«Les entreprises de la Beauce souffrent»

ÉCONOMIE. Le recrutement est encore plus difficile qu’à pareille date l’an passé.

Depuis le mois de juillet, dire que c’est une crise est un euphémisme. Les postes à combler pleuvent par centaine en Beauce. «Les appels des entreprises ne lâchent pas depuis cet été. Il y a beaucoup d’entreprises en croissance. Ils ne sont plus capables d’attendre les délais. Ils ne peuvent répondre à leurs carnets de commandes», affirme Cassiopée Dubois, coordonnatrice de La Beauce Embauche.
Sur le terrain, dans son environnement immédiat, Mme Dubois compte 300 emplois disponibles dans une dizaine d’entreprises. Elle se rend au Nouveau-Brunswick et même en Ontario pour recruter des travailleurs. «Ce qui est difficile c’est que nous n’avons pas de résultats immédiats. Il faut les faire venir plusieurs fois pour qu’il finisse par déménager ici», explique-t-elle.

L’argument le plus convaincant pour faire venir de nouveaux visages en Beauce est celui du milieu de vie, ensuite vient le salaire. L’attractivité d’un emploi se mesure par la flexibilité de l’horaire, les à-côtés, tandis que celui d’une région correspond au coût de la vie, à l’accès à une éducation de qualité et aux services. Les postes de soudeurs, électromécaniciens, manœuvres ou machinistes sont presque aussi nombreux que ceux dans le domaine de la restauration ou de la santé.

Va-t-on voir la lumière au bout du tunnel? Cassiopée Dubois voit trois éléments à améliorer pour répondre à cette crise: régionaliser l’immigration, miser sur les innovations technologiques et rendre la Beauce encore plus attractive.

Immigration

Le nombre de personnes issues des minorités visibles, les réfugiés et les récents arrivés sont peu nombreux à choisir les régions. Ils ont plus tendance à choisir les grandes villes, afin de se regrouper à l’intérieur de communautés culturelles déjà établies. Ce qui est tout à fait normal, n’importe qui dans un nouveau pays cherche des gens qui leur ressemblent. «On n’aura pas le choix de trouver un moyen de les faire venir. La baisse démographique va s’empirer», ajoute Cassiopée Dubois. Le bulletin d’août du Marché du Travail d’Emploi Québec montre que la population active de Chaudière-Appalaches a diminué de 5,5% et le chômage de 46,2% par rapport à août 2016.

Services Boismax

L’usine de transformation du bois de Scott a une bonne idée des conséquences du manque de travailleurs. L’entreprise est obligée de réaménager l’horaire afin de réduire de 20% le nombre d’heures des quarts de travail, car il manque six employés à temps plein. Ils ont dû refuser les commandes deux nouveaux clients, sans compter d’autres demandes.

Restauration

Le propriétaire d’un restaurant de Saint-Joseph-de-Beauce cherche depuis deux ans à combler deux postes. «Depuis les 30 dernières années, je n’ai jamais vu ça. Les manufacturiers autour d’ici t’engagent tout de suite à la première rencontre.» Il mentionne aussi que les étudiants sont plus difficiles à trouver. Son commerce devra réduire ses heures d’ouverture et d’ex-employés à la retraite reviennent faire quelques heures lorsque de grands groupes réservent le restaurant.