Quel avenir pour notre centre-ville en zone inondable?

COMMUNAUTÉ. Le cœur de Sainte-Marie perd des plumes tous les ans. Explication du phénomène.

La Banque Nationale déménage en octobre pour s’établir sur le boulevard Vachon, près du Super C. Le départ de cette institution financière suscite des interrogations sur l’avenir du centre-ville.

Quelles sont les causes de la dévitalisation de ce secteur?

Pour le directeur du Service d’urbanisme de la Ville de Sainte-Marie, Georges La Rocque, le principal facteur limitatif du développement est la zone d’inondation 0-20 ans décrétée par le ministère de l’Environnement, ainsi que son agrandissement en 2007. Cette zone recouvre une bande très large du centre-ville. Elle a pour effet de rendre plus difficile son développement à plusieurs égards.

La rénovation, les assurances et les prêts bancaires sont devenus excessivement ardus à obtenir. Ce qui a eu pour effet de réduire l’attractivité du secteur autant pour les résidents potentiels que les commerçants. «Si le propriétaire touche au solage, il est obligé d’investir beaucoup d’argent pour le mettre aux normes», prend comme exemple M. Larocque.

Le ministère de la Sécurité publique rachète les résidences du centre-ville directement à leurs propriétaires. Le gouvernement les démolit et le terrain est ensuite cédé pour un dollar à la ville, sans même qu’elle soit consultée. Au rythme de l’augmentation des inondations, le centre historique de Sainte-Marie ressemblera de plus en plus à une dentition avec des trous à la place des dents «Ça l’a été le début de la fin lorsque le gouvernement a mis des normes excessivement grandes», croit le directeur Georges La Rocque.

Est-ce que la rue Notre-Dame attire encore les nouveaux commerçants? Y a-t-il moyen de créer une vie de quartier?

Beauce Média a sondé une poignée de commerçants de la rue afin de mieux connaître la situation dans leur quotidien.

«Je crois éminemment au centre-ville. Je le trouve beau», ajoute Georges La Rocque.

Diversité des commerces

Plusieurs s’accordent pour dire que les salons de coiffure et d’esthétiques sont nombreux. On en retrouve près d’une dizaine sur la portion Nord de la rue Notre-Dame, parfois à quelques mètres l’un de l’autre.

Certains aimeraient voir s’établir un petit café, une épicerie ou une boulangerie pour ajouter de l’achalandage et une vie de quartier plus riche.

Ramener le marché de Noël

Il y a environ trois ans la ville de Sainte-Marie chapeautait un organisme dont les bureaux étaient situés dans l’ancienne caserne. Bien que ce n’était pas son mandat, la Société de développement économique mariverain (SDEM) engageait une ressource pour s’occuper d’activités telles que le marché de Noël, dont la dernière édition s’est tenue en décembre 2014. La Société servait aussi à faire le pont entre la ville et les commerçants. Cela permettait notamment de régler des embrouillaminis qui auraient pu couver.

Juan Labrecque de la Bijouterie Clermont Labrecque, Raymonde Couture de l’Institut du même nom et d’autres ont manifesté leur intérêt de ramener cet événement annuel. «Certains ne voient pas les retombées, mais cela ajoute à la notoriété et la visibilité d’un commerce», a dit M. Labrecque.

Gaétan Vachon, maire de Sainte-Marie, estime que ce n’est pas à la ville de s’en occuper. Si les commerçants souhaitent organiser un marché de Noël, la ville jouera le rôle de facilitatrice.

L’ère des bars presque terminée

Après l’incendie du Freddy’s en 2014, le Café Notre-Dame est devenu le dernier bar du côté nord de la rue, alors qu’on en comptait à l’époque cinq ou six. Il y avait l’Hôtel du Domaine, Houblon, Restaurant du Roi, Le Château, Grenier, etc.
La vie nocturne est peu à peu disparue depuis que Sainte-Marie a cessé d’autoriser les bars à proximité des résidences, il y a une quinzaine d’années.

Sophie Wu, gérante et propriétaire du Café Notre-Dame, a vu son chiffre d’affaires diminuer de moitié depuis 2011. Les nouvelles mœurs de la jeune génération et la réduction de la tolérance de l’alcool au volant à 0,05 milligramme par litre de sang pour les 22 ans et moins achèvent maintenant les derniers tenanciers.

Orientations de la Ville

Au cours de son mandat actuel, le conseil de Ville de Sainte-Marie se concentrera à améliorer un secteur qui n’est pas en zone inondable, l’ancien aréna Paul-Henri Drouin. L’événement Un été Shows à la Place du Château se déplacera à cet endroit dès l’été prochain.

«La Ville n’est pas prête à mettre 100 000$ au centre-ville pour que tout soit détruit à la prochaine inondation. Il faut vivre avec comme il est là. On va essayer de le garder le plus propre possible», a commenté Gaétan Vachon.

Dans un futur moyen-long terme, la Ville a dans ses cartons l’idée de transformer les terrains de l’ancienne usine Smucker’s en un accès à la rivière et un site ponctuel de camping pour les touristes de passage.

Les avis sont partagés à la suite de l’investissement de 2 M$ de la rue en un sens unique entre 2006 et 2008, lors de la précédente administration. Aux yeux de certains, la diminution de l’espace de stationnement qui en a résulté a causé du tort aux commerces. D’autres estiment qu’il n’y a pas eu de changements. «J’ai toujours dit que j’allais rester sur Notre-Dame. On est privilégié d’être ici. La vie est belle et c’est convivial», ajoute Raymonde Couture.