Pornographie juvénile: Jacques Poulin cherchait à démasquer des pédophiles

Marie Bernard, 11 ans, rencontrait des hommes dans la cinquantaine sur Internet. En fait, Marie était un personnage inventé de toutes pièces par Jacques Poulin, 64 ans de Saint-Georges (précédemment de Beauceville). Selon ce qui a été raconté, ses « admirateurs » lui avaient envoyé des photos de pornographie juvénile, que M. Poulin a conservées, selon ses dires, sans le savoir. Son procès a eu lieu le jeudi 6 octobre dernier au Palais de Justice de Saint-Joseph.

Rappelons que l’accusé avait été arrêté en février 2014, après qu’il ait demandé à une employée du Canadian Tire de lui montrer comment fonctionne sa clé USB sur sa tablette électronique. Ladite clé comprenait alors 66 fichiers de pornographie juvénile. Selon l’employée, il aurait ensuite repris tout de suite sa tablette et changé de sujet.

« C’est impossible. Je ne suis pas un pédophile et je ne suis pas aux petits enfants. Si vous avez trouvé quelque chose, ça doit faire énormément longtemps que c’est là », a été la première réaction de M. Poulin lors de son interrogatoire.

Il a expliqué ensuite qu’avec les conseils de gens de la Sûreté du Québec, dans le détour de l’an 2000, il avait inventé Marie Bernard afin de parler à des hommes adultes sur MIRC (ancien logiciel de clavardage). Cette pratique a permis l’arrestation d’individus en 2007, 2009 et 2012. Il faut mentionner cependant qu’en 2007, un enquêteur lui avait demandé « d’arrêter de jouer à la police », ce qu’il n’avait écouté qu’à moitié.

« Sur l’ordinateur, il n’y avait pas plus menteur que moi. Mes histoires étaient bien montées », dit-il, en assurant n’avoir envoyé aucun fichier et n’avoir jamais fait de proposition directe à ses interlocuteurs. Ceux-ci par contre lui ont envoyé plusieurs fichiers, dont une photo retrouvée sur son ordinateur (il nie l’avoir), 66 photos sur la clé mentionnée (il les nie également), 26 fichiers vignettes sur la tablette (il ne s’est pas prononcé) et six autres sur une seconde clé USB. « Ce n’est pas des photos que j’ai prises, je suis sûr qu’elles avaient disparu », a-t-il poursuivi.

À sa défense, son avocat Sébastien St-Laurent a soulevé qu’il s’agit d’une clé de 512 Mo, qui ne se vend plus depuis très longtemps. De plus, Jacques Poulin l’aurait sortie du fond du tiroir parce que sa clé habituelle avait brisé. Enfin, celle exhibée à l’accusé n’était pas la sienne à son avis, puisqu’elle n’était pas abimée dans un coin (depuis l’incendie de sa maison en 2011). Toutefois, la remarque n’a pas semblé convaincre la cour.

Ainsi, défense et accusation feront valoir leur point de vue lors des plaidoiries, qui auront lieu le 8 novembre.