Fraude municipale: le procès d’Odette Poulin commence

Les premiers témoins ont été interrogés le mercredi 22 février dernier au Palais de Justice de Saint-Joseph, dans le dossier de l’ex-directrice générale de la municipalité de Saint-Louis-de-Gonzague Odette Poulin. La dame de 57 ans est accusée d’abus de confiance et d’usage de faux documents.

Rappelons que les accusations se concentrent sur un événement en particulier, soit un ancien projet de réfection de la façade de l’hôtel de ville de la municipalité concernée, dans lequel Mme Poulin aurait utilisé les services de l’entrepreneur Michel Rodrigue, 52 ans de Saint-Prosper, sans passer par un processus d’appel d’offres.

Entre autres témoignages, a été étudié celui de l’ancienne mairesse Sylvie Lajoie. Selon ses dires, l’accusée lui avait demandé dès son entrée en fonction (novembre 2013) de lui fournir des chèques en blanc afin de diminuer les attentes dans les dépenses municipales. Mme Lajoie lui aurait alors répondu qu’elle souhaitait être au courant des dépenses.

Dans la même période, la directrice aurait déposé différentes factures sur le bureau de la mairesse, incluant un montant à payer de 11 497,50 $ à l’entreprise d’armoires de cuisine Concept AMA de Saint-Prosper appartenant à François Paré. Ce dernier a d’ailleurs obtenu une absolution inconditionnelle au mois de septembre dans cette histoire, après avoir plaidé coupable. Son implication se limitait à prendre les sous et à les redonner à M. Rodrigue.

L’ancienne mairesse étant désireuse d’obtenir des explications ainsi que des pièces justificatives, l’accusée aurait alors admis que la facture était fausse, mais qu’elle craignait de se faire « taper sur les doigts », car une somme plus grande (supérieure à 25 000 $) à Michel Rodrigue aurait nécessité de passer par un processus d’appel d’offres. « Tu n’as pas le choix. Les travaux ont été faits avant que tu sois mairesse et il faut payer l’entrepreneur », aurait finalement soufflé Mme Poulin pour convaincre Sylvie Lajoie. Celle-ci a finalement accepté d’apposer sa signature, avant de contacter différentes autorités.

Autre phénomène, qu’a corroboré plus tard le témoignage de l’architecte Marie-Lise Leclerc, c’est que les travaux semblent avoir été faits par petits projets. Un chèque pour les fenêtres ou un autre pour la cloison extérieure par exemple, auraient permis de faire plusieurs paiements à M. Rodrigue sans que chacun d’eux ne dépasse la barre légale des 25 000 $. « Un projet municipal administré en gérance et non par appel d’offres, je n’ai jamais vu ça et ça fait 14 ans que je fais ça », était surprise l’architecte.

Qui plus est, Mme Leclerc avait d’abord conçu des plans du projet en deux phases (182 000 $ et 97 000 $ respectivement) pour des soumissions, mais Odette Poulin lui aurait ensuite demandé de réaliser un plan pour la construction et de jumeler les deux phases en une seule. « Normalement, c’est ici que j’accompagne les municipalités lors du processus d’appel d’offres et que je réponds aux questions de possibles sous-traitants, mais là, je n’en ai pas entendu parler. »

La suite du procès sera entendue le jeudi 16 mars prochain. Quant à Michel Rodrigue, il connaîtra la date de son retour devant le juge le 3 mars prochain.