Toujours fière et autonome à 103 ans

SOCIÉTÉ. L’âge avancé d’Irène Longchamps ne l’empêche pas de cuisiner, faire son épicerie et monter les marches de sa demeure de Vallée-Jonction. 

Elle est née le 3 octobre 1914. Son anniversaire est un événement spécial, même pour ses arrière-petits-enfants. La dame vit seule, fière et autonome, dans sa maison blanche. Elle y habite depuis 71 ans.

Ouvrir la porte-moustiquaire de Mme Longchamps, c’est comme entrer dans une machine à voyager dans le temps. Le poêle à bois, la dépense, les armoires et le prélart nous font jurer qu’on est à une autre époque.

Ses trois filles, Nicole, Colette et Hélène sont assises en retrait, dans la cuisine. Leur mère, Irène, confie sa recette secrète de longévité et de santé. «Je pense qu’il faut toujours avoir quelque chose à faire et savoir s’arrêter quand on est fatigué», croit-elle. La vénérable compte trois machines à coudre autour de son lit, prêtes à l’emploi. «À quoi ça sert de les avoir, si je ne les utilise pas», justifie-t-elle d’un air amusé.
En plus de la couture, Mme Longchamps tricote, cuisine et chante toujours. «Vers 19h, après la vaisselle, le voisin dit souvent: "c’est le concert qui commence"», ajoute Colette Longchamps.

Caverne d’Ali Baba

Sa santé exubérante et son cœur d’enfant font d’elle une personne exceptionnelle pour ceux qui l’appellent affectueusement «mamy Irène». Quand la famille se réunit chez elle, les plus vieux sont au rez-de-chaussée, tandis que les enfants jouent à l’étage supérieur, dans une pièce de débarras, surnommée la caverne d’Ali Baba. Irène Longchamps est assurément avec eux. «Elle prend sa petite voix de gamine et s’en va jouer avec eux», conte Hélène Longchamps.

Trucs d’arrière-grand-mère

Cuisiner sur son poêle à bois est un luxe que la dame âgée ne veut pas se passer; le hic, les bûches sont au sous-sol. «J’adore la chaleur du bois», avoue-t-elle.

Pour ce faire, elle a trouvé sa propre technique. «Je mets une bûche sur chacune des marches de l’escalier. Je les dépose dans une boîte en montant. Arrivée en haut, la boîte est pleine», sourit-elle. «Dans le temps des Fêtes, je le chauffe pour faire des pâtés et des beignes», explique Mme Longchamps.

Sortir et vivre

Ces victoires quotidiennes sont ponctuées de sorties avec ses filles. Elles l’amènent faire son épicerie, magasiner ou faire des sorties tel le tour de l’île d’Orléans. Ce n’est pas l’ennui qui tracasse Irène Longchamps, mais de ne pas pouvoir voyager autant qu’avant.

Dans un coin du salon, la photo de son 100e anniversaire est accrochée. On y voit le sourire d’Irène Longchamps au milieu de quelques dizaines de personnes. «Je n’ai jamais espéré ça, dit-elle. J’ai une belle famille. Ils m’aident beaucoup.»

Anticiper le foyer

La peur de tomber est omniprésente et «Mamy Irène» prend des précautions. Son fils lui a installé une rampe dans l’escalier et sa canne n’est jamais loin. «Mes jambes, je les aime beaucoup. Il ne faudrait pas que je me casse une hanche», susurre-t-elle.

«Tant que le cerveau va répondre», Irène Longchamps espère demeurer chez elle. Elle anticipe son passage dans un foyer de personnes âgées depuis un an. «Quatre de mes amies ont trouvé ça difficile. Tout chavire. C’est la perte des repères. Je pense qu’il manque d’activités dans les résidences.»

Une belle vie de vieillesse pour tous

«On défend son autonomie comme une tigresse», appuie Hélène Longchamps. Les sept enfants ont chacun leur tâche pour donner un coup de main à leur mère.

«Il y en a beaucoup de personnes âgées seules et qui s’ennuient. Je ne crois pas qu’on en fait assez pour ces personnes en tant que société. Une sortie de quille n’est pas assez. Ils doivent retrouver le bonheur de réaliser quelque chose ou de se sentir responsable», termine Nicole Longchamps