 92 ans. Si des méthodes d’hier étaient efficaces, les rejeter sous le prétexte de la modernité n’est peut-être pas une bonne idée selon lui. « Nos ancêtres savaient beaucoup de choses et certaines ont été perdues. Il y a plusieurs années, les oiseaux allaient dehors et avaient de l’espace. Ils picoraient, avaient des perchoirs, des vers et des insectes. On cherche à réintroduire certaines de ces choses. On travaille d’ailleurs sur la production d’insectes qui offrent certaines propriétés alimentaires intéressantes pour le système immunitaire des animaux, à titre d’exemple. »

Il y a eu une courbe où les productions sont devenues intenses et nous avons atteint le maximum d’efficacité et certaines méthodes sont remises en question. On essaie de reprendre ce qui était idéal pour l’adapter en situation commerciale.