Le talent beauceron en vedette à Grenoble
CULTURE. Une dizaine de personnes de la région se sont récemment rendues en Europe afin de présenter une pièce de théâtre à Grenoble dans le cadre de la 35e Rencontre du Jeune Théâtre Européen, à l’invitation du Centre de création et de recherche et des cultures (CRÉARC).
Les membres de la troupe La Meute se sont rendus sur place y interpréter la pièce « Joyeux Noël Rimbaud » et en étaient à une troisième visite du genre à Grenoble, après une première invitation en Roumanie. La pièce a été écrite par le metteur en scène de la troupe, Philippe Gobeil et son complice, Martin Jr. Pelletier. « C’est notre deuxième co-écriture ensemble, et nous avons des gens de plusieurs horizons, dont la majorité est de la Beauce. »
Si la pièce traite d’un sujet délicat, la troupe a son style bien à elle et a néanmoins reçu un bel accueil des gens présents sur place, raconte M. Gobeil. « Nous avons développé notre style avec les années. Nous faisons ce que l’on appelle des comédies grinçantes, c’est-à-dire que notre humour fait rire les gens, mais un rire jaune. Il y a un malaise constant. On aborde des sujets de manière assez frontale. Notre dernière pièce se passait dans un salon funéraire, alors que celle-ci est dans un party de professeurs où c’est Noël. »
M. Gobeil s’attendait toutefois à des commentaires positifs, sachant fort bien que le sujet abordé en ferait sourciller quelques-uns. « Mon personnage arrive au début et ça prend un malaise dès le départ, alors j’arrive à mon party de professeur avec mon nouveau conjoint, qui est mon ancien élève et qui a 18 ans. Mon personnage en a 38, alors ça crée un certain froid, surtout que l’année précédente, il était dans les classes et tous mes collègues lui ont enseigné. Le problème aussi est que mon personnage était marié et que mon ex-conjointe est à la soirée, puisqu’elle est aussi enseignante. Le regard des autres sur cette relation devient le centre de la pièce », explique-t-il.
Il ajoute que le rapport d’autorité devient aussi une thématique abordée lors de la représentation. « C’est la relation du professeur et son élève, un majeur avec un mineur. On essaie de faire semblant que tout va bien, sauf que certains vont prendre le parti de mon ex-conjointe, d’autres de l’élève, d’autres ne sont pas d’accord du tout ou ne veulent pas être mêlés à cette histoire. On touche à des sujets sensibles. »
La troupe La Meute a été créée en 2008, alors qu’il était enseignant dans une école secondaire de Québec. C’est à son retour en Beauce qu’il a choisi de le faire. « Je venais de recommencer à faire du théâtre et j’ai pris la relève d’Aline Carrier à Sainte-Marie, qui m’avait donné une super formation à l’époque, comme elle l’a fait avec plusieurs autres, dont Fabien Cloutier, Guillaume Cyr, Mélissa Lefebvre ou Nicolas Létourneau. »
L’objectif de réunir ses meilleurs étudiants issus de la région lui a fourni une belle opportunité. « Nous nous étions rencontrés à Québec et leur ai demandé où ils se voyaient dans deux ans. Chacun avait différents projets et moi, c’était celui d’être en Roumanie. Le projet a été créé comme ça. »
À titre de metteur en scène, Philippe Gobeil a aussi été invité à donner des ateliers pendant le festival où un spectacle était monté en parallèle à celui de la troupe beauceronne. Il a ainsi pu côtoyer une vingtaine de comédiens de partout dans le monde, à l’invitation des organisateurs. « Les rencontres du jeune théâtre européen, ce sont des jeunes âgés de 20 à 35 ans à peu près qui se retrouvent là-bas. J’avais 24 comédiens sous ma gouverne, des gens du Luxembourg, de la Pologne et de l’Angleterre et même de la Belgique. Alors nous avons monté un numéro que nous avons présenté en français, en anglais et dans le langage des signes. C’était très éclaté et nous l’avons fait dans les rues de la ville à la fin du festival. »
M. Gobeil souhaite maintenant voir la pièce être présentée ici en Beauce, possiblement à l’automne. « J’aimerais beaucoup. C’est une coproduction avec un ami français qui doit venir ici dans quelques semaines et on souhaitait qu’il y joue. Il y aura trois représentations à Québec. Nous avons déjà présenté des pièces de La Meute chez Ovascène dans le cadre des volets consacrés aux talents locaux et j’aimerais beaucoup inviter les gens d’Ovascène et des Amants de la Scène pour que ce soit le cas, surtout que nous avons eu des commentaires plus que positifs, au-delà de ce que nous attendions. »