L’humour pour dompter les conducteurs délinquants
Certains conducteurs pensent encore qu’ils vont gagner du temps s’ils roulent à vive allure sur la rue Principale de Sainte-Hénédine. Ils font alors fi des limites de vitesse et de la sécurité des piétons et appuient sans vergogne sur le champignon. Pour des résidents, cette situation a assez duré.
C’est ainsi que depuis le 30 avril, six pancartes humoristiques ont été ajoutées à l’orée du chemin afin de rappeler aux usagers de la route de ralentir lorsqu’ils sont toujours au cœur du village.
« Nous avions eu une rencontre avec le maire, mais il ne peut rien faire parce qu’il s’agit d’une route provinciale. Il ne pouvait rien, mais là, on est chez nous! », a expliqué Claude Lapointe, l’instigatrice du projet.
Au début, elle avait installé une pancarte qui présentait des tortues. Touchée par l’idée mais d’avis que celle-ci était peu visible, son amie Anne-Marie Vachon lui a conseillé d’aller voir leur autre amie Wendy Murphy, laquelle a quelques talents en dessin et, qui plus est, s’occupe d’une garderie sur la rue Principale.
« Voitures, tracteurs, semi-remorques… Ça roule vraiment vite. Et s’il fait beau, c’est encore pire », a continué Mme Vachon. Elle note par ailleurs la forte présence d’enfants et de personnes âgées dans ce secteur, où la vitesse excessive n’a rien de rassurant. Les trottoirs non déneigés pendant l’hiver n’améliorent pas la situation pour les résidents, qui doivent alors marcher sur le bord de la rue.
« Ça fait longtemps que la vitesse est un problème. Les panneaux “Maximum 50”, les automobilistes y sont trop habitués et ne les voient plus. Les pancartes sont plus drôles. Tout passe mieux avec l’humour », a commenté Wendy Murphy.
Eddy Labrecque, membre du voisinage, a tenu à ajouter qu’il y a environ deux ans, une petite fille qui attendait l’autobus s’est fait frapper par une voiture. « Je vais l’avoir longtemps sur la conscience. […] Si les conducteurs avaient un enfant qui vit ici, ils réagiraient de la même façon que nous », dit-il, en demandant aux personnes concernées d’avoir la vigilance nécessaire. M. Labrecque a l’intention d’ajouter le geste à la parole en contactant prochainement les compagnies de transport fautives pour les sensibiliser.
Et ça marche!
Il est vrai qu’un certain nombre de conducteurs se sont montrés mécontents par l’initiative, mais semble-t-il qu’en général, la réponse est très positive. « En 24 heures, j’ai vu la différence », est satisfaite Claude Lapointe, en précisant que plusieurs lui avaient confirmé que les dessins leur faisaient vraiment réaliser qu’ils circulaient trop rapidement sur la voie publique.
À cette heure, six pancartes ont été installées et une septième est en préparation. Cette dernière prendra position sur le terrain d’une ferme située à proximité. De plus, Mme Murphy a informé qu’il y a même une dame de Saint-Isidore qui lui a demandé d’en faire une afin de sensibiliser les usagers de la route aux freins moteurs. « Ça fait boule de neige! », se réjouit en ce sens Anne-Marie Vachon.
À la municipalité, le directeur général et secrétaire-trésorier Yvon Marcoux a souligné qu’une étude de la Sûreté du Québec avait révélé curieusement que les conducteurs les plus cavaliers sont en fait des parents qui vont mener leurs enfants à l’école.
Il juge également que la signalisation de Sainte-Hénédine est conforme. On tolère donc les affiches rigolotes pour le moment, mais il craint que le ministère des Transports ne voie pas les choses de la même façon. « S’il en pousse trop, ça pourrait occasionner d’autres problèmes. Cacher la visibilité, ça ne serait pas mieux… »