Les chauves-souris de la sacristie

NATURE.  Un an plus tard, il ne resterait plus que le quart de la colonie de chauves-souris de la sacristie de l’église de Sainte-Marie.

Sur le côté sud de la sacristie, à près de 8 mètres au-dessus du sol, une petite fente s’y observe entre le mur de pierre et la boiserie. C’est par cet endroit que les chauves-souris sortent pour se nourrir à la tombée du jour. Il est possible de les observer 30 minutes après le coucher du soleil.

Il est difficile de dire depuis combien temps les chauves-souris y ont élu domicile. D’autant que le président de la Fabrique de Sainte-Marie, Raymond Beaudet, se rappelle, elles y ont toujours habité.

Le Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) est venu l’été dernier dénombrer la colonie. «Ils sont venus avec un appareil pouvant transformer les ultrasons en sons audibles à l’oreille humaine», raconte Raymond Beaudet. Ils ont estimé à cette époque qu’il y en avait moins d’une quarantaine d’individus. Un an plus tard, selon les deux relevés qu’a effectués Françoise Auger, passionnée de chauve-souris, il n’en resterait qu’une dizaine. Cette colonie de chauves-souris est d’autant plus importante qu’il s’agit d’une maternité.

«Il y en a beaucoup moins. Celles qui restent sont des grandes brunes. Elles ne sont pas affectées par le syndrome du museau blanc», explique-t-elle.

Le syndrome du nez blanc est un champignon qui a décimé la population des petites chauves-souris brunes en Amérique du Nord. Environ 90% de la population est morte de cette maladie. Les scientifiques  soupçonnent que la transmission s’est faite depuis la visite d’un spéléologue européen dans une grotte de l’état de New York, il y a quelques années.

Lors de l’inspection du Ministère, les biologistes ont trouvé des cadavres de petites chauves-souris brunes, une espèce en voie de disparition. Françoise Auger espère d’ici un an trouver du financement pour poser une caméra, organiser des activités de sensibilisation et mieux aménager la colonie de la sacristie. «Les chauves-souris sont très importantes pour l’agriculture. Elles permettent le contrôle des parasites et des insectes», dit Françoise Auger. Un article paru dans la prestigieuse revue Science a estimé que le syndrome du museau blanc a occasionné des pertes financières de 3,7 milliards de dollars aux agriculteurs nord-américains.

Mieux cohabiter

L’organisme «Chauves-souris aux abris» regorge d’une foule de renseignements sur comment cohabiter avec ces mangeurs de moustiques. Un répertoire d’observation de chauves-souris permet de connaître certains endroits où il est possible des observer. La Beauce compte plusieurs endroits répertoriés sur la carte.

Le Domaine Taschereau compte aussi faire sa part. Le parc aura sans doute l’année prochaine ses propres cabanes. «Nous allons en confectionner une ou deux pour la saison prochaine. À ce moment-ci dans l’année, ils ont déjà choisi leurs abris», explique Mirelle Gagné, stagiaire au Domaine Taschereau.

Pour les lecteurs qui ont des chauves-souris sous leur toit, il est possible de bien cohabiter avec ces mammifères volants sans danger.

Si certains propriétaires préfèrent s’en débarrasser, Françoise Auger suggère de boucher les entrées à la fin de l’automne, afin de ne pas enfermer les petites bêtes à l’intérieur. Pour pallier cette perte d’habitat, «Chauve-souris aux abris» offre des conseils sur la construction et l’installation de nichoirs à chauve-souris. Il est également possible d’en acheter dans les magasins Latulippe.