Un mariverain en Ukraine

Des cadets de Sainte-Marie aux camps d’instruction ukrainien, le major Turmel partage son histoire militaire, riche en aventures.

«J’ai fait partie d’un bataillon déployé en Ukraine par l’OTAN (Organisation du traité de l’Atlantique nord)», raconte le major Bruno Turmel.

Deuxième plus haut gradé au sein du contingent canadien, il occupait le poste de commandant adjoint pendant les sept mois de la mission. Le 2e et le 3e bataillon de Valcartier se sont retrouvés près de la ville de Lviv, à des centaines de kilomètres du front russo-ukrainien.

De janvier à août 2016, le rôle du major consistait à coordonner avec les Américains, les Européens et les Ukrainiens, l’instruction dispensée aux officiers et soldats ukrainiens

Formation diversifiée

Le major Turmel coordonnait six lignes d’opération. Chacune d’entre elles était dédiée à un type d’instruction particulier.

Les officiers canadiens de la première ligne d’opération formaient les instructeurs sur les tactiques militaires de base au sein de petites unités (moins de 10 personnes). «On s’assurait que leurs techniques de tir, de déplacement et de communication reflétaient la culture militaire de l’OTAN», décrit le major.

Une ligne était dédiée aux explosifs et comment désamorcer les bombes enfouies des champs de mines. Une autre équipe canadienne avait l’immense tâche de réinstaurer la police militaire, qui avait complètement disparue. Le gouvernement ukrainien l’avait démobilisée après le renversement du régime ukrainien prorusse. Les Canadiens ont aussi mis à jour les connaissances des officiers dans le domaine de la logistique (transport, communication et ravitaillement).

 «Les ukrainiens ont très apprécié l’instruction des premiers soins de combat. Grâce à l’expérience qu’on a développé en Afghanistan, les canadiens leur ont montré comment bien réagir dans des situations où il y a des blessés», décrit Bruno Turmel.

L’écrasement du Vol 17 de Malaysia Airlines en 2014, abattu par un missile séparatiste prorusse, a entraîné la création de la quatrième ligne d’opération consacrée à la sécurité d’un site lors d’un écrasement.

Réussite

Le bataillon canadien a formé un grand nombre d’Ukrainiens pendant leurs séjours de sept mois. Sous leurs ordres, des centaines d’Ukrainiens s’alternaient tous les 55 jours afin de compléter leurs formations militaires. « Cette mission était carrément différente des cinq autres auxquels j’ai participé », décrit le major Turmel. «Les cinq missions précédentes comportaient un risque accru de danger.»

Casque bleu

L’incroyable expérience du major a débuté en 1993. Il est expédié pour une première mission en dehors du pays où il joint les forces de l’ONU, arbitrant la guerre de Bosnie-Herzégovine. « Tous les fronts bougeaient», se rappelle-t-il. «Notre travail consistait à escorter des convois».

Plaques balistiques sur le corps et casque d’acier sur le crâne, Bruno Turmel devait rester toujours aux aguets. La protection des convois humanitaires n’était pas une tâche de tout repos dans ce conflit où les tensions ethniques s’étaient accentuées.

Le major a par la suite assuré la sécurité et le calme dans les rues de Port-au-Prince en 1996, ville où la grogne de la population à l’égard de ses institutions menaçait les réformes économiques du pays. De fil en aiguille, Bruno Turmel a progressé dans la hiérarchie militaire. Il est retourné une deuxième fois en Bosnie et a également participé à deux missions en Afghanistan à titre d’officier.

Beauceron fier

La petite histoire du major a commencé en 1988 lorsqu’il s’est joint aux forces canadiennes dans le bataillon d’infanterie de Valcartier. Sa passion pour le service militaire a sans doute débuté ici à Sainte-Marie, au sein des cadets, puis en tant que réserviste à Beauceville. Le major a toujours un profond attachement à son patelin d’origine. Il a l’intention de prendre sa retraite des forces bientôt,  retourner vivre à Sainte-Marie et rénover la maison qu’il possède toujours.