Rivière Chaudière: nouvelle génération de pêcheurs

NATURE. La remise à l’eau des poissons est devenue la norme chez les plus jeunes d’entre eux. 

Jesse Dumas-Gonthier pêche depuis plusieurs années. Il entretient des amitiés avec une dizaine de pêcheurs et transmet sa passion en initiant les néophytes aux petites joies de la communion avec le poisson. On l’aperçoit assurément sur le bord de la Chaudière. à Notre-Dame-Des-Pins ou à Saint-Georges, lampe torche au front, une canne entre les mains.
«La pêche abusive n’existe plus vraiment», est-il convaincu. Il a remarqué un changement de culture chez les pêcheurs du bassin versant de la rivière Chaudière. «Il y a comme un conflit générationnel. Les plus vieux pêchent pour manger. Ceux que je connais, c’est différent, ils en remettent beaucoup plus à l’eau», explique-t-il.

Pierre-Luc Vachon parvient au même constat. Il travaille à titre de conseiller Chasse et pêche à la boutique Pronature Sainte-Marie. «Je pêche depuis que je sais marcher. Auparavant, les gens les gardaient tous», se rappelle-t-il. Lorsque son père l’a introduit à ce sport, tous les poissons étaient rapportés à la maison tandis qu’aujourd’hui c’est l’inverse.

La réussite d’une saine pratique

Ce changement de cap semble porter ses fruits. Même s’il n’existe pas de données pour l’appuyer, sur place, les pêcheurs ont le sentiment que les dernières années sont meilleures.

Par exemple, il y a le Maskinongé, réputé plus abondant dans la Chaudière. Le mastodonte atteint parfois des tailles de plus d’un mètre et peut peser plus de 10 kg. Les pêcheurs sportifs l’apprécient pour les combats parfois spectaculaires qu’il mène. «On n’a pas vu de spécimen de plus de 50 pouces depuis dix ans», affirme Pierre-Luc Vachon. Le pêcheur a tout de même remarqué une certaine reprise.

Le Maskinongé est un poisson très fragile. Il n’est pas rare de le remettre à l’eau et de le voir mourir dans les 48 heures suivantes. «La vessie natatoire, l’organe lui permettant de monter et descendre dans l’eau, est affectée dès qu’on met le poisson à la verticale», explique Pierre-Luc Vachon.
Pour s’assurer de sa survie, le combat ne devrait pas durer plus de quelques minutes et encore moins pour la sortie de l’eau. Mieux vaut avoir à portée de main sa pince, son appareil photo et son filet.

Autres poissons

Lorsqu’on détient un permis de pêche, la principale restriction à respecter sur la Chaudière concerne le Doré jaune. Le Ministère de la Faune, de la Forêt et des Parcs (MFFP) requiert la remise à l’eau des individus de 37 à 53 centimètres. «Cette mesure a paru à plein. Il y en a beaucoup plus qu’avant», convient Jesse Dumas-Gonthier.

La population de l’achigan à petite bouche remonte elle aussi peu à peu.
Les truites d’eaux vives se tiennent davantage dans les affluents qui se jettent dans la Chaudière. Elles aussi semblent avoir repris quelques écailles tels que le Bras-Victor.

Le secteur de la rivière Chaudière autorise d’avoir sur soi un maximum de six Achigans, six Dorés et deux Maskinongés.

S’accommoder d’une eau chaude et peu profonde

La Chaudière est un large affluent à faible profondeur, enclavée par plusieurs obstacles naturels et artificiels. En partant du fleuve, il y a trois éléments infranchissables, les chutes de la Chaudière à Charny, le barrage Sartigan à Saint-Georges et le barrage Mégantic au Lac du même nom. Les poissons d’eau douce ne se déplacent qu’à l’intérieur de ces écosystèmes. On y retrouve plusieurs dizaines d’espèces dont le Doré, le crapet de roche, la perchaude et la barbotte.