Pas évident de se retrouver handicapé
SAINT-JOSEPH. Se mettre dans la peau d’une personne handicapée, ce n’est absolument pas une sinécure.
Jérome Paré de Saint-Georges en a eu un bon aperçu mardi dernier au Carrefour Saint-Joseph. Il s’est entraîné à faire son épicerie dans une chaise roulante conventionnelle avec un petit panier sur les genoux. Il ne pouvait pousser celui sur roues; il lui aurait fallu quatre mains.
Première embûche : le jeune volontaire ne pouvait pas utiliser l’entrée intérieure de l’épicerie munie de poteaux de métal fixes. Il a dû franchir les deux séries de portes extérieures non automatisées. Heureusement, on l’a aidé!
Son entrée au supermarché s’est finalement faite sans encombre. Cette fois-ci, les portes s’ouvraient toutes seules.
Accès limité
Or, Jérome n’était pas au bout de ses peines. Des produits qu’il convoitait se trouvaient trop hauts sur les étagères ou les présentoirs. Au département de la boucherie, la sonnette était inaccessible. Jérome a dû tenter d’ouvrir les portes battantes pour avoir accès à un employé.
Après avoir parcouru la première allée du magasin, le panier du jeune homme était déjà plein. Jérome réfléchissait : Il lui en aurait fallu certainement un autre pour compléter ses emplettes. «C’est pas facile et ça va pas mal moins vite», constatait-il à l’issue de ce test. Et s’il avait eu le goût ou le besoin d’aller à d’autres commerces du centre d’achats, Jérome aurait une fois de plus été buté à des portes qui ne s’ouvrent pas automatiquement.
Cette simulation était offerte à quiconque voulait l’expérimenter. L’activité était sous l’égide de l’Association des personnes handicapées de la Chaudière. Elle se déroulait dans le cadre de la Semaine québécoise visant à sensibiliser la population aux problèmes que ces gens vivent au quotidien.
Quand on voit mal
En guise de deuxième épreuve, on pouvait essayer des lunettes et constater, par exemple, comment une personne souffrant de diabète sévère voit les objets embrouillés. Ne cherchez pas les tomates qui conviendront le plus à votre goût! À moins qu’elles soient plutôt jaunes, on discerne mal leur état de mûrissement.
Le pire, cependant, est la vue en tunnel, une affectation de naissance, explique Isabelle Côté, éducatrice spécialisée. Les objets qu’on regarde se présentent en séquences. Ainsi, on verra la partie supérieure d’une image, mais pas l’autre. Il faut déplacer son œil pour apercevoir le reste.
Apprende à s’intégrer
À Saint-Joseph, une douzaine de personnes handicapées fréquentent l’association. L’objectif est de favoriser l’insertion sociale. Mais tout se fait à petits pas, dit Aline Carrier, enseignante.
En plus d’étudier des matières de base, les bénéficiaires apprennent à s’estimer, à gérer le stress, à savoir communiquer et écouter. Car ce sont là tous des pré-requis dont ils auront besoin dans un milieu de travail auquel ils pourront éventuellement s’intégrer, mais toujours petit à petit.