Tensions vives dans le bois de sciage
SCIERIE. L’Association des propriétaires de boisés de la Beauce (APBB) souhaite servir d’intermédiaire entre les propriétaires de forêts privées et les scieries. Ce changement de mission soulève des frictions au sein des membres.
La salle de réception du restaurent Le Journel était pleine le dimanche 30 avril pour l’Assemblée générale de l’APBB. Les membres de l’association se sont déplacés en grand nombre à Saint-Joseph-de-Beauce pour cette réunion. Les administrateurs y ont présenté les états financiers, le rapport annuel ainsi que les résultats du sondage lancé il y a quelques mois.
C’est ce dernier qui a soulevé le plus de discussions dans la période de questions qui a suivi la présentation.
«Nos parts de marché diminuent. Si on ne fait rien, ça serait néfaste» a dit Martin Ladoudeur, directeur général de l’APBB. Il résume ici la position du Conseil d’Administration (CA) sur mise en marché des billots provenant des 7500 membres de l’APBB.
Cette position du CA s’appuie en grande partie sur l’opinion de 85% des personnes sondées dans le dernier Bulletin mensuel.
«Le premier objectif serait de se sécuriser des parts de marché», a décrit Martin Ladouceur. «On veut développer une relation d’affaires avec les scieries.» À l’heure actuelle, tous les propriétaires de forêt en Beauce font directement affaire avec les scieries. Ils trouvent leurs transporteurs, négocient les prix et les livraisons de leurs bois de sciage.
Pourquoi changer?
Les propriétaires de forêts privées fournissent environ 18% du volume total de bois de sciage aux six plus grandes scieries de la Beauce. Ils ont le potentiel de fournir jusqu’à 26% du marché. «Il y a des tendances qui nous indiquent que notre part de marché peut diminuer dans le futur», explique Martin Ladouceur. «Il n’y a pas de statistiques ou d’indicateurs, mais il y a des facteurs comme la tordeuse des bourgeons de l’épinette, de la concurrence des producteurs des autres régions, de la forêt publique et des États-Unis dont il faut tenir compte.»
Types de rôle intermédiaire
L’APBB pourrait garantir des volumes aux usines, négocier le prix des billots, le prix du transport, le paiement aux membres, etc. Certaines de ses propositions rencontrent plus de faveurs que d’autres (voir le sondage).
Perceptions des membres
Plusieurs membres ont l’impression que le CA souhaite ajouter le le bois sciage au plan conjoint (le plan réglementaire de la mise marché) pour augmenter son financement et les cotisations.
«La pitoune de quatre pieds, c’est la vache à lait de l’association, vous ne l’avez plus et maintenant vous voulez en prendre plus dans nos poches», a dénoncé M. Baillargeon. Il y voit une façon détournée pour les administrateurs de financer l’APBB, qui a perdu des plumes depuis que les scieries n’acceptent plus le bois de pâte. «Vous êtes en train de détourner le débat sur le financement», a dit un autre. «L’industrie ne veut pas faire affaire avec un syndicat, Ils n’en veulent pas de plan conjoint», a répondu un autre au microphone. «À mon avis, on fait une grave erreur en associant le problème de financement avec la mise en marché», a critiqué Michel Doyon.
«Pour être juste ça devrait être le principe d’utilisateur-payeur», a encore soulevé M. Baillargeon, qui a été applaudi par plusieurs.
Défense de l’APBB
Martin Ladouceur a répliqué en décrivant le travail de représentation dans les dossiers des crédits de taxes foncières et l’atténuation des exigences dans les milieux humides. «L’idée ce n’est pas de prendre le modèle de la pitoune de quatre pieds et de faire la même chose dans le sciage», a ajouté Martin Ladouceur.
«Plus il y a de mise en marché collective, plus l’ensemble s’en sort mieux. C’est sûr qu’elle vient diminuer de petits privilèges individuels, mais quand on pense au sirop, ça l’a créé de la richesse», a jouté Paul Doyon.
Enquête lancée
L’Assemblée générale a finalement adopté une résolution qui avait pour objectif de démarrer une réflexion avec les partenaires du milieu sur le modèle de mise en marché.
«Je n’en ai pas de plan de match. Je veux bâtir avec vous un modèle économique beauceron», s’est défendu Éric Cliche, président de l’APBB dans un discours qui se voulait inclusif et rassurant.