Victime de violence conjugale: il faut que les femmes portent plainte

Depuis que Marylin Huet de Saint-Georges a mis en ligne une vidéo où elle raconte qu’elle a été victime de violence conjugale et qu’elle encourage les femmes à porter plainte si elles subissent le même sort, plus de 900 000 personnes l’ont visionnée.

C’est lorsqu’elle a reçu une lettre lui mentionnant qu’elle devait se représenter en cour prochainement que Marylin Huet a réalisé une vidéo afin de sensibiliser le plus de victimes de violence conjugale possible.

La jeune mère de famille ne s’attendait pas à ce que cela prenne autant d’ampleur. «J’ai été tellement surprise. J’ai aidé beaucoup de femmes déjà, dont une de la Belgique. J’ai essayé de tout faire pour l’aider à mettre fin à sa relation et il y a quelques jours, elle m’a annoncé qu’elle a quitté son conjoint. Même ses parents m’ont contactée pour me remercier», explique Mme Huet qui a déjà reçu des centaines de messages de partout à travers le monde.

Avec sa vidéo, elle encourage les femmes à dénoncer leur agresseur tout en essayant de leur donner des ressources pour les aider. Si elle a choisi de raconter son histoire publiquement, c’est pour que les victimes puissent s’identifier à elle. «C’est bien beau écrire de porter plainte, mais si les victimes ne s’identifient pas à moi, elles ne m’écouteront probablement pas. Je l’ai vu comme ça; donc j’ai parlé de moi pour que le message passe mieux», indique Marylin Huet.

Toujours en liberté

Depuis quatre ans, Marylin Huet essaie d’oublier et de passer au travers cette épreuve de la vie. «Comme ce n’est pas terminé, ça reste toujours là». Son ancien conjoint sera de retour en cour le 31 mars prochain pour la suite des procédures. En attendant, il est toujours en liberté. «C’est très difficile pour la famille, mon conjoint et mes parents surtout. Eux l’ont vécu, ils ont essayé de me sortir de là». Pour Mme Huet, c’est la peur, encore aujourd’hui. Et peut-être que ce sentiment ne s’en ira jamais complètement. «On reste vraiment marqué de ça».

Une erreur

Marylin Huet l’avoue, elle a commis une grosse erreur. Son ex-conjoint, elle l’aimait, le défendait, trouvait des excuses. Elle a caché ses blessures sous des vêtements longs plusieurs fois. «On devient tellement dépendant de cette personne-là et on n’a plus aucune estime de nous-mêmes. Il nous manipule et on n’est plus capable de partir. Il a fallu que je me rende au fond du baril et que j’aie peur pour ma vie. Pourtant, il y avait eu d’autres événements graves qui sont arrivés avant», se souvient-elle.

«J’étais consciente que je vivais de la violence et les policiers sont venus souvent à la maison. Les voisins qui entendaient appelaient et mes parents les ont envoyés aussi, mais j’étais prise dans cette dynamique-là».

C’est le 21 mars 2012 que les événements tragiques ont eu lieu. La chicane a dégénéré au point où l’homme a voulu l’enfermer dans le coffre de sa voiture. «J’avais déjà été dans le coffre avant et je ne voulais pas y retourner. J’ai donné un grand coup de pied; je suis partie à la course et je me suis enfermée dans mon auto. Il est parti à ma poursuite et c’est en conduisant que j’ai appelé le 911».

Une nouvelle vie

Par la suite, les policiers l’ont escortée pendant quelque temps dès qu’elle sortait. Elle a déménagé plusieurs fois. Elle a cependant refusé de rester dans une maison pour femmes violentées. «Je ne me sentais pas à ma place. Je me disais que ce n’était pas pour moi, que ce n’était pas aussi grave».

Elle a été mise en contact avec le Cavac (Centre d’aide aux victimes d’actes criminels) qui lui a proposé un suivi psychologique, mais à cette époque, Marylin Huet n’était pas prête. «Je voulais juste oublier. Je me disais, ça va faire son temps et ça va aller mieux. Mais aujourd’hui, on dirait que je commence à ressentir le besoin de parler».

Malgré toutes ces épreuves, Marylin Huet a réussi à refaire sa vie. Elle a un nouveau conjoint et deux jeunes enfants. Elle souligne d’ailleurs que celui-ci a été très patient et compréhensif avec elle puisqu’elle a mis beaucoup de temps à faire de nouveau confiance à quelqu’un.