L’oiseau croqueur de paysages
Vous avez sans doute vu l’une de ses publications sur les réseaux sociaux. L’homme de 62 ans partage régulièrement les images prises lors de ses vols. Le mois de novembre signe toutefois la fin des escapades du parapentiste à moteur, Jean Marie Fecteau. Sa voile rouge et jaune est rangée pour la saison froide. Le résident de Saint-Séverin n’a pas pour autant tabletté ses projets. Il a entrepris de monter un site internet qui répertorie les clichés qu’il prend du haut des airs.
D’où vient cet intérêt?
Les Fecteau sont une famille intimement liée à la navigation aérienne. Le Musée de l’aviation de Sainte-Marie regorge d’histoires sur deux pilotes célèbres, Thomas et Arthur, le père et le grand-oncle de Jean Marie. «J’ai commencé à l’âge que mon père a arrêté. C’est un rêve de jeunesse, mais je voulais sortir des sentiers battus», confie Jean Marie Fecteau.
L’idée de s’y adonner à son tour lui est venue à sa retraite. Il a obtenu sa licence d’ultraléger il y a quatre ans, à l’école Airpro Paramoteur de Saint-Apollinaire, la plus importante école au Canada.
«Je ne souhaitais pas voler un bureau (cabine), décrit le pilote. C’est le paramoteur qui te donne la plus grande sensation; aucun avion ne peut le faire. Tu sens tout ça dans tes jambes»
Pour être un bon pilote
Prendre des photos n’est pas son seul souci. Jean Marie Fecteau doit constamment rester aux aguets, régler le régime du moteur, ajuster la voile et écouter la fréquence radio de l’aéroport de Saint-Frédéric.
«Il faut avant tout être un bon juge de la météo, avoir d’excellents réflexes, en cas d’imprévus, et toujours suivre sa routine, affirme le retraité. L’idéal est de partir face au vent, après une heure, tu sais qu’il te reste assez d’essence pour terminer ta boucle et revenir.»
L’autonomie de son appareil de 45 livres est d’environ deux heures, en plus d’une réserve d’une demi-heure. «Mon père m’expliquait que chaque fois que tu décolles, il faut que ça te pogne dans les tripes, poursuit Jean Marie Fecteau. Tu dois toujours avoir cette crainte; sans elle tu peux faire une erreur.»
Il faut aussi connaître le territoire. Les endroits où atterrir sont nombreux entre Sainte-Marie et Notre-Dame-des-Pins. Par contre, dès qu’on s’éloigne de la vallée, il y a plus de forêts et autant moins d’endroits pour un atterrissage d’urgence. Jean Marie Fecteau remercie d’ailleurs les cultivateurs qui lui offrent généreusement leurs terrains.
Technique photométrique
L’immensité du ciel submerge les sens du parapentiste à moteur. Il y a tellement de choses à voir que le pilote ne sait plus où donner de la tête. Prendre des photos permet donc de sélectionner des morceaux du territoire et de s’y rapporter, quand les nuages clouent le pilote au sol.
Jean Marie Fecteau utilise une lentille grossissante de 70 à 200 mm avec une vitesse d’obturation de 1/2000 à 1/500 secondes et une ouverture f4. «Mes meilleures prises sont lorsqu’il y a le moins de turbulence», explique Jean Marie Fecteau.
Partager son privilège
Le site internet qu’il a créé et ses partages sur les réseaux sociaux sont une manière pour Jean Marie Fecteau de faire vivre le plaisir du vol aux autres, mais aussi de montrer la beauté de la Beauce.
L’effet des glaces dans le lit de la rivière, les bancs de sable des affluents de la Chaudière, les clochers d’église, le patrimoine bâti, les couleurs d’automne et les couchers de soleil sont autant d’éléments qui forment le Monet paysage. «C’est une région qui mérite à être mieux connue», ajoute d’emblée Jean Marie Fecteau.
Sur Google Maps, le pilote a référencé plus de 2000 images de la région. Elles ont cumulé, depuis leurs mises en ligne, huit millions de clics.
Tant que sa santé tiendra, le pilote retraité poursuivra son inachevable documentation des paysages beaucerons.