«L’histoire des Chassé, c’est aussi l’histoire de nos employés»

CULTURE. Gilbert Chassé lance un livre sur l’arrivée des Chassé en Nouvelle-France jusqu’aux descendants beaucerons.

Sainte-Marie détient peu de familles qui ont eu autant d’impact dans son histoire. Après les Taschereau, la famille Chassé a laissé sa marque dans l’économie locale. L’entreprise, près de la rivière du même nom, aurait fêté 140 ans d’opérations en 2017.

Naissance d’un opus

Gilbert Chassé a travaillé pendant trois ans sur le récit historique «Les Chassé en Beauce». L’idée est d’abord venue d’un voisin, Claude Jacques, membre du club Mariverain de Généalogie. «Quand il me voyait, il me demandait ce que j’attendais pour écrire sur l’histoire de ma famille», conte Gilbert Chassé. Après l’avoir convaincu de l’intérêt des gens de Sainte-Marie sur l’histoire de sa famille, il s’est mis au travail.

Le livre de 234 pages est d’abord venu tout d’un trait, un peu mêlé.

«Diane, ma femme, m’a perdu souvent. Je me levais durant la nuit pour écrire deux mots et ne pas perdre le souvenir qu’il m’était revenu», explique-t-il. L’écriture coule depuis la mémoire de M. Chassé, mais aussi auprès des autres membres de la famille et par l’entremise de sources généalogiques et historiques.

Son éditeur, Michel Jacques, du Trèfle à quatre feuilles, a accompagné l’auteur dans la structure du récit. «Les Chassé en Beauce» est séparé en neuf chapitres distincts.

Chercher un avenir meilleur

Est-ce que l’esprit entrepreneurial des Chassé est un fil conducteur? Après un moment de réflexion, assis sur une chaise de patio, Gilbert Chassé finit par répondre: «à bien y penser, je crois que oui».

Cette transmission remonte même au tout premier de leurs ancêtres à venir en Nouvelle-France, Jean-François Chassey. Le jeune forgeron français s’embarque dans la contrebande de sel pour améliorer sa condition, mais il est victime de cette monarchie où la richesse est réservée aux nobles et aux amis du roi. Pris en défaut, on lui ordonne l’exil ou le cachot.

Quelques générations plus tard, Charles-Alexandre Chassé prend en charge la gestion du moulin seigneurial des Taschereau en 1877. «Il était tout qu’un homme de 300 livres. Il aimait démontrer sa force. C’était lui qui a fait les premières grandes transformations», montre Gilbert Chassé.

Cardage et boîtes à beurre

Son fils, Charles-Alphonse, prend la relève à l’âge de 16 ans et obtient un contrat de fabrication de boîtes à beurre qui formera la réputation des Chassé, à partir de 1935, l’entreprise a pris un virage quasi industriel.

L’un des moments remarquables du récit survient quelques années plus tard, au lendemain de la destruction par les flammes de l’usine en 1940. «Une délégation des gens de la paroisse vinrent rencontrer [Charles-Alphonse] pour lui offrir leur aide-bénévole pour la reconstruction du moulin. Une grande corvée s’organisa…»

L’expansion

Après les boîtes à beurre et le cardage de la laine. Les Chassé et leurs employés contribuent à l’effort de guerre. Ils fabriquent les boîtes pour le transport de la bière, des liqueurs et des munitions pour les soldats alliés outre-mer.

Deux décennies fastes succèdent à la Seconde Guerre mondiale. Les grossistes, producteurs de volailles, de pommes et de tabacs s’approvisionnent en boîtes à l’entreprise de Sainte-Marie, tandis que la production textile en arrache un peu avec la vive concurrence et une difficile clientèle pour ses couvertures de lit. «Nos employés ont toujours été là. C’était un sentiment d’appartenance incroyable», se rappelle Gilbert Chassé.

Innovation dans le géotextile

Les années 70 sont le théâtre d’un succès dans la fabrication de palettes et de bois de sciage et c’est en 1967 que Germain, Gilbert, Marcel et Richard Chassé fondent Texel. «J’étais assis à mon bureau et j’ai eu l’illumination qu’il y avait de l’avenir dans le textile non tissé aiguilleté», se remémore Gilbert Chassé.

Cette intuition était bien fondée. Après trois expansions, la pionnière des géotextiles conquiert les marchés et son succès attire les acheteurs. N’ayant pas de relève prête, Texel est vendu à deux investisseurs de Québec en 1987.

Héritage

La fin du livre décrit en de courts passages les dernières générations. Il n’est pas fait mention des circonstances de la fermeture du moulin, dans la foulée de la crise économique de 2008. Le site du moulin Chassé sera vraisemblablement transformé en un quartier résidentiel. Gilbert Chassé espère qu’un parc sera érigé à proximité de la rivière.

Le lancement du livre a lieu à 19h le jeudi 28 septembre à la Bibliothèque Honorius-Provost. Il est en vente dans les pharmacies de Sainte-Marie et de Beauceville, ainsi qu’en format électronique à l’adresse suivante: www.leschasseenbeauce.com