Meurtre de Hygin Veilleux: Jean-François Roy « déconnecte »

C’était au tour de Jean-François Roy lui-même de témoigner dans son procès pour meurtre, le mardi 6 juin dernier. S’il est à ses dires d’un naturel passif et anxieux, son cerveau sans médication se retrouverait parfois dans des « délires » qui le feraient agir contre sa volonté et même sans en être tout à fait conscient.

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Selon son récit, depuis l’âge de 16 ans, idées noires et réelles tentatives de suicide se succèdent. Constamment, il se retrouverait dans des « up and down », un jour prêt à se trouver du travail, l’autre jour désireux de demeurer seul dans son logement.

Or, lorsqu’il manque de médicaments et de stupéfiants, son esprit vagabonderait et le ferait commettre des gestes incontrôlables. Fraudes au guichet automatique, achats impulsifs avec la carte de guichet de son ex-conjointe (2013), quitter la maison de sa sœur en pleine nuit (été 2014) avec la voiture de sa mère, etc.

La nuit précédant le décès d’Hygin Veilleux en novembre 2014, le Georgien se souvient d’avoir déconnecté à plusieurs reprises, car lorsqu’il revenait à lui, il se souvenait des idées meurtrières que son délire lui avait suggérées. « Dans la vidéo de l’interrogatoire de police, pour tout le monde, j’ai l’air normal, mais quand je suis sûr un "high", je deviens excessif. […] Juste faire le geste à travers le monde montre que je n’étais pas tout là », a-t-il affirmé.

En contre-interrogatoire, le procureur de la couronne François Godin croit plutôt que ne pas avoir mentionné son nom à la compagnie de taxi, qu’il ait pensé à apporter des vêtements de rechange, qu’il ait roulé 16,2 km sans embûche et qu’il se soit stationné à plusieurs rues de chez lui sont des indices qu’il était pleinement conscient de son geste.

En réponse, le Georgien a laissé entendre que s’il avait été parfaitement logique, il se serait débarrassé des vêtements ensanglantés et de l’arme du crime, et qu’il n’aurait certainement pas laissé une note incriminante dans sa chambre (note qu’il ne se souvient pas avoir écrite).

Ainsi, la position de l’avocat de la défense Gabriel Michaud-Brière est que Jean-François Roy aurait tué Hygin Veilleux par automatisme en raison de troubles mentaux. Pour le démontrer, demain, seront appelées à la barre la psychiatre France Proulx (qui a tout entendu du présent témoignage) de même qu’Aline Mathieu, mère de l’accusé.

Si la thèse de l’automatisme était écartée, Me Michaud-Brière espère que la preuve apportée aidera les membres du jury à bien déterminer le degré de responsabilité de son client.

« Je suis désolé. Je sais que mes mots ne changeront rien, mais si je pouvais donner ma vie pour qu’il revienne, je le ferais n’importe quand », a lancé Jean-François Roy à l’attention des proches de la victime.