Isabelle Veilleux: la Columbo des objets anciens
Au coeur de son univers de travail, à l’abri des regards, Isabelle Veilleux est entourée d’objets du passé. Sa mission est de leur prêter vie. À ce titre, elle est ni plus ni moins le Columbo du Musée Marius-Barbeau de Saint-Joseph.
Responsable des collections et de la conservation, Isabelle Veilleux veille sur quelque 40 000 articles qui, chacun à leur façon, témoignent des métiers, du savoir-faire et de l’histoire de la région. «C’est un univers où on apprend tous les jours », relate celle qui exerce sa profession depuis maintenant 15 ans.
L’objet qui entre au Musée, poursuit-elle, est d’abord pourvu d’une fiche technique, mais il est essentiel d’en savoir plus. À qui et à quoi a-t-il servi? Quand était-il en usage? Quelle est son histoire autant ici qu’ailleurs dans le monde? Voilà autant de questions auxquelles Isabelle Veilleux se donne le mandat de répondre à travers ses enquêtes. Car toutes ces pièces qui reposent dans les réserves du Musée doivent être documentées si on veut, éventuellement, les intégrer à une exposition.
Quand le mystère plane
À travers le processus de recherche, Internet favorise la connaissance et certains ouvrages de référence deviennent de véritables bibles. N’empêche que des articles sont parfois entourés d’une aura de mystère.
Tel fut le cas, par exemple, d’un objet composé de lanières de cuir et de métal qui, à un certain moment, a abouti au Musée. «On arrive à développer un instinct et je me disais que cette pièce avait un rapport avec les animaux.» Or, cela ne constituait pas une certitude.
L’apport des collectionneurs peut s’avérer très précieux dans de telles situations. En prêtant l’objet en question à l’un de ceux-ci lors d’une exposition qu’il avait organisée, un visiteur a réussi à l’identifier. Il s’agissait d’une œillère que les agriculteurs d’un autre temps utilisaient pour empêcher un bœuf ou un cheval de voir ce qui se passe à côté ou derrière lui.
Quatre ans de documentation
Isabelle Veilleux qui a baigné dans l’univers de l’ancienne Céramique de Beauce pendant au moins quatre ans, à la suite de dons importants et de la préparation d’un livre par un trio d’auteurs, relate : «Je suis tombée là-dedans comme Obélix dans la potion magique.» Heureusement, les donateurs sont souvent des gens spécialisés dans leur collection et en plus, le réseau de contacts lié à la défunte entreprise joseloise a concouru à parfaire la connaissance de sa production.
Plus qu’un chapeau
Malgré son travail de moine, Isabelle Veilleux porte d’autres chapeaux. Elle participe au montage des expositions et elle fait aussi de l’animation auprès des collectionneurs.
Depuis une dizaine d’années, observe-t-elle, les émissions de télévision sur les antiquités ont eu un effet positif. « Les particuliers portent un œil plus attentif aux objets qu’ils possèdent et ils cherchent davantage à les documenter. »
Après 15 années passées à butiner d’un objet à l’autre, Isabelle Veilleux a décidé de visiter un autre jardin. Elle quittera son poste à la fin de septembre pour explorer d’autres voies qui continueront toutefois d’alimenter sa passion : celle de faire parler les objets.