Un District de la construction innovante à Sainte-Marie ?
INDUSTRIES. Développement économique Nouvelle-Beauce travaille depuis quelques années à doter la région d’une zone d’innovation qui aurait pour mandat de soutenir les entreprises de l’industrie de la construction afin qu’elles innovent davantage et intègrent de nouvelles technologies pour demeurer concurrentielles, tout en développant de nouveaux marchés.
Le District de la construction innovante (DCI) pourrait ainsi s’implanter à Sainte-Marie d’ici 2025, et regrouperait, sous un même toit, des chercheurs et des professionnels du secteur de la construction et des acteurs financiers pour développer des projets en collaboration, explique Marlène Bisson de Développement économique Nouvelle-Beauce.
Les premières discussions sur le sujet remontent à 2020. Au départ, le projet était évalué à quelque 20 millions de dollars. « Ça fait plusieurs années que l’on travaille là-dessus. C’est une infrastructure qui va permettre d’abriter un laboratoire en automatisation et robotisation pour le secteur de la construction, un autre en acoustique et un espace à bureaux, mais aussi des salles pour mobiliser des partenaires de la recherche et des entreprises. On veut créer un écosystème d’innovation au niveau de la région. Regrouper des gens ensemble va permettre de gagner du temps, les coûts et diminuer le risque du même coup. »
Mme Bisson indique que l’organisme a été approché dans le passé par un professeur-chercheur de l’Université Laval qui avait des projets dans le secteur du bois avec certaines entreprises, mais n’avait pas d’installations pour le faire. Le programme des zones d’innovation venait aussi d’être lancé par le gouvernement du Québec. « Le ministère nous avait alors répondu que notre projet ne rayonnait pas assez, sauf qu’ils l’ont jugé intéressant. On l’a retravaillé à leur demande. »
Pourquoi la construction ? Mme Bisson répond que la région de Chaudière-Appalaches est l’une des régions où l’on retrouve le plus grand nombre d’entreprises œuvrant dans la deuxième et la troisième transformation du bois. « Nous avons certains transferts technologiques chez nous et une infrastructure du genre leur permettrait d’avoir des projets qu’ils ne sont pas en mesure de réaliser par eux-mêmes. Plusieurs entreprises sont des fabricants de composantes dans ce domaine et c’est un secteur assez traditionnel où nous avons certains retards sur ce qui touche l’intégration de certaines technologies, notamment l’automatisation. Il faut que nos entreprises intègrent de nouveaux procédés pour développer de nouveaux marchés », fait-elle valoir.
Innovation et performance
Le District de la construction innovante travaillerait sur trois axes en particulier, précise Mme Bisson. « Dans un premier temps, tout ce qui implique les procédés et processus, les nouveaux matériaux et nouveaux produits, de même que celui de la performance. On voit de plus en plus de produits hybrides et autres avec le développement durable, la performance énergétique, l’acoustique dans les bâtiments pour absorber le bruit et autres. De nouvelles normes sont sur le point d’arriver dans ce domaine et on voit beaucoup de potentiel. »
Elle ajoute que les entreprises d’ici et même d’ailleurs au Québec font face à plusieurs défis et certaines cherchent de nouvelles opportunités. Le manque de main-d’œuvre est une chose. Les retards au niveau de certaines technologies en sont un autre. « Il se fait des gains dans les usines, mais on aimerait aussi voir des gains au niveau du temps passé sur les chantiers. On voit aussi davantage de constructions intégrées arriver sur le marché, mais elles proviennent de l’étranger. Quand une entreprise polonaise arrive chez nous, ça indique que nos entreprises doivent prendre un virage. »
Certaines entreprises de la région font déjà de la recherche à l’interne, sauf que plusieurs ne connaissent pas les ressources pour le faire ou ce qui se fait déjà ailleurs, un autre argument en faveur d’une telle infrastructure, martèle Marlène Bisson. « C’est un projet ambitieux, mais nous sommes convaincus que la compétitivité de nos entreprises manufacturières, œuvrant dans le secteur de la construction, passera par l’automatisation et la robotisation ainsi que par le développement de produits et/ou de solutions innovantes. Nous sommes à une époque où le développement durable est monnaie courante. La valorisation, tout ce qui touche à l’économie circulaire et la performance sont devenus des incontournables. Nous avons déjà une certaine programmation de recherche de prévue pour ces installations. »
Développement économique Nouvelle-Beauce déposera son projet à la fin de février et advenant une réponse positive dans les prochains mois, le complexe pourrait ouvrir en 2025. « On se donne un deux ans, suivant la réponse pour matérialiser le tout », ajoute Mme Bisson en terminant.