Municipalités inondées: le pire est derrière, malgré d’autres précipitations

Malgré plusieurs dizaines d’autres millimètres de pluie attendues dans certaines régions ayant déjà été fort arrosées, les autorités en matière de sécurité civile ne s’attendent plus à des crues aussi importantes que celles observées lundi.

Mardi après-midi, des inondations majeures étaient toujours à déplorer dans la Rivière des Outaouais, à la Baie Quesnel et dans la Rivière du Nord, à un peu moins de cinq kilomètres en amont du pont du Canadien National dans le secteur Saint-Jérôme.

Une dizaine d’autres cours d’eau étaient toujours considérés comme en inondation moyenne et près d’une vingtaine d’autres en inondation mineure. La sécurité publique effectue cependant une surveillance.

Du côté d’Environnement Canada, quelques régions sont encore touchées par un avertissement de pluie.

Dans le secteur Baie-St-Paul, déjà touché par de puissantes inondations, de 10 à 20 millimètres de pluie sont encore attendus d’ici mercredi soir.

«Au cours des dernières 36 heures, ce secteur a reçu entre 70 et 100 millimètres de pluie, possiblement un peu plus dans les endroits montagneux, ce qui explique le gonflement de la rivière à cet endroit. C’est vraiment concentré là et un peu plus au nord, vers Saint-Urbain», explique André Cantin, météorologue chez Environnement Canada.

Dans le secteur Lachute et Saint-Jérôme, de 15 à 30 millimètres de pluie devraient tomber d’ici mercredi soir, le tout accompagné d’un risque d’orage en après-midi, mardi.

«Dans les Laurentides et Lanaudière, on a reçu depuis le début de la fin de semaine entre 50 et 75 millimètres, et il y a une bande d’averses, située présentement juste à l’ouest de la région métropolitaine, qui va se déplacer au cours de la journée pour atteindre [ces deux régions] au cours de l’après-midi et de la soirée», ajoute M. Cantin.

Un total de 30 à 50 millimètres de pluie devrait aussi s’abattre sur le parc Forillon et dans le secteur de Gaspé, indique Environnement Canada, qui prévoit aussi des précipitations de 20 à 30 millimètres dans le secteur de Sept-Îles et de Port-Cartier.

Le pire est toutefois derrière, affirme Joshua Ménard-Suarez, conseiller en sécurité civile au ministère de la Sécurité publique.

«La situation devrait se stabiliser, indique-t-il en entrevue téléphonique. Dans la région de Lanaudière, ce sont des cours d’eau qui réagissent très rapidement. Quand il y a des précipitations, le niveau et le débit de l’eau augmentent très rapidement, mais l’inverse est aussi vrai. La décrue peut être très rapide.»

Ainsi, le beau temps attendu en milieu de semaine devrait permettre aux rivières de retourner dans leur lit, même si la pluie qui pourrait continuer de tomber ralentira le processus. «Le plus gros des précipitations est déjà tombé; ce sera peu par rapport à ce qu’on a reçu, et ce qu’on anticipe, c’est que les cours d’eau vont remonter un peu, mais pas autant que lundi», affirme M. Ménard-Suarez.

Plusieurs villes en état d’urgence

Selon le ministère de la Sécurité publique, les municipalités de Chertsey, Saint-Côme, Saint-Jean-de-Matha et Mandeville, dans Lanaudière, Fort-Coulonge, en Outaouais, et Baie-Saint-Paul, dans la région de Charlevoix, ont décrété l’état d’urgence locale, alors que d’autres municipalités ont initié leurs mesures d’urgence.

Vers 11h30, la municipalité de Saint-Côme, dans Lanaudière, a levé l’avis d’évacuation lancé lundi aux résidants du Domaine Beaudry et du Domaine du Lac France étant donné la baisse du niveau de l’eau et la sécurisation du barrage du Lac King. De plus, la circulation est rétablie sur le rang 7.

«Hier [lundi], c’était impressionnant. Le niveau d’eau est monté tellement vite!» commente en entrevue téléphonique Mariève Paradis, copropriétaire d’Ascension sport.

La mère de famille indique qu’il y a à peine une semaine, «il y avait environ un pied et demi de neige dans la cour, et là, plus rien».

«Ce sont vraiment les grosses chaleurs des dernières semaines et la pluie qui ont fait monter le niveau d’eau rapidement, poursuit-elle. C’est du jamais-vu: même le maire a dit qu’il n’avait jamais vu ça, que des gens habitent dans ce secteur-là depuis plus de 50 ans et que ça n’était jamais arrivé!

«Je suis à dix minutes maximum du village, commente pour sa part Chantal Arseneault. Je ne peux pas aller faire l’épicerie ou d’autres commissions à moins de faire un gros, gros détour, les rues sont vraiment… Il y a des endroits séparés en deux.»

Selon Stéphanie Forest-Lanthier, directrice régionale de la sécurité civile pour Montréalet Laval, en renfort à sa collègue des Laurentides et Lanaudière, environ 90 résidences sont inondées et 300 autres isolées, et ce, dans chacune de ces régions où 30 et 19 municipalités ont été respectivement touchées. Plus d’une centaine de personnes auraient aussi été évacuées.

«Tout le monde est vraiment vigilant, explique Mme Forest-Lanthier. On fait la tournée des municipalités, où les gens déploient des mesures de sécurité.»

Le principal défi demeure la fermeture d’une centaine de routes, inondées ou endommagées. «On demande à la population de respecter les consignes et les points de contrôle qui sont là pour assurer la sécurité», précise-t-elle.

Bel élan de solidarité

Si Mme Paradis n’est pas sinistrée, elle a tout de même passé l’après-midi de lundi à remplir des sacs de sable pour venir en aide à des personnes susceptibles d’être inondées par la crue des eaux.

«Après on est allés faire le tour au village pour voir si des gens avaient besoin d’aide, raconte Mme Paradis. Il y a vraiment un bel élan de solidarité. Beaucoup de gens offraient leur aide ou même leur chalet gratuitement pour des sinistrés. C’est beau à voir.»

C’est le cas de Chantal Arseneault, qui a publié une annonce pour offrir son habitation locative à des sinistrés, mais personne n’avait levé la main.

En point de presse, le premier ministre François Legault a indiqué que la ministre responsable de la région de Lanaudière, Caroline Proulx, était sur le terrain pour venir en aide aux sinistrés.

Il a par ailleurs invité à la prudence tous les Québécois demeurant dans des municipalités inondées ou à proximité d’un cours d’eau.

«Le mot d’ordre, c’est sécurité. Ça peut être puissant l’eau et le courant quand ça se déchaîne. Il ne faut pas prendre de risque inutile et il faut s’assurer que tout le monde soit en sécurité et qu’on se tienne loin de ces endroits-là. Je demande à toute la population d’être prudente», a-t-il déclaré.

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Cette dépêche a été rédigée avec l’aide financière de la Bourse de Meta et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.